mardi 22 août 2017

Epopée : épilogue

Voilà, avec ce récit publié sur le blog, l'Epopée est belle et bien finie. Ecrire et décrire toutes ces journées a été un long, très long travail, mais c'est utile à plusieurs niveaux
  • ça permet de garder une trace de ces moments, et les relire sera génial. Chaque fois que je relis ceux du Périple, je suis hyper content, ça me projette dedans, je revis toujours ces moments avec grand plaisir;
  • ça permet à ceux qui ne l'ont pas vécu de se faire une idée de ce qui se passe pendant cette aventure, en la vivant depuis l'intérieur de ma tête;
  • ça me permet de tourner la page, car tant que ce n'était pas écrit, je restais sur un sentiment d'inachevé, comme si pour que l'Epopée soit belle et bien terminée, il fallait qu'elle soit consignée. Je me suis attribué cette tâche d'être l'annaliste de la compagnie verte (les initiés comprendront la référence, les autres demanderont à google - attention la couleur n'est pas la bonne, là j'ai mis verte en référence aux chacals), et tant que cette mission n'était pas terminée, je ne pouvais pas me tourner vers la suite.
Comme promis dans la petite introduction du premier post, j'ai essayé d'être le plus honnête possible lors de mes descriptifs. J'ai vraiment essayé de retranscrire mes sentiments, mes émotions, mes joies et mes déceptions. Je voulais vraiment essayer de vous relater les faits non pas tels qu'ils étaient, mais tels que je les ai vécus. Aussi, il y a certains passages qui peuvent vous surprendre et ma façon d'aborder le récit peut parfois étonner, aussi je vous propose une petite explication de texte.

Le ton employé

Déjà, vous pouvez potentiellement penser que cette aventure était vraiment pourrie, parce que je décris plus de galères que de rigolades. En vrai, il y a beaucoup plus de moments joyeux et rigolards que l'inverse. C'est juste que ces moment là sont considérés comme "normaux", et donc ne sortent pas de l'ordinaire et ne présenteraient pas d'intérêt dans le récit. Quand on part rouler entre potes, à part les moments où on se concentre sur l'effort dans de grosses montées, ou alors qu'on s'applique sur la technique dans les descentes, on passe notre temps à papoter, et bien souvent à se vanner les uns les autres. Ca n'a pas manqué à l'Epopée, où on n'était que très rarement silencieux. Et quand on l'ouvrait, c'était systématiquement pour dire des conneries.
Donc si vous avez l'impression suite à la lecture des posts que globalement on était tristes et inquiets, c'est que j'ai un peu trop dramatisé le récit. Bien-sûr on a eu des moments difficiles, mais globalement, on s'est vraiment bien marré. Et ceci se ressent d'autant plus avec le recul.

Pour écrire ces textes, je me suis basé sur des notes prises chaque jour (par écrit ou dictaphone) et sur les photos que chacun m'a transmises. Souvent, je me suis surpris à exploser de rire en repensant à tel ou tel moment. La palme d'or de rigolade lors de l'écriture revient au jour 2, avec les photos tendancieuses du Chef. Je les ai envoyées à Fab par email au boulot, et on s'est téléphoné pour en parler. Franchement, je ne pouvais pas parler tellement je rigolais.
En me remémorant tous ces souvenirs pour écrire les textes, j'ai savouré une deuxième fois l'Epopée. Après, je me suis vraiment contraint à essayer de me replonger dans l'état d'esprit de chaque moment, du coup j'ai pu dramatiser excessivement certains passages. Mais je suis un garçon très sensible, malgré mes apparances de vieil ours bourru, et je vis les choses intensément, les bonnes comme les moins bonnes.

J'espère avoir réussi à conserver mon style, un peu familier et potache, qui est un peu ma marque de fabrique sur ce blog. J'ai eu quelques retours qui m'ont fait plaisir, comme sur le crescendo du porte-bagage (tip-top la frime vas-y comme il est bien) de Benji, et d'autre remarques sur quelques allusions glissées à droite et à gauche. J'ai pris beaucoup de plaisir à relater nos histoires à ma façon.

La fin

Un passage qui vous aura probablement choqué, c'est la fin du jour 7, le moment de l'arrivée. Ne dites pas le contraire, moi-même ça me choque quand je le relis. On a l'impression que ça finit de façon abrupte. Et surtout, la fin ne parait pas joyeuse, n'est-ce pas ? A nouveau, c'est une question de retranscrire les sensations du moment avec fidélité.
Déjà, j'aurais aimé être en mesure de vraiment faire la fête lors de la soirée. Je suis sûr que si Francky avait été là, il nous aurait forcé à danser, comme il le fit lors du Périple, et on se serait mis à bouger. Là, sans animateur, difficile de se bouger. On était quand même bien crevés. Faut reconnaitre que 7 jours de VTT intenses, avec une hygiène alimentaire plus que discutable, ça vous abat. A un moment, j'aurais voulu me lever, aller prendre l'ordi et balancer du Patrick Sébastien pour faire les sardines. Mais rien que l'idée m'a épuisé. Donc, et toujours par soucis d'honnêteté, j'avoue que je regrette un peu de ne pas avoir eu la force de lancer la fête et que ce ne soit pas plus le délire. Après, la soirée était super sympa, et je pense qu'on était tous trop crevés pour la vivre différement. J'espère que vous en gardez un bon souvenir, moi j'ai vraiment bien rigolé avec vous tous. Mais qu'est-ce que j'étais fatigué !!!
Le lendemain, c'est différent. J'ai passé vraiment une super journée, on a déjà un peu de recul, et on a récupéré un peu avec la nuit de sommeil. Du coup les discussions qu'on a eu, les moments passés à plaisanter et simplement le fait d'être ensemble me rendaient très heureux.
Mais le problème, c'est que je le sentais déjà qui montait, qui arrivait : le Grand Vide.
Et je l'évoque sur le fin du post, sans trop détailler, mais l'idée est là. C'est ce sentiment d'avoir fini ce truc qu'on prépare depuis si longtemps, qui est moteur de beaucoup de discussions, de préparation, d'entrainement. Pendant toute une année entre le moment où on décide de la faire et le moment de partir, c'est un sujet récurrent, qui devient de plus en plus présent au moment où ça avance. Au départ c'est un peu, je prépare le parcours dans mon coin, je raconte mes trouvailles aux copains, puis à partir de janvier où on cherche les hébergements, ça devient plus intense, plus quotidien. Le dernier mois, c'est à longueur de journées que l'Epopée nous occupe. Et là, soudainement, après 1 semaine de vie commune, d'aventures, de rebondissements, de rigolades, de vélo,... c'est fini. Et en plus je sens bien que cette Epopée est la dernière. En tout cas j'en ai la conviction lors de ce dimanche.
Aussi, le post se termine de façon abrupte parce qu'au moment où mes copains s'en vont, c'est la meute qui disparait, c'est l'Epopée qui se termine, et je sais que ça va prendre plusieurs semaines, voire mois, pour qu'un nouveau moteur nous reprenne, pour qu'un nouveau sujet nous passionne au point de nous en faire parler chaque jour.
Après le POC, il s'est passé un an pendant lequel plus personne ne roulait ensemble, juste certains roulaient chacun de leur coté. Et c'est lorsqu'on a voulu faire un POC 2 qu'on a réussi à remobiliser un groupe.
Après le Périple, ça a pris aussi un petit moment avant que quelque chose ne se refasse, puis on ne roulait plus que Faby et moi, époque de l'invention des Copains Crétins, jusqu'à la création de l'équipe des Crapauds où Benji et David sont venus relancer la notion de groupe.
Après chaque gros événement tel que celui-ci, l'équipe se brise un peu, pour se recréer plus tard... avec le risque de ne jamais se recréer. Et en ce dimanche de fin d'Epopée, j'en suis terriblement conscient quand on se sépare. Et du coup, c'est ce sentiment qui domine à ce moment là, et c'est là-dessus que termine véritablement le dernier jour de l'Epopée. Du coup, c'est là-dessus que je voulais faire terminer cet article, avec ce sentiment de vide énorme. Si, quand vous avez fini de lire le jour 7, vous avez comme l'impression de fin brutale, de vide, si vous vous êtes dit "bin c'est tout ? Ca se termine comme ça ?", si vous avez l'impression qu'alors que ça fait deux semaines que vous suivez chaque jour nos aventures vous avez l'impression que je vous plante soudainement et vous abandonne, alors j'ai réussi l'effet recherché. Par contre, je ne voulais pas vous laisser sur cette fin sans vous donner d'explications, d'où le post d'aujourd'hui.

Une aventure plus émotionnelle que physique

L'Epopée est au départ une épreuve physique. En tout cas, c'est le premier truc auxquels les gens pensent quand j'explique que je pars une semaine avec des copains faire 7 étapes de VTT pour un kilometrage moyen de 70 bornes par jour et de 1000 de D+. Vous aurez compris en lisant mes textes que c'est finalement le caractère qui ressort le moins. Bien-sûr, c'est fatigant, et comme expliqué précédemment, on est cuits à la fin. Mais franchement, c'est bien plus une aventure émotionnelle. Je suis passé par tous les états, surtout au début. C'est pour ça que j'ai été obligé de découper les premiers jours en deux parties. Trop riches d'un point de vue émotion. Je pense que c'est pareil pour ceux qui ont eu des galères mécaniques comme Benji à Dinan, et le ras-le-bol de Francky du 3ème  jour. Lors des jours suivants, on est quasi en roue libre : après ce qu'on a vécu, les soucis paraissent loin, les étapes semblent limite faciles. Alors bien-sûr, comme j'essaie de le faire comprendre dans mes posts, on n'est pas non plus hyper sereins. Notamment David et Fab, qui peuvent pas vraiment relacher l'attention car eux controlent constamment qu'ils ne tirent pas trop sur les parties blessées. Et pour les autres, on a peur que les copains ne se blessent vraiment, et on craint que le matos nous lache à nouveau. Mais franchement, je me suis tellement vu ne pas pouvoir finir l'Epopée que j'ai apprécié chaque minute restante, même les rares prises de têtes qu'on a pu avoir. Enfin surtout je les apprécie aujourd'hui, car ce sont des souvenirs sympas, et on se marre bien aujourd'hui en se le remémorant.

En conclusion

J'espère que vous avez apprécié lire ce récit de l'Epopée. J'adorerais connaitre la façon dont mes comparses l'ont ressentie. Les Totalistes ont-ils le même feeling que moi ? Pierre et les autres qui ont fait quelques jours, comment les ont-ils vécu ? Ceux qui n'ont fait qu'un jour ont-ils ressenti ce sentiment de corps, de groupe, ont-ils eu conscience qu'ils faisaient partie de la meute ? Et ceux qui ont participé à leur manière, en nous recevant chez eux, en prenant un repas ou un verre avec nous, qu'est-ce que ça représente pour eux l'Epopée ? Certains ont mis des commentaires sur les posts, c'est cool, ça donne un petit retour sur votre propre expérience. Ce serait chouette que d'autres postent un récit complet (pas forcément aussi long que le mien) pour donner leur vision.

Ca y est, j'en ai fini avec l'explication de texte, il est temps que je passe véritablement à l'épilogue et que je vous raconte ce que sont devenus nos héros. Mais avant ça, je voudrais faire quelques remerciements, car l'Epopée n'aurait pas été ce qu'elle a été sans certaines personnes.

Quelques remerciements

Je tiens à nouveau à remercier tous ceux qui ont fait qu'il m'ait été possible de finir l'Epopée, avec mon biclou de surcroit. Mon grand-frère David, évidemment, qui m'a permis de trouver la pièce magique, mais également Matthieu et Papa, qui sont venus direct à mon secours le premier jour et auraient forcément répondu présents en cas d'autre soucis.
Je vais également profiter de ce paragraphe pour remercier très très fort Zouzou pour toute son aide dans la préparation de l'Epopée, et en particulier de la fête. Ca a été beaucoup de boulot pour tout organiser à l'avance (je vous raconte pas les soirées devant notre fichier excel), puis c'est sur ses épaules que tout est retombé pendant que moi j'étais sur mon biclou.
Un gros merci pour les personnes qui nous ont reçus chez elles. Mes parents tout d'abord, qui ont transformé ma chambre en dortoir, Maman pour tout ce qu'elle avait préparé pour le repas, Papa pour son réveil délicat. Comme dit plus haut, les copains reviendraient volontiers. Ceci étant dit, mes parents m'ont indiqué qu'ils recevraient tout le monde avec plaisir. Pourquoi pas un week-end pour rejouer sur les terrils (sans bagages et sans faire de soleil ?). Les Hubert ensuite pour la dernière nuit, avec toutes les attentions de Nathalie, les délicieuses cotes de boeuf de Jean-Yves et le service impeccable d'Emeline et Charlotte.
Merci également à tout ceux qui sont venus à la fête, avec vos contributions et votre bonne humeur. Ca fait chaud au coeur d'avoir un public à l'arrivée. Un special thanks à mes belles-soeurs qui se sont farci le trajet jusque là pour nous accueillir.
Et enfin, un gros merci à ceux qui ont roulé, à chaque chacal, qu'il soit totaliste ou pas. Sans chacun d'entre vous, la meute n'aurait pas été la même.

Enfin l'épilogue

On est au moment où j'écris ces mots (le 02 août 2017), un mois après l'Epopée et ce que j'ai pressenti s'est évidemment produit. On n'a pas encore roulé une seule fois ensemble. Certes, il y a les vacances des uns et des autres qui jouent, mais il n'y a pas que ça. Même rouler tout court n'est pas une évidence. Moi qui ne suis habituellement que rarement une semaine sans rouler, il m'a fallu une bonne excuse une semaine après l'Epopée pour sortir le vélo de route. Par contre, le VTT, il m'a fallu 3 semaines. Pas envie. Pas envie de rouler seul. Pas envie de me retrouver seul sur ce VTT, sur ces mêmes chemins, sans les copains pour m'inciter à aller faire tel ou tel single, sans eux pour faire les cons, pour se tirer la bourre dans les montées, pour tenter un nouveau saut, pour faire le sprint, pour boire un bière à l'arrivée. Mais pas envie non plus de chercher à inciter les autres à venir. Motivation plate.

Et puis ça a été plus fort. Surtout l'envie de sauter. J'ai resorti le biclou, et je suis allé chercher les sauts (saut du tremplin, l'antre de la bête, saut du dragon, le tronc) et je suis allé "voler" un peu. Je suis ressorti 2-3 fois depuis. Les copains pas encore.

Mais quand Fab est rentré de vacances, je lui ai proposé de rouler, et évidemment il était motivé. Il faut reconstruire par la base, par les Copains Crétins. C'est programmé pour demain (au moment où j'écris ce texte). Benji est insaisissable en ce moment, Dave est en congés, Pierre devait venir mais s'est bloqué les cervicales. On ne sera surement que deux, comme après le Périple, mais j'ai bon espoir que le groupe va se reformer, et qu'on va se trouver un nouvel objectif. Fab et moi avons des envies de bike park en ce moment, ça peut aider.

Et j'ai également les Fabbri qui sont relancés. David et son nouveau vélo, Théo qui semble avoir vraiment accroché au VTT, Tom qui n'a pas encore le physique pour nous suivre partout mais qui a déjà une volonté de fer. Je n'imagine pas que Matthieu nous laisse nous éclater sans lui. Quant à Gollum, il dira qu'il n'ira pas mais sera assurément le premier de cordée. J'avais arrêté de remonter mon vélo dans le Nord quand je venais en visite, j'avais l'impression que je saoûlais tout le monde avec mon biclou. Mais avec l'Epopée, je pense que je peux recommencer.

L'Epopée est finie, mais elle a essaimé et de nouvelles aventures vous découler de celle-ci. Je ne sais pas quel sera le prochain grand évenement des Chacals Verts, il faut encore du temps pour finir de totalement digérer l'Epopée et imaginer la grande aventure du futur, mais je suis assurément certain qu'entre temps il y aura de nombreuses sorties pleines de rires, de nouveaux chemins, de pneus crevés, de culs de sacs, d'escaliers, de rivières à traverser, de boue, de bières, ... et de copains.


1 commentaire:

Francky et Céline a dit…

Je vois que le retour sur terre reste difficile.
C'est tout à fait compréhensible, quand on voit le niveau de ton investissement.
Raconter l'épopée de notre point de vue semble un pari osé car difficile de passer derrière toi. C'est un peu comme passer après Rocco, on se sent un peu léger.
En tout cas, c'était une belle aventure sportive et humaine, avec ce qu'il faut de peine et de joie pour qu'à la fin, on puisse se dire : On l'a fait!
Bravo et merci pour ce récit et pour cette épopée.