jeudi 23 août 2018

Les Balcons du Dabo : marathon VTT (65km, 2400m D+)


Toujours à la recherche d’un aventure épique pour motiver nos Chacals à rouler durant l’année, Faby nous avait motivés à nous inscrire aux Balcons du Dabo. C’est une rando all-mountain, entendez par là que contrairement à de la rando VTT classique où les descentes sont en générales très abordables, ici les descentes sont assez, voire beaucoup, engagées et nécessitent une certaine technique pour être descendues correctement.
C’est 4 de nos Chacals Verts qui se déclarent prêts pour l’aventure. Il y a Faby, alias Faboulous Fab, alias le Libertin Suave, l’initiateur de cette aventure, et toujours prêt à repousser ses limites et les nôtres. Présent également, Dave, alias le Chef, qui aime beaucoup quand ça descend, et gère bien son histoire quand ça monte aussi. On trouve aussi Pierre, alias le Scarabée, qui envoie du pâté dans les montées, mais est un peu moins à l’aise techniquement dans les descentes que le reste de la bande. Enfin votre serviteur, Olivier, alias le Hobbit, qui adore descendre et aime moins les montées, mais bon, faut ce qu’il faut, et puis je ne crache pas sur un petit défi annuel.
Le Dabo, on connait un peu, on y était passé lors du Périple il y a 3 ans (voir ici).  On se rappelle qu’on y avait pris des singles bien sympas et que les paysages étaient magnifiques. Du coup, ça nous dit bien.
Évidemment, avec le Fab, il faut toujours que ce soit le mode ++, et donc on s’est inscrit à l’épreuve Marathon, la plus longue et la plus dure organisée lors des Balcons du Dabo de cette année. On y parcourt 65 km (ce qui n’est pas à proprement parlé un problème), pour une élévation totale de 2400m (autrement dit un demi Mont-Blanc... non, pas la crème dessert, le gros tas de cailloux Alpin !). Le ratio D+/km est particulièrement méchant. À titre de comparaison, le POC ou une étape d’Epopée c’est 2 fois plus facile que ça. Mais le Fab a su trouver les mots pour nous motiver (un truc du genre « faites-moi confiance !»).
Je ne raconterai pas ici les 2 mois d’entrainements purement dédiés à la préparation de l’événement. Juste, pour résumer, j’ai démarré totalement hors de forme fin juin avec une belle sortie de 65 km et 1200 de D+ (donc oui, juste la moitié de D+ sur la même distance) et j’ai bien souffert. Ca donnait la baseline et une bonne idée des efforts à faire pour être prêt. A raison ensuite de 2 sorties courtes (15km/400D+) et une plus longue (30km/800D+) par semaine, ponctuées par 3 sorties plus longues et plus grimpantes, la forme et la confiance sont revenues (ensemble, comme souvent). Concernant mes acolytes, Pierre démarrait de loin tout comme moi et est monté en puissance progressivement, alors que Dave et Fab étaient déjà bien au top en juin, grâce à la préparation des Crapauds. Seulement ces deux derniers étaient en vacances peu avant le Dabo et ont vu leur prépa un peu tronquée, notamment Dave qui n’a pas pu rouler pendant les 4 semaines avant les Balcons de Dabo (sauf une sortie de décrassage 4 jours avant l’événement). Hop, je n’insiste pas sur la prépa, même si quelques petites aventures auraient méritées leur résumé.
Deux jours avant la rando, on reçoit un briefing bien sympa expliquant le fonctionnement de la rando, et avec en cerise sur le gâteau la trace GPX. Ni une, ni deux, je l’envoie sur openrunner pour étudier la trace. Mon compte-rendu de ce moment-là est le suivant (je copie/colle exactement ce que j’ai envoyé aux copains).
« Bon les gars, ça se présente pas mal.

D'après openrunner, on a 67 km et 2100 de D+.
Bon, il peut se tromper, mais il est en général plutôt précis, donc on n'aura peut-être les 2400 à la fin, mais normalement pas plus.
Surtout, selon le profil openrunner toujours, pas trop de portage (cad peu de traces marrons = >20 %).
Je vous joins une copie d'écran du profil.
On a une bien raide, la pire du lot je dirais, au 8ème km.
Ensuite on a enchaine au 12 ème sur un pic assez costaud de 200m de D+, mais moins raide.
Après, les montées ne sont pas trop méchantes, bien que longues.
Au 40ème, on tape le monstre du circuit : 100 m très très raides, puis 300 m plus tranquilles, pour finir sur 100m bien raides.
Pour la suite, il reste des raidars, mais rien de comparable au début.
Je pense que celui du 60ème km fera bien mal aux jambes, mais on sera trop prêts du but pour flancher :o)
Bon, faites bien gaffe à l'échelle : en général, une petite montée c'est 200m de D+. On ne plaisante pas par ici :o) Celle du km 40 va nous prendre au moins 1h, comme un col de montagne :o)

Ca me rassure un peu ce profil.
Par contre le message du briefing concernant les passages techniques laisse dubitatif.
Apparemment, ça va être du costaud sur les descentes.

Les mecs, on y est !!!
Et apparemment, on y était parmi les premiers inscrits : j'ai le dossard 9 :o)
J'ai hâte !!!! »

Afin d’éviter de faire de la route le matin de la rando, on a pris un hôtel à Dab où on arrive la veille. La vue vaut son pesant de cacahuètes et nous donne envie de retourner faire un tour au rocher.
Ca claque !
Avant cela, on se renseigne pour le petit déjeuner. Le tenancier de notre hôtel nous indique qu’il se prend entre 8h et 10h. Faby se met donc à négocier afin de ravancer l’horaire, car 8h c’est l’heure où on veut démarrer la rando (ou pas loin). Rien à faire, de toute façon il ne reçoit pas le pain avant 8h. Nous voilà contraint de trouver un plan B pour le p’tit déj.
On descend donc vers le point de départ de la rando afin d’identifier une boulangerie qui pourrait nous dépanner. Le plan : on chope des viennoiseries en boulange, et on les mange au point de départ de la rando avec un café qui ne manquera pas d’être offert par l’organisation. On trouve facilement une boulangerie, et on continue vers le point de départ de la rando. Là, on croise des membres de l’orga qui répondent bien gentiment à nos questions. Ils nous confirment qu’il y aura du café. Concernant notre autre question, à savoir s’il vaut mieux partir vers 8h15-30 histoire d’éviter d’éventuels bouchons sur les passages techniques (on a lu ça sur des recaps de l’an passé), ils nous conseillent de partir à 8h, surtout pour la marathon, car il y a des portes horaires à respecter. On avait regardé cela avant de partir, et elles ne nous semblent pas farfelues, si on n’a pas de problème technique évidemment.
On remercie bien tout ce petit monde, et on file, rassurés concernant notre petit dej, vers le rocher de Dabo où on profite de la vue et on boit un petit verre.
Au resto, on reste raisonnables (peu de bière, des pates) et on se promet de revenir le lendemain pour se taper une bouchée à la reine en entrée et un cordon bleu en plat (avec des frites). Pierre, le moins technique de nous 4, va passer sa soirée à se lamenter sur sa mort certaine du lendemain. Il a peur de tomber lors d’une descente trop technique. On est trop occupés à s’inquiéter sur notre propre cas pour ressentir de la compassion. :o)
On va se coucher aux alentours de 23h... enfin, on rejoint nos chambres.
Je partage, comme d’hab, ma chambre avec Faby. Du coup, scénario habituel, il sort toutes ses affaires de son sac, les étale sur son lit et commence à préparer son sac pour le lendemain. Tout ceci nous amène bien rapidement au-delà de minuit. Là, on décide d’être bien sages et de ne pas papoter. Mais veille de rando oblige, on dort très mal, par petits sommes successifs, et quand le reveil sonne, on a l’impression de ne pas avoir dormi du tout. Pas bon avant un marathon VTT...
On descend presqu’à l’heure prévue aux voitures (7h30) pour constater que devant la porte de l’hôtel attend un gros sac de farine blindé de baguettes. On n’est limite pas surpris, mais bien vener. On reste sur notre plan : on passe à la boulangerie, achète nos viennoiseries, filons au point de départ, chopons nos dossards et notre café et on démarre le petit déj à 7h45 environ. Nickel ! Mais là se produit la première faille espace/temps. Entre le petit déj, les cacas de la peur, le montage des plaques sur les vélos, les déshabillages, rhabillage, Faby qui disparait plusieurs fois, il est 8h30 quand on est à peu près prêts. Bon, c’était l’heure de départ qu’on avait initialement prévu, mais sans compter sur des portes horaires. Faudra pas trop batifoler en route quand même.
Prêts (our presque) pour le départ
Nous démarrons donc notre marathon VTT. Pour ceux qui se retrouvent par hasard sur cette page, désolé, vous n’êtes pas habitués à ce qu’un récap de rando démarre véritablement après 2 pages. Et encore, j’ai fait cours cette fois-ci et je n’ai pas raconté toutes les anecdotes, genre le renard empaillé du resto ou la nuit des étoiles filantes... Mais, bon, ça y est, si vous êtes venus chercher un résumé de la rando en elle-même, c’est maintenant !
Ça démarre sur la route et tout de suite ça monte pour aller chercher des chemins longeant des champs pour nous emmener dans la forêt. Comme prévu et annoncé, je monte tout cela très tranquillement, Dave à mes côtés. Fab et Pierre sont un peu devant, montant à un rythme déjà plutôt appuyé.
Très rapidement on démarre une petite descente dans les bois. Le terrain est très sablonneux, et comme il n’a pas plu depuis un moment, on s’enfonce pas mal. Les appuis ne sont pas hyper stables. Après deux virages un peu plus serrés, je trouve même que les appuis sont dégueux. Je jette un œil à mon pneu arrière : à plat. Bim ! Comme d’habitude, le vélo le plus entretenu est celui qui a la première merde. J’alerte les autres et on s’arrête pour que je répare ça. Ça ne manque pas, Faby rappelle que le tubeless c’est pourri. Je n’ai pas envie de chambrer, et j’espère pouvoir réparer avec une mèche. Seulement, je ne trouve pas la fuite. Je regonfle donc simplement, en espérant que le préventif a rempli son office. Il semblerait car je n’entends aucun échappement d’air. Je regonfle comme je peux avec ma pompe à main (et avec un coup de main de Pierrot) en me disant que si je trouve une pompe à pied sur un ravito, je ferai l’appoint. Je n’y penserai plus par la suite, et j’aurais peut-être dû, car en checkant en rentrant j’ai constaté que j’étais seulement à 1bar, là où je mets 2 habituellement. Ca a du bien me scotcher au sol dans les montées ça.
Et tu pompes dans les bois !
 On peut repartir assez vite. Comme quoi le tubeless c’est cool !!! On a quand même encore paumé un peu de temps avec ça, je commence à m’inquiéter pour les fichues portes horaires.
On continue notre bonhomme de chemin et on enchaine avec quelques montées qui sur le papier étaient bien méchantes. Certaines sont sur bitume, et du coup se passent très allégrement. Faby et Pierre ont d’ailleurs tendance à appuyer plus fort que ce qu’on avait prévu. De mon côté, je roule à rythme tranquille, par contre mon cardio-fréquencemètre m’envoie des infos non attendues. Alors que je mouline pénardement, je tourne à 170bpm, là où je ne devrais que frôler les 150. Parallèlement, je me sens très lourd, un peu ballonné. J’en parle à Dave qui m’accompagne et il a aussi le même ressenti. On se dit que 2 énormes pains au chocolats bien graisseux chacun ne sont pas le meilleur des petits déj pour ce genre de rando...
Arrivent les premières vraies montées, et là on comprend à quoi on est confronté. Des racines, des pierres, des cailloux, du sable. C’est parfois moins raide que ce qu’on vient de faire sur le bitume, mais surtout beaucoup moins roulant. Et parfois, c’est également plus raide. Quand ça pique trop, je reste sur mes intentions de départ préparées sagement la tête hors du guidon : je marche. Pas question de toxiner comme un âne sur les premières difficultés. Fab et Pierre m’inquiètent, car ils continuent à appuyer très fort. Fab expliquera plus tard qu’il avait besoin, comme à chaque début de sortie, de se nettoyer les bronches en tapant fort dedans et en crachant toute sa morve.
On arrive enfin à un premier passage technique. Bon, en vrai il n’y a pas grand-chose, un gros caillou à enrouler et quelques marches à passer, mais comme on est arrêté par les personnes devant qui hésitent, on arrive sans vitesse et on passera à pied (sauf Dave qui fera les marches).
Suit une montée qui nous amène à un magnifique point de vue (donc j’ai évidemment oublié le nom).
Non Fab, n'y vas pas directement !
Le 1er ravito est en bas, et pour y aller, on a le premier passage all-mountain. Pierre hésite, mais décide de le faire pour tester et ainsi décider de ce qu’il fera ensuite. On se lance dedans avec avidité. Malheureusement, il y a dans ce passage beaucoup de gens un peu en panique qui s’arrêtent et marchent, et on ne peut pas le passer d’une traite avec fluidité. On pourra quand même faire la fin à bonne allure, en prenant un bon gros kif. Dave prendra même une bonne grosse pelle sur un virage un peu serré, mais de façon assez surprenante. Il se fait un peu mal sur le coup (thorax contre cintre) mais a priori c’est juste le souffle coupé. On finit le reste de la descente comme des pétés et des types s’exclament « ouah les machines » en nous voyant passer allégrement sur des passages bien techniques. C’est avec une banane jusqu’aux oreilles qu’on arrive au ravito où nous attendent Nanou (la femme de Fab) et sa maman.
Si ! Si ! Je suis là, on voit un bout de ma roue derrière Fab
 On fait un bisou, on papote un peu, mais on ne traine pas. On n’est pas super en avance par rapport aux projections, et si on ne veut pas se faire recaler aux portes horaires, faut pas chômer. Il est déjà environ 11h, on doit être au km 45 à 14h (on est à un peu plus de 20). À ce rythme-là ça le fait, mais faut pas non plus glander. On mange donc un bout, boit un verre, et on remet en route.
Pierre a plutôt bien géré la descente et décide de faire le passage all-mountain suivant. Ça tombe bien, il démarre immédiatement. En fait, il s’agit d’un single où se succèdent petites descentes raides et étroites, et coups de cul en montée. Le chemin est magnifique, on passe sous plein de gros rochers, c’est superbe. Et le single est super sympa... malheureusement, ça bouchonne à mort. Impossible de prendre de l’élan sur les descentes, ça bloque direct au coup de cul suivant. On va perdre facilement un quart d’heure dans ce single, en plus de la frustration de ne pas pouvoir le faire correctement... On a un peu les boules... du coup, je change de paragraphe pour passer un petit message.
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Ok, on est d’accord c’est une rando, on ne fait pas la course. Mais le truc, c’est que cette histoire de porte horaire nous stresse un peu et perdre du temps sur un passage où on pourrait en gagner, ça frustre. Par ailleurs, on fait cette rando pour ces passages-là, donc c’est dommage qu’ils soient gâchés par certains. Attention, je ne reproche pas aux gens qui n’ont pas le niveau d’essayer, au contraire ! C’est génial d’avoir ce genre d’occasion pour essayer de se surpasser en descente et tenter une pratique nouvelle. Par contre, quand on se rend compte qu’on n’y arrive pas, et qu’à chaque difficulté on pose le pied, bin il faut se mettre sur le côté et laisser passer les gens derrière. Ok, c’est frustrant et ça vous prend plus de temps, mais pensez qu’ainsi vous évitez de frustrer les autres, et vous pourrez réessayer dans de meilleurs conditions une fois que les gens sont passés. J’envoie une spéciale dédicace à un groupe d’allemands qui non seulement n’ont pas voulu laisser passer, mais en plus attendaient bien au milieu du chemin pour regarder leurs copains se viander.
Je fais une proposition à l’organisation (si vous me lisez : merci encore, c’est du super boulot) pour l’an prochain : pourriez-vous indiquer cela dans le briefing ? On encourage tout le monde à essayer les parties all-mountain, mais on précise aussi bien que si on ne passe pas sur le biclou, on essaie de s’écarter pour laisser passer les autres. Merci par avance, c’est vraiment le seul truc qui me semble manquer sur tout l’événement. Bon, voilà, fin de parenthèse, revenons à notre rando.
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On rigole quand même pendant qu’on poireaute et on s’amuse à charrier les gars de la C3F, un club proche de chez Fab (Sierck-les-Bains). Les gars sont de vrais cabris et grimpent sur tous les rochers. Seulement ils doivent s’arrêter à cause d’un souci mécanique subit par celui qui porte un maillot de champion du Grand Est (rien que ça). Du coup on les taquine et ils nous promettent de nous recroiser à la prochaine montée. Ils le feront évidemment, mais on prétendra les avoir attendu.
Un gars derrière moi joue à ne pas poser pied à terre. Il est très doué à ce jeu. Il m’explique qu’il s’entraine aux feux rouges. C’est vrai qu’on n’aime pas déchaussé aux feux rouges. C’est couillon d’ailleurs, et je lui en fais la remarque. Je lui dis ensuite qu’il ne tiendra pas jusqu’au bout, lui me parie que si. Je lui fais remarquer qu’il n’a pas idée à quelle point je peux être con et que je pourrais très bien le bloquer jusqu’à ce qu’il cède... mais bon, je ne vais pas jouer à cela après avoir rédigé mon pamphlet précédent.
Une fois ce passage terminé, on a une longue montée régulière pour retourner au ravito 1, qui devient pour l’occasion le ravito 2. Le temps perdu sur le all-mountain me fait m’inquiéter fortement sur les portes horaires, du coup je monte un peu plus vite que sur les précédentes. Le terrain s’y prête bien, les pains au chocolat sont digérés, je monte donc à un rythme plus soutenu mais avec le cardio à 150 : nickel. Fab est avec moi, alors que Pierre et Dave sont plus lents derrière. Pierre paie quelques frayeurs et une gamelle sur la descente, Dave peut être sa gamelle de la première et son entrainement tronqué.
Quand on arrive au ravito, Pierre nous annonce tout de go qu’il ne sait pas comment il va pouvoir finir le marathon car il est bien crevé. Le ravito est quasiment à sec. En effet, tous les parcours passent par-là, 2 fois pour certains, donc ça a été la razzia. On arrive quand même à recharger les poches à eau (et il y en avait besoin car mes 2 litres étaient partis), boire un coup et manger orange et banane. À nouveau Nathalie et sa maman son là, mais on s’attardera encore moins, car la porte horaire nous attend, où plutôt non, elle ne nous attendra pas.
On sent des réticences lorsque Fab et moi remettons en route, mais ça suit. Après une rapide et trop facile descente sur un chemin large, on longe une rivière. On craint un temps de s’être trompé car on se rappelle que celle-ci est longée lors de l’échappatoire du 3ème passage all-mountain, a priori le meilleur, mais non, on arrive à la bifurcation. Pierre décide sagement de prendre l’échappatoire, et les 3 restants s’engagent dans la montée menant au fameux 3ème tronçon. Nous tissons le pacte des 3 mousquetaires : tout descendre sur le vélo ! Heureusement que le pacte n’impliquait pas les montées, car ce passage contiendra des séances de portages bien méchantes. Bon, on va être clair, tout n’est pas passé de façon très très propre, et on aura utilisé toutes les techniques de l’arsenal du descendeur en perdition : jambe en mousse, accrochage aux arbres et serrage de fesse. C’est raide tout le temps, vertigineux parfois, cassant souvent, épuisant globalement.
On finit le passage all-mountain éreintés mais bien contents. Les pédales ont bien souvent heurtés les pierres et rochers, et un rilsan tenant mon cadencemètre n’a pas aimé. Bilan : l’étui est là, le cadencemètre dans la nature. Bon... je ne vais pas faire machine arrière, mais je vais quand même refixer le truc qui pend. J’espère que quelqu’un aura le bonheur de le trouver et d’en profiter plutôt que le truc pourrisse dans la nature. Je m’arrête donc, un peu trop prêt de ruches selon Faby. Comme je n’ai pas l’intention d’embêter les gentilles abeilles, je me dis que ce n’est pas un souci. Seulement, il y en a une qui s’aventure dans une ouverture de mon casque. Là, elle se sent piégée. Elle panique, et du coup, elle me pique. Ça fait un peu bobo quand même. Soudainement, ça rameute ses congénères. D’après Fab, quand elle te pique elle balance plein de phéromones pour te marquer genre « ce type est un ennemi qui veut tous nous exterminer jusqu’au dernier ». Du coup, je ramasse vite fait mes affaires et me barre plus loin où mes copains m’attendent. Sur le trajet, je me fais piquer dans le dos, sur la cuisse et sur l’avant-bras. Ouille ouille ouille ! David m’enlève les dards plantés dans le crane et le dos (j’en entends qui ricanent gras !!!) et me pulvérise de l’antiseptique. Ça brulera pendant 15 minutes puis ça passera. Ca fait de jolies bosses quand même.
Bon, c’est pas tout ça, mais il est temps de se taper la longue montée de 500 de D+ ! Pierre nous a envoyé un message pour dire qu’il l’avait entamée tranquillement, je l’invite à nous attendre au ravito. Check horaire : on n’est pas en avance... Du coup, une fois passée la première partie bien raide sa race, on appuie un peu sur le pédales. J’ouvre la marche, suivi directement par Fab, et Dave est un peu plus loin. C’est assez peu raide pour qu’on puisse parler, mais c’est long, très très long. Et le chemin n’est pas facile, il y a des petits franchissements à faire qui cassent les pattes. On regarde régulièrement derrière nous et Dave est de plus en plus petit.
Arrivé à un palier, on s’arrête pour l’attendre. Quand il arrive, il réclame une vraie pause. Il s’allonge au sol. Du coup, réflexe, on fait un selphie 
Quels chacals ces Chacals !
Je lui propose de lui uriner dessus. Si ça marche avec les brulures de méduses, ça marche avec tout. Les autres personnes arrêtées là nous regardent tels des ovnis. Il faut reconnaitre qu’on débite des conneries plus vite qu’on ne pédale, et cela s’accentue avec la fatigue.
Finalement Dave se relève et on reprend la montée. On arrive enfin au ravito numéro 3 où nous attend Pierre. Il a l’air bien reposé. On arrive juste avant 14h, donc on se félicite de passer la porte horaire, mais les personnes du stand nous indiquent en souriant que c’est quand on part, pas quand on arrive. Bon, on négocie une petite marge qu’ils nous accordent volontiers : ils ne sont pas à un ¼ d’h prêt.
À peine repartis, on se fait dépasser par la voiture de Fab : Nanou était venu nous voir au ravito mais on était trop rapides !!! (hum hum...). Un petit coucou express et on redémarre : on commence à vraiment être ric-rac sur le timing.
On doit faire une boucle avec le reste de la grosse montée (les fameux 100 derniers m bien raides), puis de la descente sympa, puis une remontée annoncée méchante par les personnes du ravito 3 (or sur le plan ça ne parait pas si pire) puis à nouveau une descente sympa pour revenir au même ravito (et comme vous êtes plein de perspicacité, vous aurez deviné qu’il s’agit du 4).
La première montée n’est pas si horrible, même si elle pique bien. C’est l’occasion pour Pierre de nous montrer qu’il s’est bien refait la cerise, il la monte bien devant. On rattrape deux gars qu'on croisera plein de fois jusqu'à l'arrivée et on en profite pour se faire tirer le portrait.
Dave, Fab, Olivier et Pierre
La descente qui suit est bien cool, avec quand même un passage très très méchant. On est content qu’un panneau nous invite à l’humilité, car on aurait pu se faire mal en tentant ce truc). On se demande s’il n’y a pas eu un échange standard de Pierre car même en descente il commence à s’éclater.
Arrive la seconde montée, et la sérieux ça pique sévère. Je suis un peu devant les autres quand elle se transforme en large chemin avec des grosses caillasses. Chercher à pédaler là-dedans reviendrait à souhaiter se faire des crampes. Je rattrape un gars devant moi qui marche et décide de marcher avec lui, comme ça on papote un peu. Les copains suivent derrière, à pied également.
Dès que je peux remonter sur le bike, je le fais. Je me retourne, les copains sont loin, et je décide d’engager la descente en avant histoire de négocier la porte horaire suivante avec le ravito 4, car en fait on est déjà à l’heure où on devrait être au 5.
La petite descente est bien fun, mais trop courte !!!! Ah c’était bon !!!
Arrivé au ravito, je commence ma négoce. Les organisateurs hyper sympas nous indiquent qu’ils vont envoyer un SMS au ravito 5 pour les prévenir de nous attendre. Ça c’est cool ! Par contre ils nous demandent de ne pas trainer. À ce moment-là, Dave et Fab ne sont pas encore là. Je raconte des conneries pour jouer la montre (« si si, ils arrivent, ils doivent tenter des sauts dans la descente ou cueillir des fleurs »).
Dave a l’air démonté quand ils arrivent. Or il faudrait qu’on parte. On le laisse quand même souffler  (vite fait), on recharge les gourdes, et on prend des photos. Nanou n’ayant plus de place sur téléphone, Fab lui file le sien pour prendre la photo et lui dit de le garder car il n’en a pas besoin. Vous vous doutez que je ne vous raconte pas ça par hasard...
 
Les visages commencent à être marqués
On finit par mettre en route, car il ne faut pas abuser et on est vraiment les derniers. Les quelques autres galériens encore engagés sur le marathon sont déjà repartis. Ça repart sur une montée un peu raide, mais pas trop difficile quand même. J’ouvre la marche, comme si c’était ma mission de nous amener aux portes horaires. J’avoue que je suis obsédé par l’idée de rater une porte et de ne pas pouvoir faire le marathon en entier. Fab me confirmera plus tard qu’il était dans le même état d’esprit.
Au bout d’un moment, j’entends juste le bruit d’un vélo derrière moi : Pierre. On se retourne. Personne. Mon téléphone sonne. La musique de la folie des grandeurs. La sonnerie des copains. On pense tout de suite à Dave. Je réponds évidemment trop tard. J’ai un message sur le répondeur qui dit textuellement ceci.
« Salut Oliv, c’est David. Ecoute, j’abandonne, parce que le corps veut plus du tout. Je suis en bas de la montée que vous êtes en train de vous taper. Essaie d’avoir le créneau horaire pour pas vous faire jeter du 65 et moi je vais essayer de repartir au parking, euh... bin par un chemin que je trouverai. (rire) A bientôt, Cia ciao ! »
Coup de massue. Argh ! Ca fait chier, on voulait finir ensemble. Direct je m’en veux, car j’ai tellement poussé pour choper ces portes horaires qu’on n’a pas laissé Dave souffler pour se refaire la cerise. En plus comme on voit comment ça a marché pour Pierre, ça aurait pu le faire pour lui. Mais tellement obsédés par cette mission de faire le 65, on n’a pas pris le temps de s’arrêter pour faire moins mais ensemble. Je me console un peu car dans son message, Dave nous indique direct qu’il veut qu’on chope la porte horaire. Je pense qu’il le voulait autant que nous. Quand on en reparlera plus tard, Fab endossera la responsabilité du gros rythme avec moi, et Dave nous assurera qu’il n’aurait pas voulu qu’on renonce au marathon pour l’attendre. Il paie sa préparation tronquée. Je ne peux quand même pas m’empêcher de m’en vouloir encore aujourd’hui.
Bon, c’est pas tout ça, mais il faut la choper cette porte horaire. Or, le Fab n’est pas là. On suppose qu’il est entre nous et Dave et attend ce dernier. Comme il n’a pas de téléphone (et oui !!! c’est si peu de temps après que ça se joue), il ne sait pas que Dave a abandonné et on ne peut pas l’appeler pour le lui dire. La lose. On gueule pour l’appeler. Pas de réponse. J’ai pas envie de redescendre et de remonter ce truc.... Puis finalement, apparait la tête du Libertin Suave. Ouf !!! Il était redescendu chercher Dave, qui lui a expliqué. Devant la tête décomposée du chef, Fab n’a même pas insisté pour qu’il essaie de finir. Il était au bout.
Après ces explications, on finit cette montée pour enchainer sur une petite descente, puis à nouveau une montée, puis à nouveau une descente où on s’amuse beaucoup. Pierre commence à vraiment prendre de la confiance et à se faire plaisir sur ces passages. Ça c’est cool. Il aura vraiment « levelupé » sur cette rando.
On arrive enfin au ravito 5, dernière porte horaire, à 15h55. Nanou et Dave sont là. Et oui, elle a entendu le message sur le répondeur de Fab et est accourue au secours de notre Chef. Quelle aubaine ! Nathalie aura été notre rayon de soleil sur toute cette journée.
Je m’approche des organisateurs et leur fait remarquer, subtilement, vous me connaissez, que dans 15h55, il y a 15h, et que donc techniquement, pour la porte de 15h, on est bons ! Ils rigolent, et acceptent de nous laisser partir sur la dernière boucle du 65. Soulagement ! On va pouvoir aller au bout du truc. Bon, faut encore s’enfiler les 400 de D+ restants, mais on aurait vraiment était degs de pas pouvoir aller au bout. Du coup on traine un peu au ravito, et on en profite pour faire plus amples connaissances avec Nico Lala, qui est celui qui a tracé le parcours. On admire son single speed tout rigide avec lequel il a fait ses recos. La vache, faut quand même en avoir pour tout monter et descendre sur ce truc. On finit quand même par y aller, parce qu’il ne faut pas abuser, et faut rattraper les autres si on ne veut pas être les derniers.
J’avoue néanmoins qu’à partir de ce moment-là, je n’ai plus la même fougue sur les pédales. Plus besoin de se presser, je redescends en pression et en niveau d’effort. Pour tout le reste des montées, je ne vais pas hésiter à marcher dès que je n’aurai plus envie. Pierre, lui, continue à exploiter sa forme retrouvée. Fab aura quelques pulsions et montrera qu’il en a encore dans le sac. Il papotera aussi pas mal avec moi dans certains secteurs pédestres.
Dans cette boucle il y a encore quelques belles descentes qui auraient parfois méritées l’appellation all-mountain, mais j’imagine qu’il n’y avait pas d’échappatoires possibles. On se fera plaisir tous les 3 sur ces passages-là, à envoyer du steak, le coeur léger de ne plus rusher contre la montre.
Arrive un chemin assez large et descendant. Fab ouvre la piste. Je lui crie de faire gaffe à pas rater le balisage. Là il freine. Il pense que c’est trop tard. On se retourne... En effet, les autres marathoniens qu’on a dépassés dans la descente tournent dans la forêt, bien plus haut. C’est la rallongi de fin de parcours, la spécialité du Fab. Demi-tour, mange ton rab de D+.
On retrouve la bonne trace pour finir la descente comme des pétés. On rattrape un couple de marathoniens qui nous déposséderont donc de la dernière place, ainsi qu’un membre de l’orga qui ramasse les balises. Il se moque gentiment de nous.
Puis on entre dans la ville. Ça sent la fin. On rattrape les deux gars avec qui on a papoté sur les 20 derniers km. On s’auto-congratule, quand apparait la dernière saleté du parcours. Une petite montée, tracée dans un pré, totalement dispensable. J’ai pas envie de la faire. Mais bon, c’est sûrement la dernière. Encouragé par les copains, je la monte sur le biclou. En fait les jambes répondent encore bien. C’est la fatigue générale et la lassitude qui me donnent envie de monter à pied. Heureusement, je n’aurai pas à me poser trop de questions, car on voit le panneau « dernier m de D+ » qui fait bien plaisir. On le passe, entame la descente qui ramène à la route et à l’arrivée. On exulte ! On l’a fait !!!
Les Chacals Verts à l'arrivée
On remercie les personnes de l’organisation qui nous ont permis de finir le marathon, et eux nous félicitent en retour de notre performance. Bien que derniers ou presque, on l’a fait et c’est ça qui compte. Fab réussit à négocier 2 flams au camion de pizza qui n’a quasi plus rien à offrir, et on chope les dernières bières dispos. On se pose à une table pour profiter de l’instant. Je suis vidé. J’ai du mal à boire ma bière tellement je suis rincé. Jamais ça ne m’a pris autant de temps pour descendre 33cL de boisson houblonnée. Mais on est là, on est ensemble, on est bien.
On repassera ensuite à notre hôtel pour la douche, puis on prendra l’apéro en terrasse avant d’aller fêter ça dignement au resto avec, comme promis, bouchée à la reine et cordon bleu au munster. Virginie, la femme du chef, nous a rejoints pour l’occasion, et tous les 6 nous passons une super soirée. On ressent alors un truc très étrange. On est tellement bien qu’on ne veut pas que la soirée s’arrête, mais on est tellement crevés qu’on voudrait aller se coucher.
On passera la soirée à discuter de tout et de rien, à rigoler comme des pétés, mais bien-sûr régulièrement on reparlera de la rando, un grand sourire aux lèvres d’avoir affronté cette épreuve ensemble (même séparés, comme le veut la devise des Chacals Verts).
Au retour, je remonterai ma trace réelle sur openrunner, et voici ce que j’ai envoyé aux copains.
« Voici le vrai profil du Dabo tel que relevé par mon GPS.
On voit qu'il y a avait plus de marron que sur le théorique d'openrunner :o)
Et oui, un altimetre relève les petits coups de culs qu'une carte géo ne connait pas forcément.
Et par rapport au ressenti, je ne suis pas surpris. Les 300m de D+ disparus sur la trace théorique sont curieusement retrouvés :o) »

Évidemment, comme d’habitude, mon CR relate surtout ce que nous avons fait, nous autres Chacals, et je n’ai pas assez souligné la qualité du parcours. Du coup, c’est là-dessus que je finirai.
Le marathon des balcons du Dabo était super exigeant d’un point de vue physique, assez exigeant côté technique. Le balisage était impeccable, on ne s’est presque pas perdu. L’orga au top, avec une super ambiance, des ravitos bien remplis (ok petite fringale sur le R2 mais ça s’explique assez bien), et des organisateurs très sympas. Le décor est magnifique. On a vu des paysages à couper le souffle, c’était grandiose. Cette rando est un must dans notre région. Alors ok, je ne referai peut-être pas le marathon, parce que ça pique quand même fort et je n’ai pas aimé courir après le temps, mais s’inscrire sur le 45 pour profiter des passages all-mountain en toute tranquillité, ça me semble une super idée !