lundi 19 août 2013

Le chacal à deux têtes

A l'occasion du week-end que je passais chez Obo, nous avons expérimenté un truc qui nous démangeait depuis un moment...
 
Calmez-vous, bande de lourdos !!! Rien qui ait une quelconque connotation sexuelle ! A ce sujet nous n'en sommes plus au stade de l'expérimentation. Non, nous voulions depuis un moment essayer LE TANDEM VTT.
 
 
Obo nous a dégoté cela du côté de Heillecourt. Il s'agit d'un magnifique Lapierre X2 Team, équipé notamment de très bons freins Formula RX à rotor de 203. Importants, les freins !
 
Donc, ce samedi, nous voilà fins prêts, dans nos beaux T-shirts des chacals verts, prêts à tenter l'expérience. Obo avait déjà essayé avec son père deux jours avant et me semblait content sans être emballé.
 
Le démarrage n'est pas évident au début. Il faut savoir que les pédaliers sont synchronisés, donc cela nécessite de se lancer ensemble (à l'issue d'un décompte "3-2-1 go"). Par ailleurs, pour éviter d'accrocher sur la moindre bosse, les pédaliers sont assez en hauteur, donc il faut se hisser sur le biclou. Pas facile pour un nabot comme moi. On a quand même vite pris le truc et n'avons jamais trop eu de problèmes.
 
On a commencé dans la configuration Obo devant et moi derrière.
La position arrière est assez surprenante. On ne gère rien. Le pilote dirige le vélo et change les vitesses. A l'arrière on regarde le paysage (enfin, à gauche et à droite car, comme disait Obo, devant il n'y a toujours qu'une grosse tête de chacal vert) et on pédale. Un peu comme sur un home trainer devant la télé, sauf qu'en plus on risque les odeurs d'échappement du copain de devant.
Cerise sur le gateau, à l'arrière on ne voit pas le chemin, donc on n'anticipe pas les bosses et trous. Du coup, on se chope le moindre défaut de route dans l'arrière train. La mini-suspension (MINI SUSP !!!) du mat de selle n'y changera malheureusement pas grand chose.
 
A part cela, on constate très vite que le tandem c'est plutôt naturel. On trouve rapidement un rythme qui convient à tous les deux, l'équilibre n'est pas sommaire, on est à l'aise.
Certes, lorsqu'on longe le canal Obo n'est pas franc, et se sentant attiré vers l'eau, aura tendance à pencher de l'autre côté. Certes, le franchissement de la première barrière de piste cyclable n'aura pas été parfait et aura un peu rogné le genou et la main d'Obo, mais globalement on est à l'aise.
Et surtout, on a la classe !!!! Car tous les gens que nous croisons n'ont d'yeux que pour ce chacal à quatre pattes et deux têtes !
 
Nous avions décidé de nous rendre au plateau de Malzéville par le chemin de Hatta, faisant lui-même parti du segment nommé la côte du Pain de Sucre. Objectif avoué : piquer le record de montée(autrement appelé KOM) déténu par Obo tout seul.
 
On se lance dans la côte, et très vite on sent que c'est lourd le tandem. Autant on trouvait que sur le plat on avait tendance à aller plus vite pour moins d'effort que tout seul, autant dans la monté on paye notre gros poids (pas loin de 200kg). Néanmoins, on mouline et on se donne pour essayer d'approcher du record d'Obo. A l'arrière, je n'ai pas à réfléchir, je baisse la tête et je pédale tout ce que je peux.
 
Une fois en haut du chemin de Hatta, on souffle un peu et on décide d'échanger les postes. Nouvelles sensations ! Je me rends vite compte que le truc est maniable, mais :
  • - j'ai du poids à l'arrière
  • - le rayon de bracage est pourri
  • - si le copain se penche, ça penche
Par contre, ce n'est pas un poids mort. J'ai fait l'expérience de lever les jambes des pédales en pleine monté, le tandem continue à monter. Un vrai moteur l'Obo !
 
On commence alors à jouer sur le plateau de Malzéville, prenant d'abord les gros chemins, puis réduisant au fur et à mesure le largeur, pour finir sur des singles pas dégueux du tout.
On se prendra des petites bosses, des petits tobogans, quelques dévers, et franchement ça passe bien. "Ca passe" était d'ailleurs l'expression consacrée pour prévenir Obo d'une difficulté (il me l'a fait remarqué après coup). Tel un Faby laché en pleine nature, je ne pouvais m'empêcher d'éprouver les capacités de franchissement de l'engin et de son équipage. Parfois, un peu timides, on n'osait pas se lancer dans un obstacle, mais en y revenant après, on le tentait et ça passait. Côté sensation c'est un régal. Quel plaisir que de sinuer dans un single sur une bécane de plus de 2m de long ! Alors les trajectoires ne sont pas les mêmes, il faut prendre large et ne pas couper trop vite au risque de broyer le copain de derrière, mais le plaisir est énorme.
 
Tout ceci nécessite une bonne entente et une communication permanente entre les deux protagonistes. Celui de devant doit prévenir celui de derrières des obstacles. Mais c'est pas facile de voir l'obstacle, prévenir puis l'esquiver. En général, les réflexes font plutôt réagir dans le sens voir, esquiver, prévenir. Ce qui donnait en général je vois la branche, je baisse la tête, je dis "BRANCHE", Obo se prend la branche. Où je vois le trou, j'amortis le trou, je dis "pardon". Au bout d'un moment, mon accolyte avait un peu mal au fondement, et me ralait parfois un peu deçu, ce à quoi je répondais avec toute la mauvaise fois dont je disposais. Ces gérémiades associées à nos gabaris auraient pu faire penser à un nain et un elf juchés sur le même cheval : Gimly et Légolas de retour en Terre du Milieu !
L'elf se sentira vengé quand nous passerons dans les chemins pleins de ronces ou d'orties que je dégagerai et qu'il ne sentira même pas.
 
Pour ce qui est des descentes, hé bien on prend vite de la vitesse. Et là on est content de l'efficacité des freins décrits plus haut. Rapidement à plus de 60, il faut bien prendre en compte l'inertie de l'engin.
 
En revenant vers chez l'Obo, une chaine culminant à 20 centimètres de hauteur nous barre le chemin. J'accélère et hurle "CA PASSE !!!". J'entends derrière moi "non ça passe pas, non ça passe pas, NON CA PASSE PAS !!!". Bien sûr, je plaisantais. Mais tout à ma blague, je freine au dernier moment et démonte par la gauche, alors que nous avions convenu de démonter toujours par la droite. Du coup, je penche le vélo à gauche alors qu'Obo est en train de descendre par l'autre côté. Curieusement le vélo a suivi mon mouvement, et Obo par la même occassion. Petite chute au ralenti, grand fou rire pour moi.
 
Une fois rentrés de notre première sortie, nous nous sommes jetés sur Strava pour voir si nous avions battu le KOM. Echec à une dizaine de seconde. Par contre, on se rend compte que le record de la monté du Pain de Sucre est attaquable si on ne prend pas de pause après le Chemin de Hatta.
Nous y sommes donc retourné le lendemain. Cette fois les jambes sont un peu plus lourdes, le vent n'est pas avec nous. On échoue encore pour le chemin de Hatta, en étant encore plus proches, par contre on explose le record sur la monté du pain de sucre. Hourra !!!
 
On jouera encore un moment sur le plateau de Malzéville, tentant des singles encore plus fous ("mais si ça passe le 180° en dévers !!!!"), puis on raménera le vélo à Heillecourt.
 
Au bilan, plus de 80 bornes, plus 800m de D+, 2 chutes d'Obo et 0 pour moi (surprenant quand même, la solidarité du tandem a ses limites) et surtout du gros gros fun.
 
Je pensais que j'aimerais le tandem VTT. Ca va au-delà, j'ai vraiment adoré !