mercredi 11 juillet 2018

Un Chacal à la Marmotte (Look Marmotte Granfondo Alpes 2018) !




"Chaque cycliste a un jour entendu résonner le nom de cette légendaire cyclosportive, parfois pour son ambiance frénétique avec son peloton hétéroclite et multilinguiste, certainement pour la beauté de son parcours, sans aucun doute pour la difficulté et l'enchaînement de ses cols mythiques. En réalité, Look Marmotte Granfondo Alpes, c’est tout ça à la fois !", dixit marmottegranfondoseries.com.

Et c'est vrai que si l'on peut trouver plus extrême, la Marmotte est sans doute la plus célèbre épreuve du calendrier : avec 174 km parcourant successivement les cols du Glandon, du Télégraphe, du Galibier, du Lautaret, et l'ascension finale de l'Alpe d'Huez (soit 5000m de D+, là où les grosses étapes de montagne du Tour de France de ces dernières années chiffrent autour des 4000m), elle attire chaque année 8000 cyclistes de 40 nationalités au départ  de Bourg d'Oisans.



Alors après 3 étapes du tour et presque tout ce qui se fait de cyclos longues distances dans le nord est, y participer a commencé à me titiller sérieusement. J'ai donc essayé de motiver les troupes, une escapade alpestre se devant d'être partagée : en version rando sur 2 jours (formule sympa pour parcourir tous les cols, hébergé à Valloire, cf. ici) avec mon papa ? Non partant...  En version classique avec en équipier de luxe dans l'Alpe d'Huez le président des Chacals  ? Idem...

Je me suis donc inscrit seul, et après quelques petites galères logistiques, j'ai trouvé un joli camp de base à l'Alpe même pour le 1er weekend de juillet et j'ai défini ma feuille de route : une petite sortie au col de Sarenne le samedi, et pour le D-Day, aucun objectif de performance (au contraire de mes escapades vosgiennes ;-)), juste l'envie de prendre un maximum de plaisir, et de passer sereinement la barrière horaire du pied de l'Alpe. Ce serait dommage de venir jusque-là pour être mi hors course dans la vallée, et ne faire qu'un "marmotton"...

Considérant 1h30 de marge sur l'horaire max., cela donne 9h pauses incluses pour gérer les 160 1ers km et leurs 4000m de D+. Donc 8h de vélo et une bonne heure de photos / videos / ravitos : c'est assez large par rapport à mon niveau, tout se présente bien ! Une seule inquiétude : la chaleur qui peut vraiment changer la donne...

  • J-1 : Col de Sarenne et retrait du dossard
Quelques mots au passage sur le Col de Sarenne : autant (à mon humble avis qui n'engage donc que moi) l'Alpe d'Huez n'est pas une jolie station, autant ce col est magnifique. Sur une route d'un autre temps, ce qui rajoute à son charme. De jolies sorties "gravel" à rouler par ici !



Concernant le retrait du pack coureur, c'est plutôt bien organisé : le "village" est nettement plus petit que celui de l'Etape du Tour, mais c'est tout aussi bon en terme de prestation. Je repars avec un grand sac à dos, la plaque de cadre nominative, et les loupiotes obligatoires, la descente du Lautaret empruntant de nombreux tunnels mal éclairés.

Il n'y a plus qu'à tout installer sur le vélo, prendre un dîner adapté, et faire un gros dodo, car le lever du D-Day sera bien matinal !


  • Le D-Day : Ou comment un chacal grignotte une marmotte...
Sur les épreuves longues, il y a deux difficultés : l'alimentation et la gestion de la météo. Et c'est particulièrement vrai encore cette fois-ci. Au départ de l'hôtel, à 6h30, il fait à peine 10 degrés, avec une jolie bise venant du nord, et il faut descendre l'Alpe pour rejoindre les sas de départ... ...et on annonce bien chaud en fin de journée dans la vallée. Manchettes, coupe-vent, et ça va le faire.

L'attente dans les sas est un peu longue, et c'est donc un grand plaisir d'être enfin lâché dans la vallée, pour 15 km de plat avant l'attaque du Glandon. 24 km à 5% (ce qui ne veut pas dire grand-chose, le col étant coupé par deux descentes et particulièrement irrégulier).


Un arrêt pour enlever le coupe-vent, un second involontaire pour éviter une chute (pas facile de repartir en côte; le peloton étant encore très dense), mais on est vite en haut, après 37km et 1400D+. Je suis déjà bien en avance sur mon prévisionnel, et je profite donc tranquillement du 1er ravito, copieux (du salé surtout !!).

Barrage de Grand'Maison

Dans le rétro...

Au sommet

Ravito !!

La descente dangereuse est neutralisée, on la roule donc au ralenti : mauvais pour la moyenne, mais utile à la sécurité ! L'occasion de parcourir dans l'autre sens une route empruntée lors de l'Etape du Tour 2015 avec mon papa, en plein cagnard à l'époque.

Arrivés à la Chambre, on remonte la vallée jusqu'à Saint Michel de Maurienne. La partie la moins agréable du parcours, mais aussi le seul moment de - faux - plat avant l'enchaînement de toutes les grandes difficultés. Occasion de se ravitailler à nouveau en liquide et solide. Au pied du télégraphe, on tourne à droite, et c'est parti pour 12km à 7,5%.


Les sensations sont bonnes, la montée en forêt apportant une certaine fraîcheur, et je dois avouer que  l'espace d'un instant la tentation de faire un peu plus rapide que prévu me titille... ...mais je me force à conserver un rythme très cool - autour de 150 puls. : changer de plan en cours de route est rarement judicieux. Je continue donc à profiter de paysages de plus en plus agréables.

Après la forêt...

Et au sommet.

Au sommet, on est à mi-parcours : 81km et 2500D+. Une courte descente sinueuse de quelques kilomètres mène à Valloire où la route se relève pour le début de l'ascension du Galibier. Le ravito est étrangement situé un peu plus loin. Il se transforme pour moi en véritable déjeuner, puisque je suis toujours bien en avance sur mon plan de route. Je recharge également téléphone et compteur GPS, on n'est jamais trop prudent !


Le Galibier (hors Télégraphe), c'est 18km à 7% pour 2600m d'altitude au sommet. Après Plan Lachat, on trouve les plus forts pourcentages, mais c'est surtout le paysage qui est à couper le souffle ! Les photos prises par ma cam. embarquée ne lui rendent pas hommage, mais l'ambiance est à la haute montagne, et la vision des lacets déjà grimpés en contrebas est vertigineuse.




Encore un ravito au sommet, où l'on compte maintenant 3700D+ en 113km, et il faut redescendre à Bourg d'Oisans par une longue route qui oblige à pédaler : quelques coups de culs, du vent de face, mieux vaut trouver un groupe pour rejoindre le pied de l'Alpe.


D'où les loupiotes...

Il est donc autour de 17h, comme prévu. Un dernier sandwich rosette, une banane, un appel à madame pour la tenir au jus, et plus que 14km à 8,5% pour regagner l'hôtel. Les 1ers sont les plus rudes, notamment jusqu'à La Garde. Après, c'est un peu mieux, même si en dehors des virages il y a peu de replat.


Surtout, il fait vraiment chaud : 35°C au GPS (pire en ressenti, je déteste toujours autant ces températures "extrêmes" ;-)). Et l'ascension n'est pas vraiment plaisante : on grimpe à flanc de falaise en plein soleil, sans profiter de points de vue sur la vallée. Reste le plaisir du mythe, et une organisation excellente qui a installé en deux points des batteries de robinets d'eau potable pour nous sauver la vie. Insuffisant pour les nombreux piétons en perdition ?

Points d'eau pris d'assaut...

Un des rares points de vue sur la vallée.

En ce qui me concerne, je gère le coup de chaud à l'expérience, pédalant tranquillou de buvette en buvette. Et je suis donc frais comme un gardon sur la ligne, coupée après 10h de petit effort et de gros plaisir, 176km et 4810D+ d'après mon GPS (qui m'a donc escroqué de 190m !!).

Ça sent l'écurie...

Dernière ligne droite...


Il est temps de prendre une douche, de boire de la bière et de manger des frites !

Au retour de la douche, il manque toujours 3000 cyclistes...

Bière locale, d'une certaine façon...

  • Alors, cette Marmotte ?

Eh bien je confirme, elle est à faire au moins une fois dans une vie de cyclosportif. Sa réputation n'est pas usurpée :
- L'organisation est hyper rodée : village départ, gestion des sas, départ, ravitos en quantité et qualité, points d'eau "bonus", c'est du tout bon. Et surtout pas d'embouteillage avant, pendant et après comme c'est le cas sur l'EDT...
- Beaucoup de routes sont privatisées, bien plus que je ne le pensais. Le Glandon, le sommet du Galibier, et même l'Alpe jusque 18h. Et sur les portions ouvertes à la circulation, peu de véhicules se risquent, aucun danger de respirer du diesel en altitude !


Bien sûr, si on n'aime pas la foule, on peut se faire sa propre Marmotte en autonomie, mais j'ai eu le sentiment que si même si on traverse nombre de villages, il reste de longues portions sans point d'eau. Par grande chaleur, cela doit être difficile à gérer. Et avec la circulation d'un WE estival classique, une partie du plaisir doit disparaître...

  • Dernières remarques ?

- Etre logé sur l'Alpe est pratique : même si ça oblige à un levé bien matinal et à une descente très fraîche, ça passe sans souci. Et pour ceux qui craignent d'avoir une baisse de motivation en fin d'épreuve, ça oblige à aller jusqu'au bout...
- Quitte à être sur place un WE, le Col de Sarenne est une bonne petite sortie (500D+/20km depuis l'Alpe) de déblocage. Et par la vallée du Ferrand (1000m D+), la route est tout simplement magnifique !
- Hôtel Le Dome et restaurant le 37 : je conseille !

  • La trace