mardi 7 juillet 2015

Le Périple - Jour 2 (mercredi 24 juin 2015)

Lorsque l'heure du lever arrive, on est déjà tous réveillés dans le petit dortoir de la Flo. On se met vite en branle (j'entends déjà le rire gras de Mathieu en écrivant cette ligne) afin de ne pas prendre trop de retard au démarrage. Passage éclair en salle de bain, habillage, et on prend un excellent petit déj, comme à chaque fois chez la Flo. On a tous vaguement la tête dans l'arrière-train, mais ça va. Michel et Eléonore nous rejoignent alors que nous sommes en fin de petit-déj, et comme l'heure de décoller approche, on descend les vélos.

Une fois dans la rue, je leur mets un dernier petit coup d'huile parce qu'hier on a fait ça sommairement. Ce n'est pas du luxe, car le nettoyage dans la Moselle n'était pas des plus efficaces. Une fois la chaine huilée, on la fait passer sur les différents pignons et plateaux : ça devrait le faire pour aujourd'hui, ce serait bien de pouvoir donner un vrai coup ce soir. On prend quelques photos avant de partir.
Avec notre hôtesse
Avec notre accompagnatrice
Eléonore nous encourage par quelques coups de klaxon type "Caravane du Tour" de sa voiture transformé en véhicule d'assistance pour l'occasion.

Des chacals partout !!!
On donne les premiers coups de pédales à peu prêt à l'heure, et on se dirige vers la Moselle. Notre début de parcours la longe sur quelques kilomètres, afin de rejoindre le trajet de la marche Nancy-Metz. C'est Obo qui nous a conseillé cela et nous a fourni la trace. Ce début de parcours est super agréable, contrairement au Monsieur qui nous fera remarquer qu'on n'est pas du bon côté de la berge. Apparemment, un côté est réservé aux piétons-poussettes-enfantstrottinetteurs-monsieurpasaimables, l'autre est ouvert à tous. Dès qu'on croise un pont, on s'empresse de rejoindre l'autre rive, qui est encore plus agréable finalement, car le chemin est en terre.

On roule à rythme tranquille, on discute. On n'est que 4 ce matin, et l'absence de Jean-Yves et Mathieu nous attriste un peu. Mais bon, la vie continue, life is life chala lalala, et on profite d'être là. On roule 2 par 2, changeant régulièrement les duos, et on discute en profitant du paysage. On est heureux, on est libre, on est des loups (AHOUUUUUUUUU !!!)

On quitte les berges de la Moselle en traversant un pont aux escaliers abrupts au dessus d'un chemin de fer. On fait semblant de vouloir descendre les marches sur le vélo et Faby me dit "Dis à l'autre fou (i.e. Cyrille) de ne pas le faire pour de vrai !".

S'ensuit une partie du parcours dans les villages, les sous-bois, les champs et les collines de la Meurthe et Moselle. On finit par croiser une auberge. Oui, vous avez bien lu, une auberge, le rêve du Fab pour ce Périple étant de s'arrêter aux auberges le midi, et là on en a une vraie sous les yeux. Le truc c'est qu'il n'y a pas de terrasse, pas d'endroit sûr pour mettre les vélos, et puis on a nos sandwichs. Néanmoins, avec le soleil qui devient bien présent, une boisson en terrasse nous inspire bien. Des gens du coins nous indiquent qu'on devrait trouver une terrasse à Norroy, prochaine ville de taille raisonnable sur notre parcours, alors on décide de continuer.

Pour aller à Norroy, on se mange notre première difficulté du jour. On se disait bien qu'il fallait que ça commence à monter car la journée est quand même annoncée à 870m de D+. On est au milieu des champs, le soleil tape comme il faut, il n'y a pas un poil de vent, et les moustiques et autres taons nous ont repéré. Cette première difficulté nous rappelle qu'on a déjà roulé pas mal hier. Michel est obligé de faire un morceau à pied, car son petit plateau ne passe pas. Il n'aime de toute façon pas trop mouliner. Pour les 3 autres ça passe, mais on prend un peu de ravitaillement une fois qu'on a fait le plus dur, même si on est censé manger peu de temps après. Il vaut mieux s'alimenter avant qu'il ne soit trop tard.

On bascule au sommet vers Norroy. Là, la trace nous demande de vite quitter la ville, mais l'idée de la Terrasse reste dans nos têtes. Fab descend un peu la rue et demande à des autochtones. J'explique aux copains que quoiqu'il arrive, il nous fera signe de le rejoindre. En effet, soit les gens lui auront indiqué une terrasse, soit il voudra qu'on le rejoigne pour en rechercher une. Mais assurément, il ne voudra pas remonter la côte. Evidemment, à peine ai-je expliqué cela que Fab nous fait le geste caractéristique du bras lancé vers le haut. Faites-lui confiance les copains, il sait où il va !

Il y a bien une terrasse à Norroy, mais tout en bas de la ville. On descend tout le D+ difficilement gagné pour trouver un petit routier au bord de l'axe principal. Néanmoins, il a de la place en terrasse, il sert des bières et des steak-hachés/fromage/patates rissolées. On s'installe et on se régale avec la pression bien fraiche (ou le coca pour Michel et Cyrille).
La terrasse tant espérée
Le repas est simple, mais on le trouve délicieux. Le patron nous fait rigoler : il se moque des cyclistes, demande à Faby s'il n'est pas de Belleville et nous fait d'autres tirades propres à ce type d'établissement. Tout au long de ce déjeuner, on a en tête le fait de devoir remonter toute cette côte qu'on a descendu à toute blinde pendant si longtemps. Ca va être dur de reprendre. Du coup, on se laisse tenter par le dessert. Je prends une glace pistache, mais il n'y en a plus, alors je tente menthe/chocolat, puisque c'est la même couleur (dixit le monsieur). Elle est givrée et pas très bonne, mais peu importe. Après le café (bien meilleur que le schnellcafé de la veille), on reprend nos monture, à l'assaut de cette pente si effrayante.
Miam !
En fait, ça se passe très bien. Comme on est sur bitume, on n'a pas de difficulté technique, et on arrive sur notre trace en quelques minutes seulement, à peine essouflés. On reprend donc notre Trace "marche Nancy-Metz", le coeur léger.

Ce parcours est bien sympa, car il alterne petits villages et forêts, tout en restant un peu sur les hauteurs. On profite d'un paysage Meurthe et Mosellan bien mis en valeur par le soleil d'été. A la traversée d'un village, on se retrouve dans une rue en descente bloquée par des travaux. On n'a pas très envie de remonter pour contourner, et les ouvriers, sympas, nous laissent passer. Les Dubois passent d'abord, je suis. Un des ouvriers me dit "ça fera 10 euros par personne". Je réponds que c'est le dernier qui paie. Du coup, il demande 40 euros à Michel, qui rétorque que le trésorier est devant ! C'est bon enfant, ça sent les vacances.

Ca se remet à monter fermement. On traverse une forêt par les chemins, et on croise une colo en VTT qui monte par la route. On fait un peu les guignols, indiquant que pour nous c'est trop facile, alors qu'on se leste avec des pavés dans le sac. On est content d'expliquer notre parcours aux monos, qui ont l'air impressionnés. Michel décide de monter la suite du chemin sur le vélo, histoire de maintenir le mythe auprès des jeunes. Cependant, une fois qu'on sera en haut de cette montée et qu'on a rejoint un autre petit village, il décidera de continuer par les bords de la Moselle. Il reste encore pas mal de D+ et il ne se sent pas les jambes de tout faire. Autant profiter qu'on est encore dans des coins connus pour qu'il s'économise un peu. Fab arrête des passantes (trois dames dans la fleur de l'âge, exactement dans le type qui fait craquer notre libertin suave) qui nous indiquent où on est (Jezainville je crois), et nous parlent des "collinettes" avoisinantes. L'une d'elle nous raconte comment elle les franchissait chaque jour sur sa bicyclette pour aller à l'école quand elle était jeune, comptant les arbres sur le bord de la route pour se motiver lorsque le vent soufflait fort. On hésite entre l'émotion d'une dame se rémorrant sa jeunesse et l'envie de la tabasser quand elle nous dit que c'est pas grand chose les pentes qu'on a fait.

On remonte en selle, Michel partant de son côté, les 3 autres suivant la Trace. Direct, ça se remet à monter pour les Dubois et moi. Des colinettes, mon cul ! Ca grimpe quand même pas mal. N'ayant pas été très calculateur la veille sur les dépenses énergétiques, je me cale sur un rythme cardiaque pour ne pas trop fatiguer l'organisme. Ca va être long, le Périple, il faut pas déconner. Fab commence à avoir mal aux fesses. Il me demande si c'est mon cas, et je lui réponds la vérité, à savoir que non, tout va bien. Je sens que ça l'affecte, et du coup je lui dis :"ah, pardon, j'avais pas compris. Ah, si, si, si, j'ai mal". Il voit à mon sourire que je me moque un peu, mais il a besoin de ne pas être seul à avoir mal. Du coup, pour le reste de la journée, je répondrai à chacune de ses demandes du type "T'as pas mal à ...?" par "Ah si, à mort !" tout en me marrant très ouvertement. :o)

Au bout d'un moment (genre vers 16h-16h30), les frères Dubois ont faim. Cyrille décide de manger "un bout" du sandwich de midi non consommé pour cause de terrasse. Finalement, on engloutit tous les trois notre casse-croûte en entier. Avant de remettre en route, Fab et Cyrille s'allègent un peu, et me permettent de prendre ce superbe cliché illustrant les techniques de pipi différentes : par dessous la jambe pour Cyrille, par dessus le nombril pour Faby. Admirez, c'est cadeau
Différence de style
On finit par arriver à Frouard, après une dernière belle longue montée, et la descente ludique qui s'ensuit. Michel nous a indiqué nous attendre au pont au dessus de la Moselle depuis 1h, mais en fait ça ne devait pas être le bon pont. On paume facile 30 minutes pour se retrouver, mais la réunification se fait sur la presqu'île entre la canal de la Marne au Rhin et la Meurthe.

Ici, il ne reste que du plat, sur de la voie verte. Je reconnais le chemin déjà emprunté avec Obo (on est dans son domaine) et du coup je ne rate pas le petit terrain de cross où les frangins terribles s'en donnent à coeur joie. En repartant, on se fait doubler par trois routards, et je gueule "allez les Dubois, on prend la roue". Voilà alors nos 4 vététistes, chargés comme pas permis, roulant à plus de 30 km/h dans la roue des routards. Ca va, ils sont sympas et ça les fait plutôt rigoler. Mais surtout ils arrivent pas à nous larguer. Qui parlait de s'économiser tout à l'heure ? On papote un peu avec eux au moment de se séparer.

On arrive finalement à Dommartin sous Amance vers 19h. Il fait encore beau quand on gravit la petite côte vers la ferme où nous serons hébergés. Faby râle déjà à l'idée de passer la nuit avec tous ses amis : le crin de cheval, le foin et autres allergènes.

On est "accueillis" par notre hôte, que pour des raisons d'anonymat nous appellerons M. Grosgérard. Celui-ci nous attend en haut de quelques marches de sa maison, attendant que nous fassions les premiers pas pour le saluer. Fab lui demande si on peut laver les vélos, il répond d'abord que l'eau est chère, puis nous conduit à l'endroit où il lave ses tracteurs. Il nous fournit un karcher tellement puissant qu'on prend un coup de recul à chaque pression sur la gachette. On lave donc nos vélos rapidement, mais de loin, parce qu'on a peur des les abîmer. M. Grosgérard nous expliquera que ça, c'est pas un karcher de péday !!!

Fab (c'est lui notre émissaire auprès de notre hôte) demande où on peut ranger les vélos. Le site internet sur lequel on a repéré la chambre d'hôte indiquait bien un endroit où les stocker. Le gars nous répond qu'on peut les poser la, dans la cour. Il n'y a pas de voleur par ici, et sinon les chiens l'attaquent, même que c'est des chiens de chasse, qu'il en a perdu plein tués par des sangliers, que du coup il les fait s'accoupler dès 1 an et demi au lieu de 3 ans, parce que bon, ça suffit les conneries; et que si les chiens aboient il sort avec son fusil. On retient donc qu'on n'ira pas vérifier les vélos pendant la nuit, sous peine de se faire plomber les mollets.

M. Grosgérard nous montre ensuite nos chambres. Une petite, qu'il présente comme celle de l'Ancien (aka Michel), ce à quoi nous lui rétorquons que nous préférons l'appeler le Vénérable. Cette chambrée dispose d'un lit à baldaquin en bambou, et il demande à Michel de bien vouloir ne pas faire trop d'accrobaties le soir. Il nous présente ensuite notre dortoir pour 4, muni d'un grand lit, à baldaquin également, que nous refourgons aux frangins, et deux petits lits, donc un équipé d'une parure de lit Hello Kitty ! Je n'y résiste pas, je me l'attribue.

Sur ces entrefaits arrivent simultanément Eléonore (en voiture) et Francky (à vélo). Francky, c'est le copain d'armée de Faby et il est picard. A peine arrivé, il nous sort une petite bouteille qui après deviendra sa gourde mais qui pour le moment contient du whisky. Nous fêtons donc l'arrivée de Francky en prenant l'apéro sur la toile cirée collante de l'espace commun. On commence à se parler ch'ti avec Francky et je sens très vite que le courant va bien passer entre nous.

Francky ! Le Whisky !!!
Pour le repas du soir, M. Grosgérard nous a indiqué qu'il y avait "juste en bas" un Courtepaille ou un Buffalo. On décide de s'y rendre, mais en voiture. Bien nous en a pris, c'était méga loin en fait. Il nous faudra 2 trajets pour y aller, un seul pour revenir. Mais 4 à l'arrière d'une clio, c'est quand même étroit, mais rigolo :o)

De retour au dortoir, on se met en condition pour dormir : Sétavlon sur les fesses pour soigner les douleurs, et dentifrice sur les dents. Sauf pour Faby... Je le vois enfourner sa brosse en dent, commencer à brosser, me regarder avec un air interrogateur, remettre une coup de brosse puis brailler en crachant. Il a du inverser les deux tubes et se brosser les dents avec la crème pour les fesses. Il dira plus tard qu'à partir de là il a eu les gencives très douces. On a pris un fou rire que nos voisins de chambrée ont bien entendu. Cyrille, épuisé, s'endort en plein milieu de cette hilarité générale. Les 3 autres ne font pas long feu.



Sous ma couette Hello Kitty !, je passe ma meilleure nuit du Périple...

4 commentaires:

Flo a dit…

Sans commentaire ;-)

Francky et Céline a dit…

Que du bonheur !!
J’ai presque envie de monter sur le vélo et de vous rejoindre chez Grandidier.
J’ai hâte de pouvoir lire la suite.
Merci pour ce compte-rendu et bravo.

Francky, le tracteur

Fabulous Fab a dit…

Encore un super compte rendu, j'ai lu ça hier soir dans mon lit, et j'ai tellement ri que j'ai réveillé Nathalie plusieurs fois.
Bravo Olivier, pour retranscrire de façon aussi magistrale tous les détails du périple.
Faby

Obo a dit…

Super récit, comme d'hab. Par contre, vous avez quand même dû passer un sacré temps à ripailler les gars, pauses comprises vous n'êtes pas allés plus vite que moi à pattes sur le même parcours en 2011 (https://www.strava.com/activities/9770310) ;-)
Vivement la suite, Dubinou, que fais-tu (et au passage, si tu mettais un tag "périple" sur tous tes articles, on les listerait plus facilement ;-)) ?