dimanche 12 juillet 2015

Le Périple - Jour 3 (jeudi 25 juin 2015)

On se réveille de bonne heure, la lumière du jour traversant les persiennes des volets de la ferme que Faby avait tiré la veille. A nouveau nous n'avons pas eu besoin du réveil. Je suis content car j'ai fait une nuit pleine, et ça, c'est une bonne idée après avoir déjà roulé deux jours. Je sens néanmoins que mes jambes sont lourdes. On se prépare avant de descendre au petit dej, histoire de pouvoir mettre en route assez vite après. L'étape du jour annonce plus de 80 bornes, donc il ne faut pas traîner.

La grande table du petit déjeuner est attirante. Cependant, quand on se penche de plus prêt sur les produits, on est un peu moins jouasse. En ôtant le couvercle du pot de nutella, Fab constate que l'opercule de celui-ci est brun, comme s'il avait un peu d'âge. Pourtant le pot est quasiment plein. Le goutage de l'expert est sans appel : ce pot a été rechargé avec du FAUX NUTELLA !!! Un crime !
Francky essaie de prendre le miel sur le plateau, mais il lui faudra ses deux mains pour l'arracher, celui-ci ayant été collé par la substance des abeilles. 
Eléonore redemande du pain, et s'étonne de la chaleur de celui-ci. M. Grosgérard lui explique que le pain vient des Vosges, et qu'il vient d'être décongelé.
On ajoute à cela une affabilité, amabilité et spiritualité toujours incomparable de notre hôte, et vous obtenez le meilleur petit déjeuner du monde. Remarquez, je donne des excuses à M. Grosgérard. On est tellement goguenards, ricanant à chaque trouvaille, que ça ne doit pas le rendre hyper joyeux. Dans l'absolu, on passe un excellent moment.

Le petit déjeuner fini, on termine de préparer notre matos, on huile les vélos, je force Fab à accrocher lui-même son sac (pourtant je le fais "siiiii biiiieeeennnn !!!"). On prend une dernière photo devant notre hébergement, avec un magnifique cerf en toile de fond.
La fine équipe, devant le cerf et à côté du chien de chasse de l'extrême
Mes jambes sont bien lourdes lors des premiers tours de pédales. Je sens bien mes quadriceps qui brûlent un peu. Voulant rassurez Faby qui avait mal aux fesses hier, je vais le voir et lui dis : "Ouah ! J'ai mal aux jambes ce matin !". Lui me regarde et répond : "Moi pas du tout. Et j'ai même pas mal au cul". Ah ouais ! C'est comme ça maintenant ? A partir de là, à chaque fois que l'un d'entre nous demandera aux autres "Vous n'avez pas mal aux jambes (ou au cul) ?", la réponse sera systématiquement "Non, pas du tout et toi ?" et le premier de répondre "Moi non plus". Fini la compassion désormais ! On ne montrera plus ses faiblesses ;op

Ce matin, nous sommes 5 au départ. Ce sont les grands débuts de Francky avec le team. Dès les premières montées, il nous montre sa façon de les aborder qui est très proche de celle de Jean-Yves : le tracteur style. A chaque fois que ça grimpe, on se fait tous passer en revue un par un par notre Francky, le cul vissé sur le vélo, embarquant un gros braquet, et écrasant ses pédales avec forces. Fab se met à l'appeler tracteur, ce que Francky n'a pas l'air de particulièrement apprécier. Du coup, je lui chante la chanson des Fatals Picards "J'te raconte mon rêve", dont le refrain fais "J'étais un Tracteeeeuuuuurrrrr !!!!". Ca colle quand même trop bien, pour un tracteur picard ! Je vous mets le lien pour que vous puissiez réaliser ce que cela fait. Imaginez vous sur un vélo, dans une montée, avec le soleil qui cogne, vous pédalez fort, et quand vous dépassez quelqu'un, vous entendez ça (cliquez sur le ça). Et bien Francky, il y a eu droit pendant 3 jours. Chaque fois qu'il dépassez Faby ou moi, c'est-à-dire à chaque montée quasiment, on hurlait "Tracteuuuuuuuuuur !!!". Au début ça l'a amusé, puis ça a commencé à le saouler je crois. Mais au bout de 3 jours de franche camaraderie, je pense que pour lui aussi c'était fun !

Le début de parcours est assez vallonné. Ça monte souvent, assez raide, parmi les champs, donc le soleil nous fait également du mal. Michel est parfois obligé de monter à pied, et même Francky est obligé de s'hydrater. 
Non seulement il boit, mais en plus c'est de l'eau !
On finit quand même par retrouver un peu d'arbres, mais ça reste globalement champêtre. On doit traverser un petit fossé par le truchement d'un pont de bois. Je m'engage en premier, assez sûr de moi. Mais il y a des orties qui dépassent un peu, et je décide des les éviter. Je plante alors ma roue entre les deux planches qui font le pont, et me casse la gueule à plat ventre dans le fossé, qui lui est plein de ronces. Pas de bobo, mais quelques griffures, donc une magnifique sur le bout du nez. Ça fait bien rire mes comparses. Moi aussi, à vrai dire. Michel, prévoyant, avait apporté du désinfectant en spray et me le prête immédiatement. On désinfecte en vitesse, et on remet en route.
C'est exactement ce que je voulais faire !!!
On a rapidement faim. A croire que le petit déjeuner ne nous a pas plu. En arrivant à Vic Sur Seille, les frères Dubois interpellent deux personnes dans la rue pour leur demander conseil pour manger. Ils nous indiquent gentiment une petit place où on peut trouver deux ou trois restos. Fab est convaincu que si on avait été moins ils nous auraient invités chez eux. Mouais, pas sûr... En tout cas ils étaient bien sympas. On les a même recroisé après avoir mangé, et ils se sont arrêtés pour s'assurer que leurs conseils avaient été bon. J'aime le suivi qualité des autochtones :o)

On arrive à cette fameuse place, et effectivement à quelques dizaines de mètres d'écart les uns des autres, il y a deux restos, un bar et une pizzéria. Là commence le balais des Dubois. Chacun partant dans une direction différente, ils analysent, étudient, et évaluent les différentes possibilités. En vieux loups de mer habitués avec Faby, Michel et moi nous plantons au milieu de la place et attendons les signes indiquant une décision fiable. Cyrille essaie à un endroit mais se fait jeter, Faby regarde la pizzéria, mais il n'y a pas de terrasse, il part dans l'autre sens. Cyrille va voir la pizzérias, demande quelque chose, et nous appelle, du signe caractéristique du bras expliqué sur le jour 2. On sent que c'est bon, et on y va. En fait, il y avait une terrasse, de l'autre côté de la route.

On commence par l'apéro. Francky et moi nous lançons sur le Picon (on en enfilera 2 chacun, miam !), Cyrille et Michel sont sages et prennent un coca. Je suis impressionné par la sagesse de Michel. Que ce mange-graine de Cyrille boive du sans alcool, ok, pourquoi pas. Mais notre Michel national, que dis-je, européen, dignitaire de la confrérie de ceux qui trinquent en l'honneur de Robert Schuman, fait preuve d'une sagesse qui l'honore. Faby quant à lui, commande une bière et un coussin pour mettre sous ses fesses. Il déclenche l'hilarité générale, y compris chez la serveuse, qui lui proposera néanmoins son oreiller de voiture. 
Un grand verre de bonheur
Vous dire qu'on passe un super moment sur cette terrasse un euphémisme. Les pizzas sont excellentes, les bières fraiches, le soleil brille et les copains sont de bonne humeur. On reste la facilement 1h30, mais il faut quand même remettre en route. En effet, en général on préfère s'arrêter au-delà de la mi-parcours pour qu'il reste moins à parcourir une fois qu'on remet en route que ce qu'on a déjà fait, mais cette fois on est à l'inverse. On a fait 30 bornes et il en reste une cinquantaine.

Heureusement, la suite du parcours n'est pas très bosselée, et on est plutôt en mode balade. Il fait très chaud, et Cyrille en profite pour parfaire son bronzage. Déjà que je râle quand il ne met pas son casque, mais que dire s'il ne porte rien sur le dos ?
M. cyclopède nudiste
 Je profite également de ce moment calme pour prendre une photo sur le vélo, car les personnes qui suivent nos aventures en direct sur Facebook se plaignent de ne nous voir qu'en terrasse, jamais sur les biclous. Vous pouvez en profitez pour revoir Cyrille tout nu, le maillot non homologué de Francky, et ma belle griffe sur le nez qui inspira un poème à Gros Paquet.
Quand on allait de bon matin, quand on allait sur les chemins...
Mine de rien, on roule bien, mais on a quelques péripéties. On se fait dépasser sur la route pour un gamin sur son vélo qui grince. Celui-ci mouline de toutes ses forces afin de nous distancer, il n'en faut pas plus pour motiver les frères Dubois à le poursuivre. On reste un peu derrière lui, et l'un des deux frangins, je ne sais plus lequel, lui dit "allez, il faut encore nous emmener sur 30 km !!!" Ca surprend et amuse le gosse, mais on finit par bifurquer dans la forêt. 

Et quand je dis dans la forêt, c'est au sens littéral. La Trace, qui suit pourtant le GR5, nous emmène dans un chemin blindé d'arbres couchés dans tous les sens. Il faut porter le vélo, enjamber, se griffer sur le branches. Très vite, je suis prêt à dévier le Trace sacrée, mais les Dubois nous incitent à continuer. A tort, parce que c'est vraiment la galère. Ça nous pompe pas mal d'énergie. 
1 kilomètre à pied, ça use, ça use !!!
Et de l'énergie, j'en aurai besoin un peu plus tard, quand je crève ma roue avant sur un chemin tout bête en caillou. Ça fait bien plaisir au Fab, qui du coup se moque du fait que je sois en tubeless et que je crève quand même. Vu la taille du trou, je pense que ça n'a rien à voir, mais ça lui fait toujours plaisir de critiquer les tubeless. Qui a parlé de jalousie ? Mais non, voyons ;op. Le liquide préventif ne réussit pas à colmater la fuite, je dois réparer. Pendant ce temps, mais copains se reposent un peu. Faby prend quelques photos et consomme son 32ème Turbo Boost (si, si, Francky a compté).
Différents types de coups de pompe
Ce sont des exercices d'étirement
Le fakir
Il nous reste 12 kilomètres à parcourir quand on arrive à Rhodes. Là, Cyrille nous annonce qu'il y a un bar, et on accepte de descendre sur quelques centaines de mètres, en sachant qu'il faudra remonter (ça ne vous rappelle rien ?), pour aller se désaltérer. On trouve le bar Nautic, où on se rafraîchit. Dans les commentaires que j'ai reçu sur les photos suivantes, tout le monde s'accordait à trouver à nos héros un air un peu fatigué.
On pète le feu
Wouhou, la grosse patate !
Cyrille demande à la serveuse si on peut se baigner dans l'étang. Elle lui répond qu'officiellement non, mais que d'un point de vue sanitaire cela ne posait aucun problème car l'eau est presque potable grâce aux roseaux. Ni une, ni deux, on se retrouve au bout du ponton, où notre labrador vire toutes ses fringues. Je le vois, face à moi, dos au ponton, avec une sourire énorme sur le visage. Un instant plus tard, il effectue un salto arrière pour entrer dans l'eau, et barbote dans un étang pour le moins... trouble. Pour de l'eau presque potable, c'est quand même assez marron... Cyrille ne s'en laisse pas compter et nous effectue une magnifique baleine blanche à deux bosses.
Il nage bien le chef, hein Tassin ?
La baleine blanche !!!
Après avoir laissé notre labrador nager un peu, on repart le long du canal pour rejoindre notre gîte. Le propriétaire s'impatiente d'ailleurs un peu et appelle Faby alors que nous sommes à 5 km. On y retrouve Éléonore, en train de faire le tour du propriétaire. C'est un très joli endroit, très bien refait. On y occupera un dortoir à 4, Michel et Éléonore partageant une chambre voisine. Il n'y a que nous, et on aimerait bien profiter à fond de cet endroit.

On prend un petite douche, et quand on sort, on a l'agréable surprise d'apprendre qu’Éléonore nous a acheté des bières et des biscuits apéro. On passe un super moment dans la cour du gîte, à discuter joyeusement.

On ne peut malheureusement pas trop traîner, car le seul resto du coin (Le Lion d'Or), ferme assez tôt. Éléonore nous y emmène, et on y mange assez bien, dans une ambiance chaleureuse. Très chaleureuse même, si j'en crois Faby et Francky, qui ont pris un petit digestif pendant qu’Éléonore nous ramenait, Cyrille et moi. En effet, la serveuse, qui proposait un décolleté assez généreux, aurait coupé le sifflet à nos deux comparses en se penchant pour attraper quelque chose sous le comptoir.

On est bien crevés lorsque tout le monde a rejoint le gîte. Et l'étape de demain nous fait peur. On raccourcit la distance sérieusement (juste 50 bornes contre 80 aujourd'hui), mais on augmente drastiquement le D+. La question est de savoir quelle version du parcours on fait : newbie, normal, pro, expert ? Mais la fatigue et l'appréhension n'empêchent pas les fous rires. En revenant des toilettes et en entrant dans le dortoir, je tombe nez à nez, si je puis dire, avec les fesses de Fabrice. Celui-ci, penché en avant, est en train de se tartiner généreusement de Cétavlon.

C'est à nouveau dans l'hilarité générale qu'on se met au lit. On papote encore un peu, mais on ne tarde pas à s'endormir.

1 commentaire:

Obo a dit…

La suite ! La suite ! ;-)