mercredi 15 décembre 2021

Odyssée 21 (jour 3) : Du papotage à tous les étages

Le réveil de ce 3ème jour est d’un format très classique : l’un de nous a bien dormi (en l’occurrence moi), l’autre moins (bravo, Sherlock, c'est bien Fab). Puis on se prépare avant d’aller manger, histoire de libérer immédiatement la chambre et pouvoir décoller dès le petit dej’ pris. Donc en 5-10 minutes, je suis prêt, puis j’attends tranquillement le Fab, pour qui c’est toujours un peu plus compliqué. Du classique, je vous dis !

"Tu vas encore dire sur le blog qu'on m'attend"

Du coup, quand on arrive au petit dej, tout le monde est déjà là. Le petit dej’ est très simple (pain, confiture, jambon, fromage et café pas bon), mais fonctionne bien. Le fait que le café ne soit pas bon me permet de sortir mon adage du matin : "C'est liquide, chaud et marron ? C'est du café". On échange encore quelques mots avec notre hôte, qui prend à nouveau plein de photos qu’elle promet de mettre sur son facebook (ici (1) Auberge De Marville - Publications | Facebook ). Promis, on ne portera pas plainte concernant notre droit à l’image.

Mais au moment de partir, le ciel s’est bien couvert et il commence à pleuvoir. On se demande si on va pouvoir profiter du fameux spectacle des gargouilles de l’église de Marville qui déversent des litres d’eau sur le parvis. Comme il ne fait que pluvioter, le gargouilles vont se contenter de baver, et comme on a une journée de vélo devant nous, on ne va pas se plaindre. On revêt donc nos vêtements de pluie, et on enfourche nos montures.

Certains attendent à l'abri

D'autres s'échauffent

Bref on attend

Ça démarre très fort, avec une montée assez raide qui nous emmène vers le cimetière de Marville dont nous avait parlé notre hôte la veille (on comprend d’ailleurs pourquoi elle s’y rend en voiture). Comme on a les K-way, et comme il ne pleut plus, on a vite très chaud. Aussi, arrivés au cimetière, tout le monde enlève la couche imperméable (enfin soi-disant imperméable...). Évidemment, c’est à peine fait que des gouttes tombent à nouveau, ce qui nous laisse dans l’incertitude la plus complète concernant notre tenue. Comme sur la trace du jour le plus gros du dénivelé est prévu le matin, on décide de rester en tenue légère : on se réchauffera en pédalant. Cela nous plait bien que le plus difficile soit le matin, on se dit qu’après la pause de midi il restera majoritairement du roulant, et on pourra arriver à une heure raisonnable sans devoir pédaler comme des ânes, ni shortcuter... enfin si tout se passe bien.

Le cimetière de Marville...

...et ses fameuses têtes de mort

Les chemins de ce matin sont assez sablonneux, et comme c’est mouillé, cela nous pourrit les dérailleurs, et donc on va rouler tout le reste de la journée avec les transmissions qui font « crrrr crrr crrr crrr ». On espère qu’il y aura un tuyau d’arrosage au gîte à l’arrivée. Mais assez rapidement, la trace rejoint le tracé de la French Divide, une course d’ultra bikepacking dont j’ai récupéré le parcours pour nous emmener jusque Charleville-Mézières. Or, alors que quand j’avais étudié cette trace elle me semblait être très orientée chemin, il s’avère qu’on est plus sur des petites routes bitumées. C’est un peu moins l’esprit VTT qu’on aimerait donner à l’Odyssée, mais ça a l’avantage, avec le sol mouillé, d’être très praticable. En plus ces petites routes sont peu fréquentées et les paysages autour de nous sont très sympas. Donc globalement c’est plutôt positif.

Côté ambiance, le moral est au beau fixe. Francky est bien habitué à son menhir (et oui, la housse de pluie est de sortie) et nous affirme ne pas avoir particulièrement mal au dos. Benji, de son côté, ne cesse de nous appeler Ostrogoths, mot lancé par Faby le premier jour et repris depuis à toutes les sauces par Benjouille. Comme les routes sont larges et peu fréquentées, c’est propice à la formation de petits groupes et la papote. C’est vrai que, mine de rien, depuis le premier jour à midi, ces conditions n’étaient pas réunies : soit on envoyait la soudure sur du single, soit on montait sur des chemins plus ou moins réels, soit on avoinait comme des ânes sur de la route départementale. Du coup, en ce matin du troisième jour, c’est vraiment le début du roulage en sous-groupe et du papotage. J’en profite pour vous décrire un peu le truc, parce que c’est toujours comme ça que ça se passe, mais je ne l’ai pas forcément bien expliqué dans le Périple et l’Odyssée. En fait, si vous avez déjà fait de la rando, ou des marches (genre marche gourmande) vous voyez déjà le principe. On se retrouve à la hauteur d’un membre du groupe, on lui pose une question, et celle-ci entraine une discussion. Et tu te retrouves à papoter jusqu’au prochain arrêt de la bande. Et globalement, on discute par groupe de 2, c’est plus facile. Mais comme on est un nombre impair, le restant a le choix de se joindre à un autre groupe (en général en se plaçant derrière), écoutant ce qui se raconte et intervenant parfois pour balancer une connerie, ou alors de rouler tout seul. On se regroupe en général à l’intersection suivante, ou après une longue montée, puis quand on repart soit certains groupes se reforment pour reprendre la discussion, soit ce sont de nouveaux. Celui qui est tout seul n’est jamais le même, et il est en général pas malheureux d’être tout seul. Parfois on aime bien rouler un peu sans parler, regardant autour de soi. Et puis on entend une discussion qui a l’air sympa et bim, on s’accroche à ce groupe. Voilà, ça se passe comme ça. 

Sur l’Odyssée, c’est un peu particulier, car Sam et Benji sont venus supra entrainés, et ils ont la trace sur leur GPS. Du coup, ils roulent bien plus vite que nous. Du coup, quasiment sur l’ensemble de notre aventure, il y aura un sous-groupe, nommé « les belges » (ouais, on ne peut pas toujours faire dans la mega originalité) qui sera systématiquement devant, voire très devant... voire parfois perdu. Et les 5 autres derrières formeront les fameux sous-groupes que j’ai décrit plus haut. De mon côté, ça me plait bien qu’il y ait d’autres GPS, parce que du coup je ne suis contraint comme ça a pu être le cas sur d’autres sorties, de rouler devant et de donner le train. Je peux donc plus sereinement naviguer de groupe en groupe, en prenant mon temps.

Revenons à notre jour 3 en particulier. Roulant majoritairement sur bitume, on avance à un bon train, même si on papote tout du long. Aussi, on approche rapidement du point sur la trace où on a prévu de chercher un endroit pour manger. Globalement, c’est un endroit à partir duquel il n’y a quasiment plus de montée. Nous sommes en train de grimper une des dernières, assez pentue d’ailleurs, quand on aperçoit un peu plus loin devant Benji arrêté en plein milieu. Il s’avère qu’il a pété un rayon, on se demande d’ailleurs comment. Je regarde sa roue, et voyant que c’est une DT Swiss, la même marque que moi, je rassure tout le monde en expliquant que j’ai des rayons avec moi et qu’on va pouvoir réparer. Je n’en suis pas peu fier d’ailleurs. Tout d’abord, il faut retirer le rayon cassé, et on galère un petit peu. Pour sortir le rayon cassé, il faut en dévisser une autre afin de le détendre pour faire passer le premier, on se demande même si on ne va pas devoir démonter toute la roue. Heureusement, j’ai entièrement monté ma roue arrière peu de temps avant l’Odyssée, du coup je vois bien comment ça marche et je m’en sors : le rayon cassé est démonté !

Réparation en plein milieu de la route

On est évidemment resté en plein milieu de la route, et donc il a fallu se déplacer à un moment pour laisser passer une voiture.

Réparation plus conventionnelle sur le bord de la route

Je présente alors glorieusement le rayon pour faire le remplacement, et constate qu’il est trop court... et oui ! Benji a la même marque de roue que moi, mais c’est une roue 29 pouces, alors que moi j’ai des 27.5. Et forcément, les rayons ne sont pas de la même taille. Je ravale ma fierté, et on est tous un peu deg. Toutefois, avec un seul rayon en moins, la roue reste tout à fait utilisable, et au besoin on pourra essayer de trouver un bouclard pour en acheter (même si on connait la rengaine désormais : sûrement qu’il n’y en aura pas, qu’ils peuvent pas avoir tous les modèles en stocks et qu’ils peuvent en commander pour le recevoir 3 jours après).

Je remonte donc le rayon qu’on a bougé pour faire passer le cassé, on vire l’écrou qui tenait le rayon cassé, puis j’essaie d’aligner du mieux que je peux la roue. Évidemment, ça voile un petit peu au niveau du rayon manquant, mais globalement ça va.

Benji met une chambre à air, regonfle, et on peut enfin repartir. On a perdu un peu de temps avec tout ça, mais franchement on a tellement bien roulé ce matin qu’on est large niveau timing.

À l’issue d’une montée, on arrive dans le village qu’on avait repéré sur la carte, et les frères Dubois avisent un gamin et lui demandent s’il connait un endroit pour manger. Apparemment, il n’y a rien là, mais dans le village à côté il y a des kebabs et autres pizzerias. On pousse donc jusque-là, s’éloignant de la trace de 1km et demi environ, et on trouve un endroit nommé la diligence, qui est une friterie. Comme ça fait 2 jours que le Fab nous mange le cerveau avec une envie de mitraillette (américain pour les non-bilingues franco-belge), cela semble l’endroit tout indiqué. On s’y arrête un peu méfiants, la tenancière nous expliquant en plus qu’il y a plein de trucs qu’elle n’a pas, mais finalement tout le moindre y trouve son compte, ou presque, car David commandera systématiquement ce qu’il n’y a pas. D’ailleurs, c’est pas compliqué, ce sera valable pour toute l’Odyssée : dès que David veut commander un truc, il n’y a pas, et dès qu’il consultera sur internet, son google des années 80 lui indiquera que c’est fermé (oui, on pense que le google de Dave est resté bloqué aux années 80, du coup il ne trouve pas les nouveaux lieux et croit que tout est fermé).

La diligence

Les frites sont excellentes. Même les belges reconnaissent que, pour des frites françaises, elles sont très bonnes (il faut dire qu'on est à ce moment là très très proche de la Belgique). Elles sont excellentes et très nombreuses, et bien sûr bien grasses, donc on va encore être bien lourd. J’ai réussi à inciter Cyrille de prendre un maxicantos (ou mexicanos selon votre région) plutôt qu’un steak haché afin de découvrir la gastronomie locale. Bon, curieusement, il n’a pas apprécié plus que cela. Quel gloubec, comme on dit chez moi (personne difficile). Mais noyé dans le pain, avec la salade, la tomate, les frites et la mayo, ça passe !

Des portions individuelles généreuses

Cherchez l'intrus

Une fois le ventre plein, en repart, se sentant bien lourds, mais très vite on s’arrête dans un bar pour recharger un eau. On prend un petit expresso en même temps et en terrasse.

Presque trop confortable cette Odyssée

Ensuite, on repart vraiment pour de vrai. On croise sur notre chemin des nids de cigognes qui ne manquent pas de nous faire nous arrêter… enfin presque tous. Nos bolides belges ont trop de fourmis dans les jambes pour s’occuper d’autres animaux. Les 5 autres, on est comme des fous, surtout quand on découvre qu’il y a des bébés cigogneaux dans le nid.

Les 5 amoureux de la nature

Cherchez les cigogneaux

Comme prévu, il ne reste plus de grande difficulté sur la trace. On avait passé les deux mamelons le matin, il restait le grand phallus (ok, les noms sont imagés, mais si vous regardez le profil en fin d'article, vous verrez que ça s’y prête). Ce dernier est bien raide, comme attendu, mais se passe finalement très bien, chacun allant à son rythme.

Une fois celui-ci passé, il ne nous reste que de la voie cyclable bien tranquille le long de la Meuse. À un moment donné, on voit nos 2 belges qui nous attendent : ils sont au bord d’un petit étang, persuadés que notre labrador voudra y plonger. Cela n’a pas manqué, en moins de temps qu’il ne m’en faut pour l’écrire il est à poil et effectue un plongeon depuis le ponton. Les autres s’installent tranquillement dans l’herbe et continuent leur discussion (par exemple Francky finit de m’expliquer comment il est arrivé à la SNCF).

Déshabillage

Une image classique

On repart en se disant que comme il est tôt, on aura bien le temps de faire les courses. En effet, ce soir on est en gîte, et celui-ci étant équipé d’un barbec, on a prévu de faire cela nous même ce soir et donc j’avais repéré un intermarché sur la trace. Arrivé devant celui-ci, on se demande comment on va faire pour embarquer toutes les victuailles. Je propose de les bourrer dans le sac de Francky. Pour une force de la nature telle que lui, un peu de plus ou de moins, il ne sentira pas la différence, mais celui-ci ne semble pas convaincu. Comme il est tout juste 16h, on décide donc de d’abord aller boire un verre dans un bar à Sedan, puis d’aller récupérer le gîte, pour ensuite envoyer quelques volontaires faire les courses.

Nous voilà donc dans les rues de Sedan pour trouver un bar. On en trouve un avec une terrasse sympa, mais le tenancier nous installe un peu plus à coté, devant une entrée désaffectée d’immeuble, l’endroit qui pue la pisse et où dorment les clodos. On a trop envie d’une bière pour râler, alors on s’installe et on commande.

Une binouze dans le coin des clodos

On est en train de siroter notre jus houblonné quand passe une dame d’un certain âge qui nous interpelle sur le ton « ah vous faites du vélo, vous êtes de la pédale » et autres trucs du genre. Comme les frangins Dubois lui répondent, la voilà qui s’arrête et nous sort son laïus. Celui-ci a l’air travaillé car elle débite à un tel rythme que je ne comprends qu’un mot sur deux. Je pige globalement qu’elle s’appelle Bourvil, mais pas beaucoup plus. Je n’écoute pas vraiment en fait. Je suis concentré sur la tête de Francky, sur laquelle on lit clairement l’agacement. Le truc c’est que les rares fois où elle se tait, les Dubois la relancent. Bourvil dit alors à Francky « oh toi j’te fais chier, tu voudrais que je m’en aille ! ». Poliment, Franck répond « non, non » mais son visage dit clairement l’inverse. Elle finit quand même pas partir, tout juste parce que notre tracteur était à 2 doigts de lui demander de le faire.

Bourvil

Une fois notre bière finie, on redémarre pour les 3 derniers km vers notre gîte. Celui-ci est un peu en hauteur, donc il faut un peu monter. Après s’être arrêtés, ça pique un peu, et personne n’a vraiment très envie de redescendre faire les courses. Seul Benji semble chaud patate, et il nous indique qu’il va prendre des œufs, des avocats et d’autres trucs cools pour nous préparer un super petit dej. On est ravis, alors on lui donne carte blanche. On est finalement quelques uns à se dévouer pour aller faire les courses, en l’occurrence Francky, Cyrille et moi, mais finalement Dave et Faby se proposent aussi. Du coup, comme tout le monde est motivé, et que je ne le suis pas du tout, je me défile, Cyrille également. C’est donc Benji, Dave, Fab et Francky qui s’y collent. Ce dernier se retrouve gardien des vélos pendant que les autres faisaient les courses, et il s’est évidemment fait aborder par un autochtone, ce qui est sa grande passion. Le gars lui a demandé « ah vous faites du vélo ? moi aussi j’aimerais bien mais j’ai pas de copains ».  Pendant ce temps, les trois autres ont apparemment bien tourné dans le magasin, y’en a un qui prend un truc et le met dans le caddy, l’autre l’enlève du caddy et le repose pour que le troisième le reprenne, bref, c’était « les charlots font des courses ». Ils finissent quand même par

  •          prendre des bières, car Francky les avaient menacés s’ils n’en prenaient pas, promettant de les porter lui-même au besoin
  •          ne pas prendre d’avocats et de trucs pour le petit dej car en cours de route Fab m’a appelé pour que je vérifie avec le proprio du gîte si le petit déjeuner n’était pas inclus (et il l’était)
  •          acheter des brochettes de poulet à 22€ le kilo, ce qui apparemment est extrêmement cher (perso je me prononce pas, j’en ai aucune idée, mais ça a choqué des gens, c’est-à-dire Cyrille, au retour des courses)

Benji qui pète le feu

Francky, force de la nature, qui porte des bières

Fab qui fait le malin

Dave qui ferme sobrement la marche

À leur retour, échange de bons procédés, je m’occupe de laver les vélos avec le karcher mis à disposition par le proprio. Ça leur fait du bien, car ils étaient bien encrassés (relisez le début de l’article si vous en doutez), et je peux alors constater que David nous a toujours menti en disant qu’il avait un plateau de 32 dents. En effet, il lui en manque une. Je ne sais pas comment il a fait, sûrement sur un franchissement de pierre, mais il a une dent cassée. Ça ne devrait pas trop le gêner, mais ça fait bizarre.

Lavage de biclous

Pendant ce temps, Cyrille et Sam allument le barbec, préparent les légumes et font cuire les onéreuses brochettes. Travail d’équipe !

Les fameuses brochettes de riches

Une fois que tous les Totalistes et leurs vélos sont lavés, on prend l’apéro, puis on s’installe dans la grande véranda pour déguster les fameuses brochettes, qui se trouvent être excellentes.

L'apéro dans la salle apéro

Le repas dans la salle repas

Vers 21h, le match de l’équipe de France contre le la Suisse démarre. Les belges en profitent pour aller se coucher tôt. Les autres restent dans la salle commune pendant les deux mi-temps, geignant lors des buts Suisse, braillant lors des buts bleus.

On rejoint nos chambres avant les prolongations, et après les tirs au but, on noie notre chagrin dans le sommeil. On ne prend du coup pas le temps de prendre une photo à poil, désolés pour les fans.

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Profil de la trace prévue (vous voyez les deux mamelons ?)

Profil du trajet effectif (et le grand phallus, vous le voyez le grand phallus ?)

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