mardi 14 juillet 2015

Le Périple - Jour 4 (vendredi 26 juin 2015)

Le jour se lève sur Landange, et nous réveille assez tôt car notre fenêtre n'a pas de rideau. Décidément, non seulement on passe nos journées sur le vélo, mais en plus les nuits sont courtes. Quelle santé nos Péripleurs !!!

Ce matin, on passe directement de la phase préparation à la phase vélo sans passer par la case petit déjeuner. En effet, on est attendu chez Juliette, la belle-maman de Faby, pour le petit déjeuner. Il n'y a que 20 km entre notre gîte et sa maison, sur une voie verte peu bosselée, donc on devrait survivre.

Seulement, dès la première petite bosse, j'entends derrière moi un petit bruit caractéristique. Faby m'indique que du liquide blanc s'échappe de mon pneu arrière. Bingo ! Après l'avant hier, crevaison à l'arrière aujourd'hui ! Je finis la montée, et j'ai l'impression que cette fois le préventif a fait son effet. Presque, mais pas sûr que ça tienne. Je ne veux pas prendre de risque, sachant ce qui nous attend comme parcours défoncés autour du Dabo, alors je chambre, et me fais chambrer par la même occasion. C'est le matin, moment où je suis naturellement grognon, on a faim, et j'en ai marre d'être le seul à avoir des soucis techniques alors que mon biclou est sans doute le mieux entretenu. Faby prend une photo illustrant bien ma joie de vivre à ce moment, mais je ne sais pas où est celle-ci. Sur le téléphone de Cyrille peut-être ? Si on la retrouve, je la poste.

La suite de la voie verte se passe bien. Faby nous montre les endroits qu'il connait : le collège de Nathalie, l'endroit où ils font le feu de la St Jean, les coins de forêts où lui et Nanou ont eu leurs premiers ébats... non, j'déconne ;op 

On arrive chez Juliette un peu après 10h. L'accueil y est chaleureux et animé. Sont présents dans la rue : Juliette, ses filles Patty et Nathalie, son beau-fils Philippe, sa petite fille Romane, ainsi qu'Éléonore, mais aussi Eddy, le voisin. Ça fait un joyeux bazar dans l'impasse ! On entre et nous régalons d'un petit déjeuner gargantuesque. Tout y est : du café, du pain, de la confiote, du VRAI NUTELLA, de la charcut', du fromage (mention spéciale au munster) ! On se goinfre littéralement. Philippe, alias Phiphi nous charrie sur le temps estimé pour arriver au Dabo et nous raconte la fameuse anecdote où Faby a été obligé de boire du sirop pur tellement il était sec. Je n'ai pas de photo de ce moment, mais je pense qu'il doit y en avoir, donc si vous lisez ce post et que vous avez des photos du petit dej, je suis preneur.

On sort ensuite préparer les vélos (il faut que je gonfle correctement ma roue récemment crevée) pendant que les filles nous préparent les sandwichs. Phiphi m'accompagne et me demande de lui expliquer le trajet qu'on fait. J'essaie tant bien que mal, mais ce dernier ne comprend toujours pas qu'on mette tant de temps pour rejoindre le Dabo. J'ai beau expliquer qu'on n'y va pas direct, il ne saisit pas et Eddy se joint à lui pour nous taquiner. Je propose donc à Philippe de nous accompagner dès à présent et de ne pas attendre demain, mais celui-ci refuse gentiment.

Lorsqu'on remet en route, nous ne sommes plus que 4. En effet, notre Vénérable Michel ne se sent pas de faire les 1200 de D+ en 30 bornes qui nous attendent. On insiste un peu, mais on comprend très vite qu'il ne changera pas d'avis. Ça nous rend un peu triste, parce qu'on aurait voulu qu'il y aille à la pédale sur le Dabo, mais on comprend, et on se dit qu'il reviendra avec nous le lendemain, ne serait-ce qu'en partie.

C'est le moment fatidique de choisir entre les différentes variantes de la Trace. La variante Expert est la première que j'ai préparée, et varie de la Pro sur la fin, où elle nous entraîne dans une montée très raide à plus de 15%. Ça ne m'intéresse pas de pousser le vélo sur plusieurs bornes, donc je ne la favorise pas. Je préfère la Pro, qui présente les mêmes difficultés au début, mais monte plus graduellement à la fin. Le même D+, mais plus réalisable sur le vélo. La Normale évite une descente, et donc une remontée, en début de parcours, et donc réduit le D+ de quelques 200m. La newbie monte initialement quasiment que par la route. Elle est vite écartée.
Ça fait 3 jours que les frères Dubois me mangent le cerveau pour faire l'Expert. Perso, je pense plus à faire la Pro. Francky annonce qu'il nous suivra. Comme la Pro et l'Expert démarrent de la même façon, on peut se lancer sur cette voie.

Le début est carrément merdique. Pour la première fois depuis le départ, je m'inquiète pour la suite de la Trace. En effet, le chemin disparaît vite et on est obligé de couper à flanc de coteau en poussant le biclous pour retrouver le chemin. Le Fab nous explique qu'on serait facilement arrivé là si on avait suivi la voie forestière. Je lui réponds qu'il a choisi le Pro, et que la voie forestière c'était la variante Normale. On continue sur la voie forestière un instant et la Trace nous emmène sur un petit chemin qui grimpe. Très vite, il se referme, à force de ronces et d'orties. On se force à continuer, mais on finit par devoir rebrousser chemin. On s'inquiète vraiment pour la suite.

Lorsque la Trace bifurque à nouveau sur un nouveau single, j'hésite un peu, mais on y va. Ça passe, à condition de ne pas être trop sensible aux orties. On arrive sur une petite clairière, au milieu de laquelle se dresse une maison ou une colo. On en profite pour se ravitailler un peu et faire de la balançoire. Cette petite pause nous fait du bien après ces quelques galères.
Poussez, poussez, l'escarpolette !
Heureusement, la suite du parcours est plus sûre, car construite à base de traces trouvées sur UtagawaVTT, et je suis rarement déçu par les traces de ce site, pourvu qu'elles soient assez récentes. Et en effet, on enchaîne très vite sur une chouette descente où presque l'ensemble des comparses s'amuse carrément. Ça descend sur des caillasses, de façon assez raide, avec des passages sur gros rochers plats, avec quelques cassures. Les mauvaises surprises sont oubliées. Francky kiffe un peu moins ce passage, et doit parfois y aller à pied, mais descend avec bonne humeur.

On arrive ensuite au Rocher Saint Léon, où on prend quelques photos et où les Dubois font un peu d'escalade. Viennent ensuite la Grotte Saint Léon, puis la Chapelle Saint Léon. Il n'y en a que pour lui par ici. D'après Faby, c'est un Pape qui serait passé dans le coin qui aurait donné son nom à tout ça. Je suppose bêtement qu'il s'agit d'un Léon, mais Fab me répond très sérieusement que ce serait Pi XII ou un autre numéro. Bon, d'autres informations venant de Phiphi le lendemain me laisseront penser qu'il s'agissait bien d'un Léon.
Qu'est-ce qui est noir et orange, et grimpe partout ?
On reprend avec de belles montées en single, où Cyrille nous montre que ses difficultés techniques sont plus en ascension qu'en descente. En effet, sur certains endroits il faudrait parfois s'aider du pied, mais il n'arrive pas à déchausser avec son système Halakon. On lui avait dit de prendre du Shimano SPD, mais Môssieur a voulu acheter français. Moralité : il désenclenche systématiquement en descente pour éviter d'être bloqué, mais c'est en montée qu'il se vautre car il ne peut déchausser.

Qui dit montée, dit descente, et là franchement on est vernis. Du pur VTT ! On prend un pied fou. Je largue mon sac à plusieurs reprises en essayant de jumper un peu sur les quelques cailloux. Je trouve un système pour bloquer un peu avec un extenseur, mais je vérifie et réenclenche le mécanisme du porte-bagage à chaque arrêt. Les frères Dubois sont complètement fous et on se tire un peu la bourre. J'ai beau leur demander de laisser de la distance pour éviter de prendre mon sac, ils me collent au train comme des chiens renifleurs de cul. Francky quant à lui est un peu à la traîne, les mains crispées sur les freins. C'est sa première sur ce genre de chemins, on en a fait autant quand c'était notre tour.

On se rend compte avec surprise et joie que même si les montées sont raides et dures, comme nos jambes ce matin, elles se passent bien et la perspective de descendre après nous motive. Il faut néanmoins que je freine les Dubois. Dès qu'on croise un chemin plus étroit, plus raide, que ce soit en montée ou en descente, les frangins terribles me soufflent "à droite !", "à gauche !". Si ce n'est pas la Trace, je refuse. Faby insiste. "Singles !!!" hurle-t-il. Ma réponse est toujours la même : "Vas-y, j'te r'garde !" et je continue mon chemin. Dur labeur que de suivre la Trace.

On arrive à un endroit nommé Howalsch Platz, où Faby aiguille n'importe comment deux cyclistes allemands. On y mange notre sandwich et Cyrille nous parle du rocher derrière nous où, jadis, il avait fait descendre Faby et des copains en rappel avec des cordes inadaptées, mais qui par chance ont tenu. Fab souhaite nous y emmener après, mais si ce n'est pas sur la Trace, c'est no way !!! ;op

On remet en selle, et il s'avère qu'on passe proche du sommet du rocher. Exceptionnellement, j'accepte le détour, et je ne regrette pas. La vue est éblouissante.
Une vue à couper le souffle
On discute avec un gars du coin qui profite du paysage, et on remet en route, toujours sur du single très sympa. Franchement, autant le tout début était nul, autant la suite est grandiose. Du fun, du ludique, de la vitesse. On s'amuse à fond. A l'issue du dernier single descendant, je retrouve mes Dubois dans un ruisseau, et Francky ne tarde pas à les rejoindre.
Les ploufs brothers
Francky aussi aime l'eau... enfin pour mettre les pieds dedans 
On repart pour quitter la forêt. Moment pénible, on croise un terrain de foot où les pompiers essaient de réanimer un gars, a priori depuis 1h. Le type a 44 ans. Ça fait froid dans le dos.

Je ne sais pas si c'est lié ou non, mais on décide une pause peu de temps après. Faby fait remarquer à Francky qu'il n'a pas mangé son sandwich. Francky le lui propose 2 fois, mais Fab refuse. Je lui dis que s'il propose une 3ème fois, Fab craquera, mais Cyrille intervient et indique que lui en veut bien. Finalement, ils se le partagent tous les trois.

Il ne reste que 10 km, mais tous en montée, avec peut-être la variante expert. On croise le bar où Faby avait bu son fameux sirop, et Francky et moi proposons un arrêt bière. Cyrille n'a pas très envie car ça lui couperait les jambes, et Faby nous promet un autre bar à mi-parcours, qui ne viendra jamais, bien sûr. J'ai pourtant essayé de lui dire qu'on ne prenait la route que sur la fin...

Ça monte pas trop raide, et je me dis que si ça ne devient pas beaucoup plus dur, ça ne devrait pas être trop pénible. Mais ça, c'est sans compter sur les frère Dubois, qui décident d'imprimer un rythme, comme ça, juste pour casser les pattes. Faby justifiera que sa fistule lui fait moins mal s'il a mal aux jambes. Francky n'arrivera pas à suivre le rythme, Faby sautera à son tour, et finalement Cyrille lui même ralentira sa cadence au bout d'un moment. Après 5 bornes à monter, on est bien crevés. J'insulte gentiment les Frangins terribles, leur expliquant qu'on aurait pu monter sans trop de bobo à un rythme plus faible, mais je vois au sourire de Cyrille qu'il est bien content de lui.

On reprend plus doucement, et je suis contraint de m'arrêter à nouveau. Cette fois, c'est les vis ce mon petit plateau qui sont en train de se barrer. Heureusement que je m'en rends compte, car sans le petit plateau je ne ferais pas le malin. Je les ressers, utilisant l'outil de Cyrille qui a la bonne idée de contenir une clé Torx à la bonne taille, et on repart. On croise le moment où on peut passer sur le parcours expert. Le chemin qui y mène est tellement raide que même Cyrille n'a pas envie.

On continuera à un rythme plus raisonnable, jusqu'à rejoindre la route. Lorsque celle-ci bifurque au Dabo, on retrouve nos amis qui nous attendent. Michel, Éléonore et Nathalie sont là, mais aussi Lise et Flo, qui nous rejoignent pour la nuit. On s'arrête le temps d'un bisou et d'une chips, mais très vite on ressent le besoin de remettre en route et de finir cette étape.
Coucou les copains !!!
Et Francky est là aussi ! 
Pas lassé de faire le guignol, Cyrille propose une arrivée façon Tour de France et propose à Faby de prendre le premier relais. Naïf, celui-ci se donne sans compter sur les 500 premiers mètres de cette dernière ascension qui en compte 1500. Francky saute très vite. Je reste calé dans la roue de Cyrille. Quand Faby a tout donné, il propose à Cyrille d’enchaîner, mais celui-ci ne se contente pas de prendre les devants, il claque une accélération. Il nous prend rapidement plusieurs dizaines de mètres. Je regarde mon compteur : reste 800 mètres. Je ne m'affole pas. J'appuie un peu plus fort, mais sans trop donner. Faby n'arrive pas à garder ma roue. Petit à petit, je reviens sur Cyrille qui paie son attaque. Il reste moins de 500 mètres quand je suis presque à sa hauteur. Là ça se joue. Je décide que dès que je le rejoins, je lui place une attaque et lui montre qui est le patron. On est cons, hein ? C'est comme ça les mecs, ça fait la compét' tout le temps :o). Mais Cyrille est un malin, et quand je le rattrape, je n'ai pas le temps de grimper sur les pédales qu'il me lance : "On attend les autres pour arriver !". Le seul truc qui peut m'empêcher de lui mettre la fessée, c'est bien ça, mon esprit d'équipe. Du coup, je reste à sa hauteur, et on ralentit pour favoriser le retour de Faby, puis de Francky, suivi par la voiture d'assistance d’Éléonore et Michel. On aperçoit le sommet du rocher, c'est motivant.
Le sommet du rocher
On arrive tous les 4 triomphant en haut de la colline, juste sous le rocher du Dabo. L'euphorie est à son comble : les copains et copines sont là, à prendre des photos, et on se congratule. On s'était toujours dit avec Faby que lorsqu'on serait au Dabo, ce serait gagné. Plus rien ne pourrait nous empêcher de finir le Périple. Et c'est vraiment ce qu'on ressent.
We did it !
On y est !
Une dame nous prête gentiment son tuyau d'arrosage, ce qui nous permet de donner un vrai bon coup aux vélos.
Peut-être elle pensait qu'il n'y avait qu'un vélo ;op
Puis on se retrouve tous sur la terrasse de l'hôtel restaurant où on passera la nuit. On boit une bière géante, que Cyrille, ce coquin, fera doubler en cachette. On est bien, il fait beau, on est heureux, le temps s'arrête.
HEU-REUX !!!
Il finit quand même par se réenclencher et il faut aller se doucher avant le repas. Comme il y a peu de douches, on attend notre tour en se mettant tous à nos balcons. Nos chambres donnent toutes sur la belle vue sur la vallée, et on en profite pleinement en discutant.
Les Loreng
Les Dubois


La vue 
Et encore la vue
On se retrouve tous à notre grande table, où on mange une bonne blanquette en buvant du vin. Je crois qu'on est tous un peu éméchés en sortant du resto. On décide de faire un tour en haut du rocher. Il fait presque nuit, mais on profite de la vue quand même. On rigole quand même beaucoup, et on se félicite d'avoir choisi cet endroit pour la nuit. Que pouvait-on rêver de mieux qu'une arrivée au sommet, puis de rester là pour le repas et la nuit ?
Et ils montent encore !
Les rois du rocher et de la nuit
En parlant de la nuit, il faut quand même aller se coucher à un moment donné. Car on a beau avoir l'impression que c'est gagné, il reste encore une épreuve demain. Pour la première fois, on ne fera pas de dortoir, mais chacun dormira avec sa chacune, Cyrille et Francky devant se contenter l'un de l'autre. L'isolation phonique n'est pas au top, mais on ne traîne pas à s'endormir.

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