Au réveil, comme prévu,
on ne s’énerve pas parce qu’on doit attendre l’arrivée du sang frais avant de
démarrer. Du coup, c’est avec une certaine décontraction qu’on prend le petit
déjeuner qui est très bon (vous me direz comme chaque jour), avec une mention
très bien aux confitures (oui, comme d'hab' aussi). On ramasse ensuite tout aussi calmement les affaires
éparpillées partout. On est contents car nos vêtements sont globalement secs et
nos chaussures le sont complétement, ce qui est quand même très appréciable. Comme
attendu les K-ways qui sont restés dans le garage sont bien humides.
Cette lenteur dans la
mise en mouvement fait qu’on n’est évidemment pas prêts quand débarquent nos
trois partialistes : Bruno, Quentin et Corentin. On se dit bonjour, on se
présente, et une fois que tout le monde est fin prêt, on y va, non sans
remercier chaleureusement nos hôtes.
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Les nouveaux arrivés, Francky et Sam prêts à en découdre |
Contrairement à ce que
nous avait annoncé la météo, le temps n’est pas au beau fixe. Il pluviote même.
Cela ne nous enchante guère, mais il faut bien y aller. Comme d’habitude depuis
le début de cette Odyssée, on démarre par une grosse montée, et celle-ci nous
permet de constater qu’en ce jour 6, on commence à avoir un peu mal aux pattes.
Les jeunes venant d’arriver, tout frais, veulent impressionner la galerie et
partent très fort. Benji, pourtant pas le dernier à démarrer comme un poney,
les laisse partir et a ces mots prophétiques « laisse les y aller, on en
parlera dans 2h ».
Nos nouveaux compagnons
n’attendront pas longtemps avant de découvrir le principe d’une Odyssée. À un
moment, notre trace traverse un endroit qui est grillagé et fermé. On a deux
choix, faire demi-tour et trouver un contournement, ou trouver un chemin qui
longe. Je repère qu'on peut faire le tour par un route, mais Sam remarque un chemin qui longe et l'emprunte avec assurance, comme le ferait un Dubois. Et on se retrouve
rapidement à marcher en poussant les vélos, le long du grillage, pour atterrir
nulle part. Peu motivés à faire le chemin inverse (ça nous a pris bien 10-15
minutes pour arriver jusque-là), on décide de s’enferrer dans notre connerie et
on passe par un champ, on escalade un tronc, on passe nos vélos au-dessus d’une
clôture pour enfin arriver dans un chemin vaguement carrossable de forêt. On
retrouve enfin la trace après facilement une heure de pérégrinations. Un rapide
calcul me laisse penser que la route de contournement aurait pris 15 minutes en
pédalant pénard. Oui, mais il faut bien que nos partialistes goutent à ce genre
de plaisir !
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T'aimes ça, marcher à côté de ton vélo, hein ? |
Les chemins Ardenois
(oui, j’insiste... enfin on insiste, car c’est ce qu’on s’est évertué à dire durant
toute notre traversée de ce département) sont fidèles à eux-mêmes : gras,
boueux, glaiseux. Faby a une théorie à ce sujet : c’est la chicorée qui
est récoltée à proximité des chemins qui leur donne ce caractère glaiseux. On
les reconnait à leur couleur grisâtre, les chemins à éviter. Du coup, si on
voit un tas de chicoré quelque part, il ne veut mieux pas passer par le chemin
voisin. On se retrouve malgré ces indications plusieurs fois dans ce type
chemin, et à chaque fois on en remet plein le dérailleur. Du coup, on s’arrête
régulièrement pour balancer de la flotte sur la transmission pour enlever le
surplus. A un moment donné, on croise un ancien lavoir et quelques-uns d’entre
nous (les Dubois, David et moi) finissent par mettre complétement le biclou dans le lavoir
pour nettoyer. David sacrifie même sa gourde pour la charger d’eau croupie afin
de faire un jet pour nettoyer par-dessus.
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Le dur labeur des lavandières |
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Nettoyer, encore nettoyer |
La montée glaiseuse
suivante est celle de trop. On décide de ne plus suivre ce genre de chemin car
il n’y a aucun plaisir, et on en a marre de nettoyer les vélos tous les quarts
d’heure. On fait donc un dernier nettoyage sauvage dans les flaques avant de
remettre en route sur route.
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Le pneu qui débourre pas |
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Ca s'accumule là, puis ça sèche |
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Et là il est à peu prêt nettoyé |
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On roule dans les flaques pour réhumidifier la boue sèche |
On trouve ensuite une
boulangerie où on achète, comme deux jours plus tôt, sandwichs et desserts. On
sait qu’on va traverser un gros no-man’s land et il n’est pas question de se
retrouver sans rien à grailler. Les plus gourmands d'entre nous n'y tiennent pas et, comme l'autre jour, engouffrent leur dessert.
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Les gourmandins |
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Dave-la-gueule-sucrée |
On convient de s’arrêter pour la pause déjeuner
après avoir passé une certaine montée (après 28 km si je ne dis pas de bêtise).
Cette montée se fait sur le bitume, et on arrive à un petit parking à côté
d’une église, où il y a des bancs et des étendues d’herbe. L’endroit parfait
pour faire une pause, d’autant que le soleil commence timidement à percer les
nuages. C’est très agréable. On profite de la pause pour connaitre un peu plus
nos nouveaux compagnons, et on s’amuse de la complicité de chien et chat de
Quentin et Corentin. Un truc qui est marrant quand ils se parlent, en plus de
systématiquement s’invectiver, c’est qu’ils parlent très très vite, comme le
personnage que joue Brad Pitt dans Snatch, celui qui veut acheter une caravane
pour sa mère.
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La pause repas sur la placette |
Après le repas, on
utilise un petit robinet, qui déverse de l’eau assez doucement, pour nettoyer à
nouveau les vélos (avec un peu de patience). Un peu plus loin, je vois une
espèce de ferme, avec un tuyau d’arrosage à l’entrée. J’en informe Fabrice qui
décide immédiatement d’aller demander l’autorisation de l’utiliser. Sa bonne
étoile a encore frappé, le propriétaire est justement dans son allée et
s’apprête à partir. Il fait les branchements nécessaires et nous invite à nous
servir. On est ravis et cette fois on fait un bon gros décrassage de tous les
biclous. Dégraissage, regraissage, ils sont comme neufs au moment de
redémarrer. Plus question cette fois de repasser par les chemins dégueulasses,
on prend la route !
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Station de lavage |
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Collection sexy printemps-automne 2021 |
Francky avait repéré un
bar dans une ville, qui n’est pas forcément sur la trace, mais ça dit à tout le
monde de s’arrêter en terrasse boire un coup. Du coup on se dirige par là-bas.
Au départ, on prend des routes par forcément fréquentées, puis on rejoint des
voies un peu plus larges. On profite des premières pour papoter et je discute
un peu plus avec Quentin, Corentin et Bruno afin de mieux les connaitre.
Cyrille a à nouveau un soucis de porte-bagage et cette fois c’est avec une
sangle qu’on bricole son truc.
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Jour 6, ça les fait toujours marrer de réparer le porte-bagage |
Quand la route devient un
peu plus fréquentée, et donc plus chiante, on se retrouve à nouveau à faire le
jeu des relais. Faby part très tôt avec Benji et Sam à un rythme effréné. Moi
je suis en train de discuter tranquillement avec Coco quand je sens que je me
prends plein de vent dans la tronche. Du coup, j’annonce à mon interlocuteur
que je vais lui apprendre une technique de fourbe et je me mets sur le côté,
prétextant une avarie, afin de laisser passer Cyrille et Dave qui discutaient
derrière nous. Une fois qu’ils sont passés, je redémarre immédiatement pour me
planquer derrière eux, protégé du zéphyr. Ça les fait marrer, car ils ont vu
clair dans mon jeu, et finalement, on se retrouve nous aussi à prendre des
relais. Corentin ne s'accroche pas longtemps, et on se retrouve à 3 à se relayer. Puis, David va sauter un premier relai, pour finalement sauter tout court,
car le vent est quand même assez fort, et quand le premier s’écarte, on prend
un bon coup dans le pif. Cyrille et moi nous retrouvons à pédaler comme des
cons, avec pour objectif de rattraper les copains de devant qui sont partis
bien plus tôt (mais qui ne roulent pas aussi fort). On se pète les jambes pour
finalement échouer de peu, ils arrivent au bar environ 10 secondes avant nous.
On se marre bien et on se trouve bien débiles, car on s’est vraiment épuisés
pour rien, mais bon, c’est l’avant dernier jour, on a encore de l’énergie, il
faut bien s’amuser comme on peut.
On s’installe en
terrasse, on boit quelques chopes et on passe un bon moment. Les partialistes
sont bien intégrés au groupe, ça vanne dans tous les sens. Corentin en
particulier est un sacré phénomène. Je ne sais plus exactement à quel moment
c’est arrivé dans les deux jours, mais il a donné des nouveaux surnoms à
quasiment toute la troupe. Faby devient « Abricot », car il n’a de
cesse de proposer ses fameux abricots confis (à tel point qu’à la fin il
regrettera d’avoir épuisé son stock trop tôt), Cyrille est « Grosses
cuisses » du fait de ses jambes musclées, Sam et Benji sont, de façon peu
originale pour le coup, « les belges », il hésitera à mon sujet et me
nommera finalement le lendemain « le photographe » car j’ai passé
beaucoup de temps le lendemain à prendre des photos et vidéos, mais le
meilleur, celui qui nous a fait le plus rire, c’est le surnom dont David fut
affublé : « Brioche ». C’est venu alors qu’il le cherchait, et
il a sorti un truc du genre « il est où celui avec la brioche,
là ? ».
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Des petites bières |
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Déjà finies ou pas encore servies |
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Santé Kompel ! |
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L'un est l'emblème des chacals verts... l'autre est vert et orange |
Lorsqu’on repart, ce même
Coco fait le malin à l’arrivée de la montée suivante, démarrant en nous
indiquant qu’il a son maillot à pois à défendre. Les jambes étant encore
bonnes, et l’Odyssée presque finie, je décide de jouer avec. Tout d’abord je le
rattrape, je reste un peu dans sa roue, et quand la pente devient encore plus
raide et qu’il ralentit, je mets une accélération brutale. Je me retourne pour
le voir scotché sur le bitume. Il me lance « tu peux y aller, mon maillot
est déjà assuré, je me contenterai des points du 2ème ». Bon, ces points
là il ne les aura pas non plus, car Sam le dépasse ensuite, et Benji également.
On arrive à proximité de
l’arrivée, et nous devions emprunter un chemin qui a été labouré par un
tracteur. Fab essaie d’y aller quand même, on ne l’attend même pas. On arrive à
la bonne alternative, qui est une petite descente un peu sauvage, et on s’amuse
à la descendre comme des pétés, ce qui permet aux jumeaux de découvrir, (en
l’apercevant briévement car il ne tiendront pas longtemps nos roues) la tige de
selle téléscopique et de s’émerveiller devant cette prouesse technologique.
On arrive à notre gîte,
qui est très très chouette. Il est tenu par une charmante polonaise qui nous
accueille très agréablement. Francky a préempté les chambres à lit doubles pour
lui et sa femme, ainsi que pour Quentin et sa copine, et nous indique avec la
diplomatie qui le caractérise, de nous démerder. David, Fab, Cyrille et moi
partagerons le dortoir qui est à l’entrée de la cour. On nettoie les vélos au
tuyau d’arrosage, on les bichonne comme d’habitude, puis chacun prend sa
douche. Entre temps, Céline, la copine de Quentin et Gabriel (le fils de
Francky) nous rejoignent. Une fois les vélos et les cyclistes lavés, on se met
en terrasse pour boire des bières en mangeant des saucissons. Francky avait
prévenu notre hôte de prévoir le stock, et je peux vous dire que les canettes
ont défilé.
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Faby bichonne le vélo du frangin |
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Binouzes et sauciflute |
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Ca commence à faire du monde |
Nous sommes ensuite
rentrés pour prendre un excellent repas, dans une ambiance toute aussi excellente. Le groupe
s’est agrandi, et il flotte déjà dans l’air comme une fin d’Odyssée, car on se
remémore déjà des anecdotes de la semaine qui nous semblent bien lointaines. Je
fais, comme d’habitude, une gaffe totalement involontaire et non voulue.
Cyrille est en train, comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises dans la
semaine, de parler d’engins qui font du terrassement par un système d’aspiration. La société qui a lancé cela vient de l’est de la France, et a
décidé pour sa communication d’arborer une couleur rose flashy et de se nommer,
de façon un peu provoc, « les suceuses de l’est ». Cyrille est fan du
concept et de la comm’, et nous en a parlé plein de fois. Du coup, quand je
l’entends encore en train d'en parler, étant vaguement éméché, je dis, enfin je dis fort parce que quand
j’ai bu j’ai tendance à brailler, « c’est pas vrai que t’es encore avec
tes suceuses de l’est, toi », et ce pile poil au moment où notre hôte,
polonaise, rappelons-le, arrive pour nous servir le dessert. Je vous laisse
imaginer la honte qui s’est emparée de moi. Elle a fait semblant de rien, et je
n’ai pas cherché à m’expliquer ou à m’excuser car ça aurait été encore pire,
mais j’ai été pas bien pendant au moins 10 min. Ca a bien fait rire Faby, qui
évidemment en rajoutait par-dessus. Madame, si tu passes par ici, sache que
c’est un affreux malentendu !
Pour le dessert, nous
fêtons l’anniversaire de Francky, qui est bien accoutré pour l’occasion. Notre
hôte nous ramène ensuite plusieurs bouteilles de vodka aromatisées, et là il
faut faire très attention. Elles sont très bonnes et c’est très sympa de tout
gouter, par contre ça peut être très douloureux au réveil.
Certains n’hésitent toutefois pas à finir les bouteilles, et le paieront le
lendemain.
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Bon anniversaire Francky ! |
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Toute la bande autour de notre porteur de menhir |
On file dans notre
dortoir, où on raconte quelques conneries, on écoute un sketch de Blanche
Gardin qu’on a évoqué un peu plus tôt dans la soirée, et celui-ci est à peine
terminé que tout le monde s’endort.
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Le profil de la trace prévue |
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Le profil du trajet effectif |