Ça sent le dernier jour
dès le lever. Lors du préparatif habituel, on sent bien qu’on fait ces gestes
devenus quotidiens pour la dernière fois. Benji, comme il l’avait fait pendant
l’Epopée, commence à négocier pour refiler ses bagages à une voiture, mais il
se fait houspiller par le reste de la bande et conserve son attelage.
Faby et Cyrille ont un
peu la gueule de bois. C’est ça quand les fragiles mettent le nez dans la
vodka !
On se retrouve au petit
déjeuner, avec une troupe toute aussi nombreuse que la veille mais bien moins
énervée. Les organismes sont un peu fatigués par la journée et la soirée
précédente. La bonne humeur est toutefois bien présente et on rigole déjà bien
en se régalant des croissants, pain et confitures. Lucas, un jeune sportif de Vendeuil,
nous a rejoint. Lui et Gabriel effectuent cette dernière étape avec nous. On
est donc 12 au départ de ce dernier jour d’Odyssée.
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Le dernier départ |
On a de la chance pour ce
dernier jour, il y a un soleil d’abord un peu timide, puis très très beau. On
démarre, comme toujours, par une montée. À vrai dire, il s’agit de la descente
sur laquelle on a fini la veille, donc un peu sauvage, et ça force à se
réveiller rapidement. Un peu plus loin, un peu avant la fin de la montée, on
voit Corentin qui saute de son vélo, le balance sur le côté et court dans un
fourré. Il avait un caca urgent à lâcher et son corps lui a commandé de ne pas
trainer. Ça nous fait bien rire, et un tel épisode mérite de figurer dans ce
compte-rendu.
On commence d’abord par
suivre véritablement la trace, et Francky nous annonce que selon lui (il a
repéré une fois avec Gabriel), ça va être compliqué de la suivre tout du long.
Le terrain est gras, mais on voit qu’on est sorti des Ardennes : la
bouillasse colle moins. Du coup, les montées dans la boue sont plus fun, il y a
du challenge à essayer de rester sur le vélo, sans pour autant paniquer pour le
matériel. On arrive ensuite au fameux endroit dont Francky nous parlait, et
c’est effectivement inondé. Le chemin n’est donc pas faisable. Heureusement, on
en trouve un autre, qui tortille entre les arbres et les flaques, et on s’amuse
beaucoup à le prendre avec un bon rythme, en s’amusant à esquiver ou traverser
les passages mouillés.
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De la boue plus rigolote |
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Y'a des grosse flaques, mais c'est de la rigolade |
On enchaine ensuite sur
des passages plus routiers. On passe proche d’un center parc, au bord d’un lac.
C’est très joli, alors on prend des photos. Benji s’offre au passage un nouveau
petit souci de porte-bagages, parce que ça faisait longtemps et que ce serait
dommage de finir trop pénard.
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Le center parc |
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Le lac |
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Il n'a pas l'air droit ton truc |
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bricole - bricole - bricole |
Puis on traverse de très
jolis villages, notamment celui de Chamouille. Dans ce dernier, il y a quelques
petites portions très raides et c’est dans l’un d’entre eux que Corentin force
comme un âne et casse sa chaine. Évidemment, il n’a pas de maillon attache
rapide, nous revoilà parti dans une opération dérivation ! Cette fois
c’est Sam et moi qui nous y collons, on fait ça assez rapidement dans la bonne
humeur (et en charriant copieusement Coco, évidemment).
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Ca sert à quoi une chaine ? |
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Regarde gamin, j't'explique |
On continue sur des voies
très carrossables, parfois avec des grosses flaques dans lesquelles les
frangins Dubois s’amusent à rouler. Moi je traine pas mal en queue de peloton,
je prends beaucoup de photos, quelques videos, parce que je sens bien que ça va
me manquer tout ça. À vrai dire, à part Francky qui a un timing à tenir (et qui, rappelons-le, est une force de la nature) et qui
exceptionnellement se place aux avant-postes, l’ensemble des Totalistes, même Sam et Benji pour une fois, a plutôt tendance à flâner en queue de peloton. Je
sens parmi nous une sorte de soulagement d’avoir pu arriver au bout sans
problème majeur, d’avoir su ramener tout le monde à bon port (ok j’anticipe un
peu, on n’y est pas encore, mais quasi), que le matériel, vélos et
porte-bagages, ait tenu. Bref, je sens comme un sentiment de légèreté et
d’envie de profiter tranquillement chez nos Totalistes.
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Le peloton, assez éparpillé |
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Les copains crétins |
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Laon, qu'on esquivera |
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Quatre lascards trainards |
En fin de matinée, un peu
avant d’arriver au resto, on se mange une grosse et longue montée sur bitume.
Là c’est rigolo car il y en a qui partent fort (Lucas incroyable, Sam toujours
en pleine forme, Benji aussi bien-sûr, Francky pas loin derrière, force de la nature), d’autres qui ménagent leur effort et
d’autres qui montent comme ils peuvent. Personnellement, j’ai pas la grosse
patate, alors je m’accroche comme je peux à la roue de Faby et de Cyrille qui
lui a la gnack. A tel point qu’à un moment donné il accélère et nous dépose
littéralement. On est incapables de le suivre. Du coup, voyant cela, il fait demi-tour
afin de « rejoindre sa bande ». On termine la montée ensemble, à un
rythme quand même assez soutenu. Une fois en haut, on attend les autres et ça
arrive au compte-goutte. Gabriel a beaucoup de mal dans cette montée très
exigeante pour des gens qui ne pratiquent pas souvent, et Sam et Cyrille
redescendent un peu pour aller le chercher et le motiver. Il finit par arriver,
et franchement bravo à lui. C’est bien le fils de son père, une volonté de fer.
Quand tout le monde est
là, on reprend un peu son souffle, puis on entame une longue descente à fond
les ballons afin d’arriver au Mexico, un restaurant paumé dans la forêt, qui
n’a finalement de Mexicain que la couleur sable de ses murs, et encore... On y
est toutefois parfaitement bien accueillis, installés comme des princes en
terrasse. Là, on décide d’être tout à fait raisonnables et de prendre des trucs à
base de viande (entrecôte au maroilles) et de frites. On arrose le tout de
bière (1 litre et demi d’Affligem chacun pour Francky et moi), ce qui fait qu’à
l’issue du repas, on est lourds comme par permis et un peu pétés.
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Soyez les bienvenus au Méxique !!! |
Or, on enchaine
directement par la montée du Kame Hama (Mont Tortue pour les non japonisans),
une belle côte assez longue, sur des chemins un peu techniques, en forêt. Pour
le coup, on est sur de la vraie montée de VTT, où il faut bien choisir sa
trajectoire, mettre les bons efforts où il faut histoire de ne pas cabrer, de
conserver la traction et de ne pas être obligé de mettre pied à terre, car
sinon difficile de redémarrer. J’adore ce genre de challenges, et malgré mon
ébriété et la lourdeur que je ressens dans l’estomac, je décide de la monter
entièrement sans faillir. Pour ce faire, une seule bonne technique :
débrancher le cerveau, ignorer la douleur et tourner les pattes. Je suis un des
derniers à m’élancer dans cette montée infernale, et du coup je passe quasiment
tout le monde en revue, car les copains sont arrêtés de part et d’autre du chemin,
soufflant un coup ou poussant le vélo. Je finis par arriver en haut, bien
content de mon petit numéro, car je crois qu’on n’est pas nombreux à l’avoir
faite.
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En haut du Mont Tortue |
Ensuite, on a une belle
descente à faire, et là la branche crétine des chacals verts a lâché tout comme
il faut. Il y avait des passages où le chemin était de part et d’autre
d’escaliers, on a dépassé les autres membres du groupe par les escaliers à une
vitesse qui peut sembler déraisonnable aux non habitués, mais voilà, c’est ça
notre vraie pratique du VTT en fait. C’est grisé d’avoir envoyé du bois comme
des sagouins, en oubliant pour une fois nos bagages, que David, Fab, Cyrille et
moi nous retrouvons en bas, un large sourire sur le visage et de l’adrénaline plein
le corps.
On est alors quasi arrivés,
et on entre dans ce qu’on pourrait appeler la parade finale. On fait un petit
détour pour aller boire un coup chez les parents de Francky (raisonnablement
pour de vrai en ce qui me concerne cette fois car l’Affligem me tape encore).
David et les Dubois s’allongent dans l’herbe et font une petite sieste, les
autres discutent sous la tonnelle.
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Discussion sous la tonnelle |
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Petite sieste dans l'herbe |
Avant d’arriver chez
Francky, on doit à nouveau s’arrêter pour réparer le porte-bagage de Benji, qui
aurait finalement peut-être bien fait de rentrer en voiture. On le bricole à
coup de rilsans, et ça devrait tenir jusque l’arrivée. Benji n’est pas verni
avec ses porte-bagages. Après le tip-top ouanéguène de l’Epopée, il l’a
remplacé par un autre qui était très prometteur, mais qui a été bien plus
capricieux que les nôtres. Les Thule de Dave, Fab et moi n’ont pas bougé d’un
iota. J’avais mis un coup de peinture sur le vis pour identifier si ça se dévisse un peu, ça n’a pas tourné d’un quart de tour.
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Faut opérer ? |
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Du rilsan et un extenseur, ça passe |
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Prêt à repartir et à en finir |
Il ne reste vraiment plus
rien pour arriver chez Francky. On arrive dans Vendeuil et on sent que Francky
et les jeunes ont envie de se tirer la bourre sur la dernière montée. Les
autres Totalistes se mettent en paquet, on a envie d’arriver tous ensemble, on
est fin heureux. On est accueillis par Céline et Mathilde (femme et fille de
Francky), Nanou, Camomille et Roro (femme et filles de Fab). Fab nous fait
évidemment le coup de tenter des wheelies tout pétés, et coupe la route à Sam
qui est obligé de piler dans la montée.
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La meute, Gabriel en tête |
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Le wheelie tout pourri |
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La queue de poisson |
Une fois le portail de
Francky passé, tout le monde se congratule comme il se doit à la fin d’une
aventure aussi palpitante. On félicite les Partialistes pour leur participation,
et entre Totalistes on se remercie pour la semaine de partage. Ensuite, c’est
comme d’habitude, on est un peu paumés une fois que c’est fini alors on reste
comme des couillons.
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Comme des couillons |
Il est prévu de laver les
vélos, avant ensuite de se laver nous même aux vestiaires du terrain de foot où
on va passer la soirée. C’est donc ce qu’on fait, mais un peu dans un état second,
sans réaliser ce qui se passe vraiment. Ce n’est qu’une fois que la douche est
prise qu’on reprend plus ou moins nos esprits, et là ça s’enchaine, comme
toujours très vite : tout le monde débarque, on se met à boire des coups,
à manger des saucisses, on papote avec tout le monde, on rencontre de nouvelles
personnes, et on raconte nos aventures.
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Des gens ici |
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D'autres par là |
L’Odyssée est terminée,
et c’est toujours un sentiment bizarre, mais chaque fois différent. Lors du
Périple, on était soulagés d’avoir réussi à le faire physiquement, car on ne
savait pas si on avait les jambes pour un tel truc. Lors de l’Epopée, j’étais soulagé
qu’on soit arrivés au bout tellement on a eu des galères avec le matos et avec
nos copains éclopés (la cote et le tendon d’Achille du Fab, la cote et le genou
de Dave). Là, je ne ressens pas de soulagement. Je ressens plutôt une espèce de
plénitude, de sérénité. Ça doit être la même sensation que ressent Hannibal
Smith lorsqu’il déclame « j’adore qu’un plan se déroule sans
accroc ». Bien-sûr il y aura le Grand Vide, évidemment à un moment donné
on va se demander ce qu’on fait maintenant, mais pour le moment, on se contente
juste de l’avoir fait et de profiter d’être là, tous ensemble.
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Tous ensemble |
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Le profil de la trace prévue |
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Le profil du trajet effectif |
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