mercredi 22 juillet 2015

L'Etape du Tour 2015 en famille : Glandon pas trop, pasqu'il fait chaud !

Chapitre 1 - Le bien avant
Après une belle 1ère dans les Pyrénées malgré des conditions difficiles en 2014 (2900ème et quelques sur 14000, très bon pour mon petit niveau, voir >>ici<<) s'est posée en novembre dernier la question d'une nouvelle participation.
Et mes lecteurs fidèles et compagnons de route le savent déjà, je n'aime pas courir à nouveau à une épreuve m'ayant laissé un bon souvenir (cf. les 220km des 3 ballons 2014, mon meilleur moment de vélo). Sauf à y trouver un nouvel intérêt. J'étais donc particulièrement indécis, d'autant plus qu'un heureux événement étant prévu pour le mois de mai à venir, je me doutais bien que j'allais faire du fractionné en 2015, mais plus sur les heures de sommeil que sur le vélo !
Bref. Je me suis tourné vers Dany Boy (mon papa, pour ceux qui l'ignore), 68 ans, ancien alpiniste émérite (le redoutable "Vieux Bouquetin des Cimes") et pédaleur devant l'éternel. L'objectif : passer la ligne d'arrivée ensemble, père et fils. Il a dit "oui". Puis "pas sûr". Puis "peut-être". Puis "Oui" à nouveau. Et il n'a - presque - plus varié...
C'est pas tentant, ça ?
Il faut dire que le programme était attractif : 140 km entre St Jean de Maurienne et la Toussuire, 1 col de 2ème catégorie, 2 cols de 1ère catégorie, et 1 hors catégorie (le Glandon), pour 4600m de dénivelé cumulé annoncé (pour situer 4600m de dénivelé, c'est 43 Bitchy, ou un Mont Blanc depuis Chamonix + 3 tours Eiffel, ou une très longue côte de 92km à 5%). 
Nous nous sommes ensuite entraînés chacun de notre côté : lui multipliant les sorties (pas loin de 7000km en 7 mois avant l'EDT), moi limitant la casse au mieux entre deux biberons (kilométrage seulement 10% inférieur à l'année dernière, mais seulement 6 sorties de 100km+ en 6 mois).
Avec quelques sorties communes pour contrôler l'état de forme (une rando organisée, une cyclosportive réussie - classés dans le 1er tiers en roulant en dedans, et 2 escapades vosgiennes), nous sommes arrivés au jour J avec de mon côté le sentiment que ça passerait tranquillement en mode rando / ravito / plaisir à gogo. Et qu'il faudrait freiner le Dany pour qu'il ne nous brûle pas les ailes... 

Chapitre 2 - Le juste avant
A J-2, 6h45, dans la foulée du biberon du matin, je roule en direction les Alpes. Dany et Lulu sont déjà au camp de base au sommet du Col du Mollard. Il reste à retirer les dossards et à tenter de faire une nuit complète de sommeil, une vraie belle grosse nuit, au réveil naturel, ce serait la 1ère depuis... ...looooongtemps... D'autant qu'à J tout court, le réveil sonnera à 5h45...


En tout cas, jusqu'ici, tout va bien !

Il n'est pas classe, Dany, en kilt ? ;-)
Quant à la très bonne nuit, on oubliera : mais comme le dit Lulu la marmotte, ce n'est de toute façon pas en 1 nuit que tu rattrapes 3 mois de manque de sommeil.
Chapitre 3 - Le début du pendant
Frais comme des gardons
A force d'avoir souhaité du beau temps (ras la casquette des cyclos sous la pluie), il fait chaud le jour J. Au moment du départ, un peu avant 8h, c'est très agréable. On attaque donc dans la bonne humeur, résolu à avancer à rythme modéré et à faire méthodiquement l'ensemble des ravitos.


On est tellement résolu que je n'ai pris qu'une gourde. Ben oui. Je la re-remplirai aux ravitos. Malin. 

Chapitre 4 - Les incidents
Le col de Chaussy se monte assez facilement, quand un cycliste arrêté sur le bord de la route tente de se réinsérer dans le flux juste devant Dany. Qui l'évite. Qui pose pied. Qui tente de redémarrer en côte. Qui loupe la pédale. Bref, qui choit au ralenti.
Plus de peur que de mal, mais un genou abîmé dès le 15ème kilomètre, une selle tordue à re-régler, et un redémarrage poussif...
Et ce n'est pas fini, puisque nous sommes ensuite coincés dans la descente du col du Chaussy pendant de longues minutes par un crash survenu un peu plus bas. Quand ça redémarre enfin, c'est à pieds sur quelques centaines de mètres.


Puis erreur d'appréciation, nous zappons accidentellement le ravito solide du retour en plaine (que nous croyons être un ravito liquide), et nous choisissons de rouler très cool sur les kilomètres à peine vallonés qui mènent au Glandon. Mal nous en prend, en allant à peine plus vite nous aurions évité le 2ème arrêt forcé (même cause que le précédent, avec arrivée d'hélico), qui nous bloque 20 bonnes minutes.


Bref, à cet instant :

  • tous les participants des sas partis après nous nous ont rejoint au point de neutralisation pour s'agglutiner en un énorme peloton, ce qui ne va pas fluidifier le trafic dans le Glandon,
  • nous commençons à avoir faim,
  • mon unique gourde n'a pas fait de petits. Ca sent bon !

Chapitre 5 - la Croix de Fer chauffée à blanc
Car dans le Glandon, il fait chaud. 35 degrés d'après le Garmin, malgré l'altitude. On l'attaque à la cool, puisque l'idée initiale était d'en garder jusqu'au Mollard et - éventuellement ;-) - d'accélérer dans l'ascension finale sur la Toussuire (si on en a sous la pédale, dixit le père).
Eh bien je le finirai à la cool également, car à quelques kilomètres du sommet, les symptômes ne trompent pas : chair de poule, légères nausées, c'est un début d'insolation et de déshydratation...

Les lacets du Glandon...
...Avant le passage de l'étape
Dany Boy, lui, est dans ses températures de confort. Il fait même plus frais que quand il s'entraîne à Maussane : la canicule ne passera pas par lui, il continue à grimper allègrement !
Moi je gère au mieux pour ne pas rester dans le rouge, ce qui oblige à un rythme assez modéré...

La chochotte de la chaleur en inaction :-)
Arrivé au sommet, heureusement, on pique sur Saint Jean D'Arves par une longue descente qui permet sinon de se rafraîchir, du moins de stabiliser la situation.


Col de la Croix de Fer, paysages magnifiques !
(bon, on a chaud, mais comme on est en mode rando, on prend le temps de filmer de l'intérieur avec l'iPhone ;-)

Et ça va donc bien mieux dans le Mollard qu'on monte plus gaillardement, même si Dany est victime d'une petite crampe. Arrivés au sommet, on cumule déjà 3500 mètres de dénivelés.

Le ravito du Mollard, on ne crache pas dessus !!


Un coucou à Lulu venue nous soutenir, une douche intégrale au jet d'eau, et c'est la descente dans la vallée. Il ne reste plus que la montée finale, encore 1100m de D+ à ajouter à ce gros gâteau montagneux.


Le coupe-vent va durer quelques centaines de mètres avant que Dany ne demande un arrêt pour sortir de l'étuve !

Chapitre 6 - le coup de très chaud
Relativement rafraîchi, on attaque suffisamment bien cette dernière ascension pour que Dany me demande de ralentir à deux reprises. Ca ne durera pas : il fait 37 degrés, et après quelques kilomètres, j'alterne entre les côtés droit et gauche de la route pour chercher l'ombre, qui finit par disparaître avec les sapins. Je n'ai même plus soif, ce qui n'est pas en soi un excellent signe...
La fin sera donc particulièrement jouissive, entre tête dans les fontaines, monogourde alternativement bue et transformée en douche de fortune, crampes, et kilomètres interminables. Heureusement, mon chameau de père semble grimper sans souffrir, je l'ai en ligne de mire, certain qu'on ira au bout.

Epilogue - 107 ans de Boulanger à l'arrivée
Et effectivement, après 8h45 de selle, c'est donc un excellent moment que cette arrivée père fils : les 2 générations de Boulanger sont finishers. Dany Boy est plus que content, il sourit à pleines dents. Moi aussi. :-)



Grillés comme des sardines
Dany's personal guinness book

Le contrat est donc pleinement rempli : des paysages magnifiques, de belles difficultés, ce qu'il faut de souffrance pour se forger des souvenirs, et l'envie commune d'y retourner l'année prochaine. Nous aurons 109 ans certes, mais les enfants auront grandi - un peu, et la forme n'en sera que meilleure ! ;-)
Quelques annexes...
Un des reportages de France 3 : http://france3-regions.francetvinfo.fr/alpes/savoie/savoie-l-etape-du-tour-une-aventure-humaine-inoubliable-773243.html
Dany Boy dans Strava : https://www.strava.com/athletes/8725594
Le site de l'EDT : http://www.letapedutour.com



10 commentaires:

Olivier a dit…

J'adore, comme toujours !
Mention spéciale au jeu de mot sur le col du Mollard, que tu as su faire très délicat.
J'aime bien aussi le première photo de vous deux sur les vélos qui vient après la phrase "Dany sourit de toutes ses dents, moi aussi". Vous avez l'air tellement heureux sur cette image ;op

Bon j'aime autant te dire : le CR est super sympa, mais ça donne pas envie.

Olivier a dit…

Ah, et puis félicitations à vous deux, bien-sûr !!!

Obo a dit…

Dis donc tu lis plus vite qu'on écrit. J'aimerais pas cuisiner pour toi...
Mais regarde donc toutes ces belles photos de routes mythiques, mate l'étape vendredi à la TV, et tu verras, ça te titilleras... ;-)

Obo a dit…

Au passage, video à venir, produite par Dany... Ca va être sympa aussi...

Pixs a dit…

Encore bravo à vous deux ! Cette édition était loin d'être la plus facile, je sais de quoi je parle ^^ RDV l'année prochaine.

Lucette Simon-Boulanger a dit…

Témoignage au Col de Mollard

Les Aiguilles d’Arves sont les seules à rester dressées. Dans un ciel bleu comme une nuisance. Ils passent. Montant les derniers mètres du col du Mollard. Courbés. Les mains crispées au guidon. Quelques-uns asphyxiés, titubants, crampés. Parfois pied à terre, poussant leurs vélos, revenus du pire, indifférents. J’en peux plus. C’est fini. D’autres toujours fringants. Tapant dans la main tendue des enfants. Avec un sourire. On leur jette des gourdes d’eau !….
Je cherche l’ombre rare. Je ne vois pas mes titans. Derrière mes lunettes de soleil, ça se brouille un peu. Tant de retard. Trop de retard… Et ce flux incessant, qui m’hypnotise. Ils se ressemblent tous, pourtant si différents. Un hélicoptère tournoie, comme un oiseau de proie… Ou de mauvais augure ? Ses pales bousculent à peine la canicule. Des motos de sécurité klaxonnent. Des véhicules de premiers secours…On applaudit autour de moi, surtout les femmes… Bravo, Madame ! Discrimination positive...
Tout à coup, un signe, alerte encore ! Olivier ! Et à ses côtés, Dany. Survivants tous les deux de la Croix de Fer et de son calvaire ! Je n’ai pas le temps d’agiter la tapette à mouches achetée au Sherpa, sur laquelle j’ai collé une page d’album à colorier (18 mois), Allez Doudou ! Allez Dany ! Je les suis comme je peux jusqu’au point ravitaillement. Débordé. Bénévoles saturés. Je m’y faufile difficilement. Les vélos s’enchevêtrent. Les regards aussi, épuisés. Olivier s’asperge au tuyau d’arrosage, puis sans saisir le verre qu’on lui tend, boit à la régalade une grande bouteille de jus d’orange. Dany prend, lui, un bol d’eau fraîche… et filme… Mais ils repartent. Il faut rattraper le temps… vraiment perdu ? Enfile ton blouson Dany. Le vent de la descente, voyons ! Tu es trempé ! Et leurs dos jaunes disparaissent vite.
Champ de bataille autour de moi. En déroute. Corps affalés sur les talus. Parfois déchaussés. Machines abandonnées. C’est dur, me dit un cycliste, en souriant malgré tout. Je m’éloigne sur un sentier. Je veux guetter seule le texto Arrivés ! Il me parvient à 18 h.
Les Aiguilles d’Arves ne sont plus les seules à se dresser fièrement.

Obo a dit…

Eh bien voilà un commentaire qui mériterait d'être un article, Lulu.
Pour les textos, Stéphanie s'est plaint à l'organisation de leur arrivée en retard et dans le désordre. Il y a dû en avoir des "suiveurs" inquiets alors qu'il n'y avait pas lieu !

Team POC a dit…

Voilà un commentaire qui aurait pu être un post à part entière ! On s'y croirait ! Vous avez raison d'être fière, ces deux là sont de sacrés numéros.

Team POC a dit…

Ah bah on a répondu en même temps avec Obo, et apparemment on est d'accord :0)

Unknown a dit…

Quel commentaire Lulu ! Impossible de passer après ça si ce n'est pour te dire bravo et féliciter encore bien sûr les champions ! Respect !