mardi 21 décembre 2021

Odyssée 21 (jour 6) : Du sang frais, de la bière et de la vodka

 Au réveil, comme prévu, on ne s’énerve pas parce qu’on doit attendre l’arrivée du sang frais avant de démarrer. Du coup, c’est avec une certaine décontraction qu’on prend le petit déjeuner qui est très bon (vous me direz comme chaque jour), avec une mention très bien aux confitures (oui, comme d'hab' aussi). On ramasse ensuite tout aussi calmement les affaires éparpillées partout. On est contents car nos vêtements sont globalement secs et nos chaussures le sont complétement, ce qui est quand même très appréciable. Comme attendu les K-ways qui sont restés dans le garage sont bien humides.

Cette lenteur dans la mise en mouvement fait qu’on n’est évidemment pas prêts quand débarquent nos trois partialistes : Bruno, Quentin et Corentin. On se dit bonjour, on se présente, et une fois que tout le monde est fin prêt, on y va, non sans remercier chaleureusement nos hôtes.

Les nouveaux arrivés, Francky et Sam prêts à en découdre

Contrairement à ce que nous avait annoncé la météo, le temps n’est pas au beau fixe. Il pluviote même. Cela ne nous enchante guère, mais il faut bien y aller. Comme d’habitude depuis le début de cette Odyssée, on démarre par une grosse montée, et celle-ci nous permet de constater qu’en ce jour 6, on commence à avoir un peu mal aux pattes. Les jeunes venant d’arriver, tout frais, veulent impressionner la galerie et partent très fort. Benji, pourtant pas le dernier à démarrer comme un poney, les laisse partir et a ces mots prophétiques « laisse les y aller, on en parlera dans 2h ».

Nos nouveaux compagnons n’attendront pas longtemps avant de découvrir le principe d’une Odyssée. À un moment, notre trace traverse un endroit qui est grillagé et fermé. On a deux choix, faire demi-tour et trouver un contournement, ou trouver un chemin qui longe. Je repère qu'on peut faire le tour par un route, mais Sam remarque un chemin qui longe et l'emprunte avec assurance, comme le ferait un Dubois. Et on se retrouve rapidement à marcher en poussant les vélos, le long du grillage, pour atterrir nulle part. Peu motivés à faire le chemin inverse (ça nous a pris bien 10-15 minutes pour arriver jusque-là), on décide de s’enferrer dans notre connerie et on passe par un champ, on escalade un tronc, on passe nos vélos au-dessus d’une clôture pour enfin arriver dans un chemin vaguement carrossable de forêt. On retrouve enfin la trace après facilement une heure de pérégrinations. Un rapide calcul me laisse penser que la route de contournement aurait pris 15 minutes en pédalant pénard. Oui, mais il faut bien que nos partialistes goutent à ce genre de plaisir !

T'aimes ça, marcher à côté de ton vélo, hein ?

Les chemins Ardenois (oui, j’insiste... enfin on insiste, car c’est ce qu’on s’est évertué à dire durant toute notre traversée de ce département) sont fidèles à eux-mêmes : gras, boueux, glaiseux. Faby a une théorie à ce sujet : c’est la chicorée qui est récoltée à proximité des chemins qui leur donne ce caractère glaiseux. On les reconnait à leur couleur grisâtre, les chemins à éviter. Du coup, si on voit un tas de chicoré quelque part, il ne veut mieux pas passer par le chemin voisin. On se retrouve malgré ces indications plusieurs fois dans ce type chemin, et à chaque fois on en remet plein le dérailleur. Du coup, on s’arrête régulièrement pour balancer de la flotte sur la transmission pour enlever le surplus. A un moment donné, on croise un ancien lavoir et quelques-uns d’entre nous (les Dubois, David et moi) finissent par mettre complétement le biclou dans le lavoir pour nettoyer. David sacrifie même sa gourde pour la charger d’eau croupie afin de faire un jet pour nettoyer par-dessus.

Le dur labeur des lavandières

Nettoyer, encore nettoyer

La montée glaiseuse suivante est celle de trop. On décide de ne plus suivre ce genre de chemin car il n’y a aucun plaisir, et on en a marre de nettoyer les vélos tous les quarts d’heure. On fait donc un dernier nettoyage sauvage dans les flaques avant de remettre en route sur route.

Le pneu qui débourre pas

Ca s'accumule là, puis ça sèche

Et là il est à peu prêt nettoyé

On roule dans les flaques pour réhumidifier la boue sèche

On trouve ensuite une boulangerie où on achète, comme deux jours plus tôt, sandwichs et desserts. On sait qu’on va traverser un gros no-man’s land et il n’est pas question de se retrouver sans rien à grailler. Les plus gourmands d'entre nous n'y tiennent pas et, comme l'autre jour, engouffrent leur dessert.

Les gourmandins

Dave-la-gueule-sucrée

On convient de s’arrêter pour la pause déjeuner après avoir passé une certaine montée (après 28 km si je ne dis pas de bêtise). Cette montée se fait sur le bitume, et on arrive à un petit parking à côté d’une église, où il y a des bancs et des étendues d’herbe. L’endroit parfait pour faire une pause, d’autant que le soleil commence timidement à percer les nuages. C’est très agréable. On profite de la pause pour connaitre un peu plus nos nouveaux compagnons, et on s’amuse de la complicité de chien et chat de Quentin et Corentin. Un truc qui est marrant quand ils se parlent, en plus de systématiquement s’invectiver, c’est qu’ils parlent très très vite, comme le personnage que joue Brad Pitt dans Snatch, celui qui veut acheter une caravane pour sa mère.

La pause repas sur la placette

Après le repas, on utilise un petit robinet, qui déverse de l’eau assez doucement, pour nettoyer à nouveau les vélos (avec un peu de patience). Un peu plus loin, je vois une espèce de ferme, avec un tuyau d’arrosage à l’entrée. J’en informe Fabrice qui décide immédiatement d’aller demander l’autorisation de l’utiliser. Sa bonne étoile a encore frappé, le propriétaire est justement dans son allée et s’apprête à partir. Il fait les branchements nécessaires et nous invite à nous servir. On est ravis et cette fois on fait un bon gros décrassage de tous les biclous. Dégraissage, regraissage, ils sont comme neufs au moment de redémarrer. Plus question cette fois de repasser par les chemins dégueulasses, on prend la route !

Station de lavage

Collection sexy printemps-automne 2021

Francky avait repéré un bar dans une ville, qui n’est pas forcément sur la trace, mais ça dit à tout le monde de s’arrêter en terrasse boire un coup. Du coup on se dirige par là-bas. Au départ, on prend des routes par forcément fréquentées, puis on rejoint des voies un peu plus larges. On profite des premières pour papoter et je discute un peu plus avec Quentin, Corentin et Bruno afin de mieux les connaitre. Cyrille a à nouveau un soucis de porte-bagage et cette fois c’est avec une sangle qu’on bricole son truc.

Jour 6, ça les fait toujours marrer de réparer le porte-bagage

Quand la route devient un peu plus fréquentée, et donc plus chiante, on se retrouve à nouveau à faire le jeu des relais. Faby part très tôt avec Benji et Sam à un rythme effréné. Moi je suis en train de discuter tranquillement avec Coco quand je sens que je me prends plein de vent dans la tronche. Du coup, j’annonce à mon interlocuteur que je vais lui apprendre une technique de fourbe et je me mets sur le côté, prétextant une avarie, afin de laisser passer Cyrille et Dave qui discutaient derrière nous. Une fois qu’ils sont passés, je redémarre immédiatement pour me planquer derrière eux, protégé du zéphyr. Ça les fait marrer, car ils ont vu clair dans mon jeu, et finalement, on se retrouve nous aussi à prendre des relais. Corentin ne s'accroche pas longtemps, et on se retrouve à 3 à se relayer. Puis, David va sauter un premier relai, pour finalement sauter tout court, car le vent est quand même assez fort, et quand le premier s’écarte, on prend un bon coup dans le pif. Cyrille et moi nous retrouvons à pédaler comme des cons, avec pour objectif de rattraper les copains de devant qui sont partis bien plus tôt (mais qui ne roulent pas aussi fort). On se pète les jambes pour finalement échouer de peu, ils arrivent au bar environ 10 secondes avant nous. On se marre bien et on se trouve bien débiles, car on s’est vraiment épuisés pour rien, mais bon, c’est l’avant dernier jour, on a encore de l’énergie, il faut bien s’amuser comme on peut.

On s’installe en terrasse, on boit quelques chopes et on passe un bon moment. Les partialistes sont bien intégrés au groupe, ça vanne dans tous les sens. Corentin en particulier est un sacré phénomène. Je ne sais plus exactement à quel moment c’est arrivé dans les deux jours, mais il a donné des nouveaux surnoms à quasiment toute la troupe. Faby devient « Abricot », car il n’a de cesse de proposer ses fameux abricots confis (à tel point qu’à la fin il regrettera d’avoir épuisé son stock trop tôt), Cyrille est « Grosses cuisses » du fait de ses jambes musclées, Sam et Benji sont, de façon peu originale pour le coup, « les belges », il hésitera à mon sujet et me nommera finalement le lendemain « le photographe » car j’ai passé beaucoup de temps le lendemain à prendre des photos et vidéos, mais le meilleur, celui qui nous a fait le plus rire, c’est le surnom dont David fut affublé : « Brioche ». C’est venu alors qu’il le cherchait, et il a sorti un truc du genre « il est où celui avec la brioche, là ? ».

Des petites bières

Déjà finies ou pas encore servies

Santé Kompel !

L'un est l'emblème des chacals verts... l'autre est vert et orange

Lorsqu’on repart, ce même Coco fait le malin à l’arrivée de la montée suivante, démarrant en nous indiquant qu’il a son maillot à pois à défendre. Les jambes étant encore bonnes, et l’Odyssée presque finie, je décide de jouer avec. Tout d’abord je le rattrape, je reste un peu dans sa roue, et quand la pente devient encore plus raide et qu’il ralentit, je mets une accélération brutale. Je me retourne pour le voir scotché sur le bitume. Il me lance « tu peux y aller, mon maillot est déjà assuré, je me contenterai des points du 2ème ». Bon, ces points là il ne les aura pas non plus, car Sam le dépasse ensuite, et Benji également.

On arrive à proximité de l’arrivée, et nous devions emprunter un chemin qui a été labouré par un tracteur. Fab essaie d’y aller quand même, on ne l’attend même pas. On arrive à la bonne alternative, qui est une petite descente un peu sauvage, et on s’amuse à la descendre comme des pétés, ce qui permet aux jumeaux de découvrir, (en l’apercevant briévement car il ne tiendront pas longtemps nos roues) la tige de selle téléscopique et de s’émerveiller devant cette prouesse technologique.

On arrive à notre gîte, qui est très très chouette. Il est tenu par une charmante polonaise qui nous accueille très agréablement. Francky a préempté les chambres à lit doubles pour lui et sa femme, ainsi que pour Quentin et sa copine, et nous indique avec la diplomatie qui le caractérise, de nous démerder. David, Fab, Cyrille et moi partagerons le dortoir qui est à l’entrée de la cour. On nettoie les vélos au tuyau d’arrosage, on les bichonne comme d’habitude, puis chacun prend sa douche. Entre temps, Céline, la copine de Quentin et Gabriel (le fils de Francky) nous rejoignent. Une fois les vélos et les cyclistes lavés, on se met en terrasse pour boire des bières en mangeant des saucissons. Francky avait prévenu notre hôte de prévoir le stock, et je peux vous dire que les canettes ont défilé.

Faby bichonne le vélo du frangin

Binouzes et sauciflute

Ca commence à faire du monde

Nous sommes ensuite rentrés pour prendre un excellent repas, dans une ambiance toute aussi excellente. Le groupe s’est agrandi, et il flotte déjà dans l’air comme une fin d’Odyssée, car on se remémore déjà des anecdotes de la semaine qui nous semblent bien lointaines. Je fais, comme d’habitude, une gaffe totalement involontaire et non voulue. Cyrille est en train, comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises dans la semaine, de parler d’engins qui font du terrassement par un système d’aspiration. La société qui a lancé cela vient de l’est de la France, et a décidé pour sa communication d’arborer une couleur rose flashy et de se nommer, de façon un peu provoc, « les suceuses de l’est ». Cyrille est fan du concept et de la comm’, et nous en a parlé plein de fois. Du coup, quand je l’entends encore en train d'en parler, étant vaguement éméché, je dis, enfin je dis fort parce que quand j’ai bu j’ai tendance à brailler, « c’est pas vrai que t’es encore avec tes suceuses de l’est, toi », et ce pile poil au moment où notre hôte, polonaise, rappelons-le, arrive pour nous servir le dessert. Je vous laisse imaginer la honte qui s’est emparée de moi. Elle a fait semblant de rien, et je n’ai pas cherché à m’expliquer ou à m’excuser car ça aurait été encore pire, mais j’ai été pas bien pendant au moins 10 min. Ca a bien fait rire Faby, qui évidemment en rajoutait par-dessus. Madame, si tu passes par ici, sache que c’est un affreux malentendu !

Pour le dessert, nous fêtons l’anniversaire de Francky, qui est bien accoutré pour l’occasion. Notre hôte nous ramène ensuite plusieurs bouteilles de vodka aromatisées, et là il faut faire très attention. Elles sont très bonnes et c’est très sympa de tout gouter, par contre ça peut être très douloureux au réveil. Certains n’hésitent toutefois pas à finir les bouteilles, et le paieront le lendemain.

Bon anniversaire Francky !

Toute la bande autour de notre porteur de menhir

On file dans notre dortoir, où on raconte quelques conneries, on écoute un sketch de Blanche Gardin qu’on a évoqué un peu plus tôt dans la soirée, et celui-ci est à peine terminé que tout le monde s’endort.

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Le profil de la trace prévue

Le profil du trajet effectif

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