On se réveille gentiment vers 7h15 au son des petits oiseaux et de la forêt. On commence immédiatement à se préparer, mais sans se presser non plus, car le petit dej est prévu à 8h. L’idée, c’est quand même d’être prêt avant, pour décoller de suite une fois notre collation avalée.
Vue depuis nos cabanes |
Le bar/resto (en orange) |
C’est donc habillés en
cyclistes qu’on rejoint la salle du bar dans les arbres afin de prendre notre p’tit dej’. Celui-ci est excellent : de bons croissants, des pains
délicieux, des confitures excellentes, du café. On se régale et on mange limite
un peu trop.
Bien s'alimenter, c'est important |
Une fois cela englouti, on se dit qu’on va accélérer, car comme c’était bon, on est resté assez longtemps. Et comme aujourd’hui, c’est une grosse étape (72 bornes, 1200m de D+ au programme), il va falloir pas non plus chômer.
On est quasiment tous
prêts... sauf le Fab, à qui Cyrille fait remarquer qu’il y a une grosse veste
de 1kg qui est restée dans la maisonnette. Voilà donc notre Faby en train de
redémonter tout son harnachement afin de fourrer la veste dans son sac, sous
les moqueries des 6 autres Totalistes. Tim n’est pas là car il n’avait pas
envie de se taper la montée pour venir nous rejoindre, et on a convenu d’un
point de rendez-vous sur la trace au niveau de Villerupt.
On attend le Fab... (phrase à conserver dans le presse-papier) |
On démarre enfin. Le début de parcours se passe très bien. On est encore sur du connu, c’est le parcours rouge d’Ellergronn, et on a encore de beaux petit passages funs sur lesquels on s’amuse. Ensuite, on descend pour arriver au niveau d’Audun le Tiche. On s’arrête pour que je prévienne Tim afin qu’il se mette en chemin pour nous retrouver. Comme il pleut quelques gouttes, on met notre K-Way. Mais ce ne sont que quelques gouttes, et la plupart d’entre nous s’arrête aussi vite pour l’enlever.
David ne s’arrête qu’un
peu plus loin, et comme nous sommes tous deux en queue de peloton, je m’arrête
avec lui histoire de ne pas le laisser seul. Je constate alors que j’ai une espèce
de bouzasse grisâtre accrochée à mon pneu arrière. Lorsque j’essaie de
l’enlever, je réalise qu’elle est élastique, caoutchouteuse et blanchâtre en
fait. C’est du latex, du liquide préventif qui a fuité de mon pneu et bouché une
crevaison. Vous me direz que ça tombe bien, que c’est prévu pour, mais vu la
quantité qui a séché là, ça doit pas être une petite crevaison. L’analyse plus
fine du souci me montre une belle tête de clou. Je décide de l’enlever, car la
pointe du clou pourrait abimer mon fond de jante. Le trou auquel le clou fait
place n’a aucune chance d’être bouché par le préventif, et je préfère le mettre
en hauteur pour éviter que tout le préventif qui me reste dans le pneu ne se
sauve. Je sors mon kit de mèche, et je répare. Les mèches, ce sont des espèces
de gros fils de caoutchouc, qu’on fait passer dans un outil prévu pour, et on
insère la mèche dans trou pliée en deux après l’avoir couvert de colle. Une
fois insérée dans le pneu, avec la colle, l’ensemble « vulcanise »
c’est à dire que la mèche et le pneu fusionnent vaguement et le trou est
bouché. On peut alors couper grossièrement l’excédent de mèche qui sort du
pneu, puis regonfler. Afin de m’aider, David me propose d’utiliser une de ses
bonbonnes de gaz… qu’il vide entièrement à côté de la valve. C’est un de ses
spécialités. On regonfle donc à l’os, comme des vrais, et on repart, avec Sam
venu voir ce qui s’était passé. L’ensemble de l’opération nous prend 15-20
minutes, rien de bien méchant.
La grosse bouzasse de latex |
Un bon gros clou de charpentier |
La mèche posée |
La réparation une fois la mèche vaguement coupée |
Un mécano satisfait de lui-même |
On rejoint nos copains et
on prévient Tim qui nous attend déjà à Villerupt. Celui-ci a très bien fait de
nous attendre à Villerupt plutôt qu’à Audun le Tiche, car pour passer de l’un à
l’autre (ou plutôt de l’autre à l’un vue la tournure de ma phrase précédente),
nous passons par une colline. Et le chemin que nous empruntons pour gravir
cette colline se fait de plus en plus résistant. D’abord il se jonche de
branches, puis se rétrécit, pour quasiment disparaitre dans les hautes herbes,
avant de totalement se volatiliser. Il nous reste deux options :
rebrousser chemin alors qu’on en a déjà parcouru un morceau, ou forcer à
travers tout. Évidemment, on choisit la deuxième option, et c’est Francky,
notre tracteur préféré, qui ouvrira le chemin, fauchant les herbes et les
ronces avec son vélo (et c’est là où il peut se féliciter de ne pas avoir de
porte-bagages dessus). Il nous créé ainsi un chemin dré dans l’pentu, comme on
dit en montagne, sur 300-400 m, et nous le suivons en poussant et portant nos
vélos. On se fait lacérer les jambes par les ronces et les orties. Comparé à
ça, le petit portage d’hier en haut de la bitchy, c’était une promenade
délicieuse.
Et là c'est encore tranquille |
On sort de là griffés sur toutes les jambes et les mains, des bouloches accrochées aux chaussettes, de la végétation enroulée dans le dérailleur et les pignons. On est en plus bien crevés, parce que c’était vraiment épuisant. On reprend notre souffle, en enlevant toute la nature qui a décidé de s’accrocher à nous et nos vélos, et on se remet en chemin pour enfin atteindre Villerupt.
Villerupt, c’est rigolo comme ville. C’est dans la pente, du coup y’a une route qui serpente entre les maisons, et des escaliers qui permettent aux piétons de traverser les pâtés de maisons tout droit. La trace nous fait prendre ses escaliers. C’est pas mega agréable, voire périlleux, et les moins aguerris d’entre nous doivent descendre à pied. Je réalise qu’en fait la route serpente autour des blocs de maison et nous amène au même point, mais comme je suis un bon camarade, je ne le dis pas à mes copains, les laisse passer devant dans les escaliers, avant d’emprunter la route pour arriver en bas de l’escalier avant eux. Cyrille, qui a du sentir que je préparais un mauvais coup, m’a suivi. Je lui parie, alors qu’il est flagrant que je suis passé par un autre chemin, que j’arrive à réembarquer les copains sur un autre escalier. Et ça marche. Mais David le bon samaritain m’a chopé et arrête les autres avant qu’ils ne commencent la descente. J’assure à tout le monde que je les aurais arrêtés de toute façon, mais curieusement je n’ai pas l’impression d’être cru.
On retrouve enfin Tim au point de rendez-vous, facilement 1h - 1h30 plus tard que prévu. On lui raconte nos aventures, puis on s’élance, à nouveau 8.
Pour la suite, ça se
passe très bien. On est sur un GR, donc la trace est plutôt sympa, alternant
route, chemins et singles.
Regarde la boule jaune là-bas dans le ciel |
Tous ces vélos au sol, ça sent la pause-pipi |
À un moment, on traverse
un lac par un ponton, et là il y aurait du y avoir un chemin tout droit.
Seulement, le chemin n’existe pas ou plus. Un monsieur, qui est assis au bout
du ponton (le ponton a une forme de T : la barre du T traverse le lac de
part en part, et le monsieur est assis au bout de la partie perpendiculaire)
nous explique qu’il n’y a pas de chemin là, et nous indique un contournement.
On se demande franchement ce qu’il fait là, car il n’y a aucun accessoire de
pêche visible. Il est là, posé sur une chaise de camping. Il nous avait regardé
passer sans piper mot, et c’est seulement quand on est repassé et qu’on s’est
arrêté pour prendre une jolie photo (Tim n’a pas voulu prêter son téléphone au
monsieur et donc n’est pas dessus) qu’il nous a parlé.
On passe et on repasse |
Les Totalistes sur le ponton |
On est donc parti sur le
contournement, tout en échafaudant des théories sur la présence de ce monsieur.
On se retrouve à monter, sur une route, pendant un bon petit moment. Et on se
dit qu’on commence à avoir faim. Ça tombe bien, parce qu’on approche d’une
ville, et donc d’une potentielle auberge. On se dit donc que s’il y a quelque
chose dans cette ville, c’est super, sinon on pousse jusque Mexy, la ville
d’après, mais là on s’éloigne de la trace. David regarde sur google, il y a
bien une auberge, mais celle-ci est annoncée comme fermée. On décide d’aller
voir quand même à Haucourt-Moulaine (on établira avec Tim sur le chemin toute
une théorie sur cette commune, provenant probablement de fusion de Haucourt et
de Moulaine, supposant que les Haucourtauds natifs détestent sûrement les
Moulainois, et réciproquement), car le détour est très léger, et bien nous en a
pris, car non seulement l’auberge était ouverte, mais en plus il y avait de la
place en terrasse. Et même s’il a plu, comme on était abrités par des parasols,
on était là super bien. On a très bien mangé, quoiqu’un peu riche. La grosse
entrecôte lorraine avec giroles Haucourtaude-Moulainoise nous a bien plombé
l’estomac. Heureusement, comme on n’était pas trop en avance, on a décidé de
zapper le dessert et on est vite partis.
Ravis d'avoir trouvé une auberge avec terrasse |
Et ravis qu'elle soit couverte |
Au moment où on redémarre, il est 14h30 et il nous reste 50 km à faire. On n'en a fait que 25 sur la matinée, et quand je regarde le profil de ce qui reste sur l’étape, ça fait super peur. Le chemin est bien agréable, et comme on est à nouveau sur du GR (je n’ai pas précisé mais ce n’était pas le cas avant Villerupt), on n’a pas de problème de débardage et autres trucs du genre.
À un moment donné, il y a une enfilade de petits raidards, où il faut bien doser puissance et le rapport de vitesse utilisé pour passer. Notre petit Tim s’essaie, mais force un peu trop et sa chaine casse. Évidemment, il n’a pas de maillon pour réparer, et personne n’en a pour sa taille de chaine (Tim est en 10 vitesses, on est quasi tous en 11 ou 12, des chaines à maillons plus fins, donc non compatibles). Du coup, il faut dériver, c’est à dire retirer un maillon, et raccrocher par le biais d’un maillon normal. C’est une opération délicate, car il faut éviter de sortir la goupille, au risque de ne pas pouvoir la remettre. Or, quand je retourne voir David et Tim, ils viennent d’ôter complétement la goupille. Là, je panique, car si on n’arrive pas à la remettre, on sera obligé d’enlever un autre maillon, et là je ne suis pas sûr que la chaine ne soit pas trop courte. Je passe rapidement sur la prise de bec qu’on a eu avec David, car je n’en suis pas fier, et nous l’avons réglée aussi vite qu’elle fut démarrée. Finalement, Tim réussit à remettre sans problème la goupille et la chaine est dérivée correctement. Le maillon bricolé est un peu raide, ce qui est habituel après ce genre d’opération, la chaine est fragilisée mais devrait tenir. Il faudra juste que Tim la change dès que possible (ce qu’il fera quelques mois après, constatant alors qu’il a en fait une chaine 11 vitesses… pour laquelle on avait au moins 6 maillons de secours).
On repart donc et 16h arrive très vite. On avait prévu de faire le point à cette heure-là pour se décider sur la marche à suivre. L’expérience des Périple et Epopée nous a montrée qu’il est bon de ne pas arriver trop tard, pour profiter sereinement de la soirée et se reposer correctement. Et notre ami Francky nous a bien rappelé la veille qu’il aime bien rouler, mais qu'il aime bien arriver aussi. En gros pour lui, et quasi tout le monde en convient, l’idéal c’est d’arriver vers 18h. Fab téléphone à l’auberge de Marville où on mange et passe la nuit, et on nous fait comprendre qu’il serait quand même bien d’être là pour manger vers 19h car ils sont en effectif réduit. On fait vite le calcul, et clairement, si on suit la trace, on n’y sera pas. On décide donc de prendre la route, en l’occurrence des départementales. On fait alors 1h30 sur route, ce qui n’est pas très agréable car ce sont de longues routes très droites, qui montent et descendent, sans arbres autour pour nous abriter du vent et avec des bagnoles qui nous doublent à toute blinde. On s’occupe en jouant à prendre des relais avec Benji et Sam qui sont des habitués de la manœuvre (et qu'on laisse bien volontiers prendre la plus grosse part des relais).
À 2km de l’arrivée, Sam
propose de reprendre la trace qui n’est pas loin, ramenant la distance à
parcourir à 3,5km. Tout le monde est d’accord, enfin... personne ne s’oppose.
On y va donc, ce qui nous permet de trouver un petit lac qu’on doit traverser
par un pont. Cela donne l’occasion à Cyrille le labrador de se dévêtir et de
se baquer pour la première fois de notre Odyssée. Il incite son frère à le
rejoindre, mais voyant que Cyrille trouve l’eau froide, il devine qu’elle est
gelée. Avant de sortir, le labrador nous offre une baleine blanche à deux
bosses, puis nous repartons, cette fois destination l’auberge.
Allez frangin, viens avec moi |
J'te promets qu'elle est bonne |
C’est à ce moment que je
ne sais plus qui me fait remarquer qu’avec la couverture anti-pluie grise de
son sac, on dirait que Francky porte un menhir. Je décide donc de le prendre en
photo pour immortaliser cela. On ne sait jamais, peut-être qu’il ne va plus
jamais pleuvoir et qu’on n’aura plus l’occasion de revoir le menhir...
Francky et son menhir |
Pour rejoindre l’auberge,
on fait un petit détour nous permettant d’avoir un premier aperçu de la jolie
ville de Marville et d’atteindre les 1000m de D+ malgré le shortcut. On est
accueilli à 18h10 par notre hôtesse qui est très sympa et prendra plein de
photos de notre équipée.
On démarre par prendre
une bonne bière, puis une deuxième. On reste là environ une heure à profiter du
beau temps de cette douce soirée.
Le temps est bon, le ciel est bleu... et la bière fraiche |
Un petit débat éclate
concernant l’attribution des chambres. On avait initialement prévu deux
chambres de 2 et une de 3, mais à la demande de Sam on a changé pour 3 chambres
de 2 et une de 1. Sam avait alors proposé de payer la différence, ce que nous
avions refusé bien-sûr, afin de bénéficier de la chambre seul. Mais du coup,
cela fait que David se retrouve avec Benji, le célèbre ronfleur du groupe.
Aussi, David a essayé de négocier avec Sam de laisser la chambre solo à Benji,
sans succès, Sam ayant déjà récupéré la clé. La négociation a bien amusé le
reste du groupe.
Une fois nos boissons terminées, nous sommes allés ranger les vélos au garage et rejoindre nos chambres qui sont dans un bâtiment un peu plus loin. Elles sont petites mais bien confortables. Lorsqu’on revient pour le repas, c’est le moment de dire au revoir à Tim que Mallaury est venue rechercher. On est un peu tristes de voir partir notre numéro 8.
On prend notre repas en
terrasse. Celui-ci est simple, mais efficace. Certains pinailleurs se
plaindront des boules de farines contenues dans les bouchées à la reine, mais à
part cela tout le monde se régale. L’aubergiste, qui est férue d’histoire,
vient en fin de repas nous raconter l’histoire de Marville, ce qui nous
intéresse franchement. C’est toujours intéressant d’en savoir plus sur les
lieux qu’on traverse, et ça l’est d’autant plus quand c’est raconté par
quelqu’un de passionné.
Le menu du jour |
Ne vous fiez pas à la bouteille d'eau en avant-plan |
On retourne ensuite dans
notre chambre où on se prépare pour le lendemain, en regardant la fin du match
de foot de la Belgique contre le Portugal. Faby le regardera depuis une place
privilégiée, assis sur le trône (donc porte ouverte) sans aucune gêne
concernant le bruit et l’odeur dégagés. De mon côté, je me masse les cuisses
afin de favoriser la décontraction des muscles, en essayant de faire abstraction des agressions sonores et olfactives de mon compagnon de chambrée.
Une fois le match fini,
j’enregistre le résumé de la journée, avec les ajouts opportuns de Fab. La
journée a été riche en rebondissements. On est un peu frustré de pas avoir pu
faire la trace toute la journée, mais on se console en se disant qu’on a fait
ce qu’il fallait, et qu’on n’a pas eu d’avarie technique rédhibitoire.
Demain, on se lève à 7h,
avec le souhait complétement irréalisable de partir à 8h. On va faire semblant
d’y croire.
A part les poils, c'est pas beaucoup plus viril que la veille en fait |
Le profil de la trace prévue |
Le profil du trajet effectif |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire