Quand on se lève
le matin, pas trop tôt, il pleut à plein temps dehors. Chacun émerge comme il
peut après la soirée très arrosée de la veille et on se retrouve rapidement
tous dans la salle commune. Les propriétaires du gîtes nous ont amené ce qu’il
fallait pour le petit déj, et, si ce n’est pas le grand luxe de chez Michelle et
Michel, c’est déjà incomparable avec le petit déjeuner costaud de Philippe (et
c’est juste 3 euros par personne). Et en plus, on a de la pizza froide pour
ceux qui aiment ça !
Marie est passée
nous ramener nos fringues propres et sèches. On ne peut pas en dire autant des
chaussures de mes comparses qui, bien que suspendues aux poutres du chalet
toute la nuit, n’ont pas éliminé toute l’humidité provoquée par les pluies de
la veille. Certains essaieront de passer le sèche-cheveu avec un succès
discutable. De mon côté, comme j’avais mis mes guêtres, j’aurai les pieds au
sec. D’ailleurs je compte les remettre aujourd’hui, ainsi que le reste de mes
vêtements de pluie. Une fois tout équipé, on pourrait croire que je vais aux
sports d’hiver.
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Je suis prêt pour la fête ! |
On descend pour
préparer les vélos. Avec ce qu’ils ont subi hier, les dérailleurs sont bien
crades et je prends un certain temps à tout nettoyer. Je prends également grand
soin à vérifier le serrage des vis de mon porte-bagage, ce que je ferai
désormais matin et midi. Pendant ce temps, Benji et Fab profitent des
installations et s’affrontent dans une partie de baby-belge effrénée.
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Check du porte-bagage |
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Baby belge (avec les barres qui ressortent) |
On constate une
légère baisse dans l’intensité de la pluie, alors on démarre. Il n’est pas loin
de 11h. On attrape très vite le Ravel, à l’entrée duquel on croise d’autres
galériens à l’abri sous un pont. On se salue. Sur le Ravel, on roule plutôt
rapidement, avec Benji et Dave qui ouvrent la route et nous qui nous planquons
plus ou moins derrière eux. Je sens que tout le monde est content de mouliner
un peu, et malgré la pluie, c’est plutôt agréable d’avancer à vive allure (on
tourne autour des 22-23 km/h).
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Francky, elle a quoi ta visière ? |
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De larges sourires malgré la pluie |
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La fine équipe prête à manger du bitume |
À un moment
donné, je me retrouve un peu derrière avec Fab, et je lui dis : « Tu
es conscient que cette Épopée c’est sans doute la dernière ? Je ne suis
pas sûr qu’on arrive à remotiver des gens à nous suivre dans nos
conneries ». Il acquiesce et me répond « Sous ce format là en tout cas,
c’est clair. Par contre sous un autre format, sans bagages... ». Là des
images de camping-cars me viennent à l’esprit, mais le moment n’est pas à
penser à la suite, mais bien à profiter du présent.
On quitte le
Ravel pour continuer vers Bertrix par des petites routes plutôt peinardes dans
des petits villages. Arrive déjà très vite le moment de manger, et on se met à
la recherche d’un endroit où se restaurer. Fabrice repère un endroit qui fait
chambres d’hôtes. La propriétaire est juste devant. En plus de tenir des
chambres, elle vend des produits locaux. Fab demande si on peut se restaurer,
et elle nous répond qu’elle ne peut pas nous recevoir, la loi belge est stricte
à ce sujet, elle n’a pas le droit de faire restaurant. Fab lui suggère alors
qu’elle pourrait nous inviter, et que nous on pourrait oublier un petit billet
sur la table en partant. Sa proposition ne fait pas mouche mais nous fait bien
marrer. La dame nous indique qu’on peut trouver un snack friterie pas trop
loin, mais qu’il faut monter une belle cote pour y arriver et celle-ci n’est
pas sur notre chemin. Sinon sur notre route il y a quelque chose, mais c’est
9km et ça monte très fort pour y arrive. Comme on a la pêche, qu’on n’a
pas peur de rouler, et qu’on a bien avancé le matin, on n’hésite pas une
seconde et on choisit la friterie. On a bien fait parce qu’on constatera plus
tard que l’autre possibilité pour manger était vraiment bien plus loin.
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Conciliabule : "bon on mange ou pas ?" |
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Moi j'attends tranquille |
La cote est vite
avalée et nous trouvons le dit snack. Il est 13h30 et on nous annonce qu’ils
servent jusque 14h. Parfait ! On s’installe, on commande, évidemment, des
Bickys, des frites et des Jupis, et on se restaure dans un joyeux bordel. On
recommande quelques bières, puis des cafés, et quand 14h est passé, on sent
bien que les 2 filles qui tiennent la boutique s’impatientent un peu. On prend
quand même un peu de temps pour se rééquiper, passer aux toilettes, etc..., et
on pousse la torture jusqu’à les gêner quand elles veulent quitter le parking
en voiture. Quels boulets ces chacals !!!
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Bicky !!! |
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Benji, tu as de la triple sauce dans la barbe |
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Jupi !!! |
Il ne pleut plus
et ça c’est plutôt une bonne nouvelle. On redescend la fameuse cote à fond de
balle et on retrouve la route initiale. Comme annoncé par la dame, notre route se
met à grimper sérieusement. En bas de la cote, on croise un groupe de cyclistes
à moteur qui nous font signe et nous crient qu’ils arrivent. Grrrrrrrr !!!
Je décide d’accélérer, je refuse qu’ils me dépassent. Le soleil profite qu’on
est en plein effort dans cette dure montée pour pointer son museau. Comme en
plus on a encore les K-Way, et pour ma part le pantalon de K-Way, il fait très
très chaud.
J’arrive en haut
de la cote, accompagné de Benji et Francky, avant les cyclistes à moteur. Ça
fait plaisir. Quand ils arrivent à notre niveau, on les charrie un peu
« Bin alors ? On vous a attendu !!! ». On profite
d’attendre Dave et Fab pour enlever les couches de K-Way. Quand ils arrivent,
on constate qu’ils ont fait de même, mais eux dès que le soleil s'est pointé. Pas con, parce que vraiment ça a chauffé
dans la montée.
Le reste de la
journée se passe à un bon rythme, baigné sous un soleil sympathique. On reste
toujours sur bitume, mais les paysages sont très sympa, et entrée dans les
Ardennes oblige, ça monte quand même pas mal. On se fait plusieurs cotes bien
raides et bien longues, où chacun va à son rythme.
Fab et David sont
un peu en arrière pour raisons médicales. Fab a mal à son tendon, ça on le
savait déjà. La nouveauté c’est David qui s’est esquinté le genou. Apparemment,
quand il a récupéré son vélo hier, il n’a pas assez redescendu sa selle. Et en
vélo, qui dit selle trop haute dit genou explosé. Bon, en général ça se remet
assez vite... à la condition de s’arrêter 2-3 jours. Or, ce n’est pas au
programme. Du coup, notre bon Chef, qui a déjà une côtelette en moins, se
retrouve à devoir gérer un genou capricieux. À aucun moment il ne se plaindra.
Tout comme Faby d’ailleurs, même si on le verra de temps en temps grimacer ou
boitiller, mais franchement les deux-là ont été hyper courageux et je leur tire
mon chapeau. Quitte à ménager leur corps sur certaines montées et à faire ça à
bas rythme, ils ont tout monté, et avec le sourire en prime.
Francky, de son
côté, continue son traditionnel mode tracteur. Dès que ça grimpe, alors qu’il
occupe souvent la queue de peloton sur le plat ou les descentes, il passe tout
le monde en revue avec son rythme de pédalage lent mais lourd. Il envoie du
gros braquet. Et comme il y a deux ans, chaque fois qu’il dépasse quelqu’un,
celui-ci hurle « Traaaaacteeeeuuuuuur !!!! ».
Benji est
également un petit tractounet dans son genre. Là sur bitume, lui qui est
initialement un routard, trouve ses marques et il aime bien passer les cotes en
force. Donc il n’est pas rare de le voir à la suite de Francky, voire de temps
à autre, de lui chiper la première place.
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Cette fois c'est Benji parti tout devant |
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Mais Tracteur ne s'en laisse pas compter |
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Ca suit à l'arrière, avec le sourire |
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Et je suis là aussi |
À l’issue d’une
montée, j’entends un peu trop de bruit venant de mes transmissions. Avec les
pluies, je pense que le lubrifiant s’est barré. Je m’arrête donc pour huiler et
je propose aux autres de faire de même. Ils refusent. Je les rejoins une fois
mon opération réalisée et là Fab change d’avis et me demande mon huile, bien
sûr une fois que j’ai tout rangé dans mon sac et tout. J’étais sûr que ça
arriverait, du coup je m’agace et, devinez quoi, je râle. « Putain t’aurais
pas pu t’arrêter avec moi ? Là faut que je ressorte tout pour toi !».
Du coup il prend la mouche et répond « Non, c’est bon, j’en veux plus. Non
mais ça va, pas besoin ». Ça m’énerve encore plus car je me doutais qu’il
ferait ça, c’est sa technique de me faire passer pour le méchant quand il est
casse-bonbons et que je lui fais remarquer. Du coup je m’énerve encore plus.
Faut dire qu’on est quand même pas mal fatigués après ces 4 premiers jours
exigeants, et du coup on se contrôle un peu moins. Et en plus, comme déjà dit
avant, on commence à être un vieux couple avec le Fab et on se connait par
cœur. On anticipe ce que va faire l’autre, et quand il le fait ça nous saoule
encore plus. Mais bon, comme tout vieux couple, on se calme aussi vite qu’on
s’énerve. On s’explique 10 minutes plus tard et on efface. Au pire, si le
conflit devait durer, on envisagerait la technique Bonobo... nan
j’déconne !
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Mets de l'huile ! |
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Bon finalement les autres en mettent aussi |
Il ne reste
qu’une dizaine de bornes à faire et on n’est encore qu’en milieu d’après-midi.
Je suis en train de discuter tranquillement avec Fab sur une petite montée
quand on constate qu’il n’y a plus personne derrière nous. Un peu plus loin je
vois un chacal qui fait demi-tour. On attend un peu. Rien... Finalement, David
nous appelle : Benji a pété sa chaine. Évidemment, ça ne pouvait pas se
passer sans aucun accroc cette journée. On fait donc demi-tour et on ne
retrouve Benjaille que 1,5 km plus bas. C’est Fab qui s’y colle cette fois,
pendant que Dave envoie des textos et que Francky se fait dorer au soleil.
Benji fait semblant de s’intéresser à la réparation et moi je prends des
photos.
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Alors le fil vert sur le bouton vert... |
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Après 4 jours, l'épilation n'est plus au top |
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"Kikoo, sava, xoxo" |
Quand on remet en
route, on constate que de gros nuages noirs se présentent d’un peu partout.
Vous allez voir que cet arrêt technique va nous faire prendre la saucée juste
avant d’arriver. Du coup, on accélère le rythme. Décidemment, les derniers
kilomètres sont toujours compliqués.
À un moment on
hésite un peu car un panneau indique Bertrix d’un côté et mon GPS, en mode
navigation (rappelez-vous, on n’est pas sur le suivi de la Trace ajourd’hui)
m’indique une autre direction. Je ne connais pas la taille de Bertrix, et le
panneau indique la direction d’un gros nuage bien noir : on suit le GPS.
On a bien fait
car on arrive à la chambre d’hôte sans se faire mouiller. On est passé pile
poil dans le couloir entre les nuages noirs. La chance aurait-elle enfin tourné
dans cette journée de transition ?
On est accueilli
par notre hôte dans une très charmante maison, avec un très joli jardin. Les
chambres sont très jolies, modernes, et avec le Fab on a même une lumière
d’ambiance pour créer des atmosphères propices à... à regarder des matchs de
boxe et de MMA en faisant des paris. C’est ce qu’on fera avec David avant
d’aller dormir.
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Chaleur !!! |
Notre hôte étant
réflexologue, j’avais dit au Fab qu’elle pourrait peut-être faire un truc pour
son tendon, du coup je lui avais dit de discrètement montrer qu’il souffrait
des pieds. Évidemment, il l’a fait façon jean Lefèvre (« Comment ???
Il y a un amant dans le placard ??? »), et quand il arrive en boitant
de façon forcé avec un large sourire, je suis sur le point d’exploser. Je lui
demande néanmoins, en essayant de mon mieux un air détaché : « Ca ne
va pas mieux ton tendon ? ». Lui : « Oh non, c’est
pire ! ». Notre hôte lui proposera de la glace. Raté !
Une fois notre
douche prise, il est vite temps d’aller manger. On a réservé un resto
semi-gastro juste à côté, et on a même l’apéro offert du fait qu’on vient de
cette chambre d’hôte. L’apéro ne vient évidemment pas seul, il y aura un
deuxième, puis du vin, enfin bref, on boit plus que de raison comme tous les
jours désormais. On mange très bien, certains regrettent un service un peu
amateur, puis on retourne à la chambre d’hôte.
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Apéro offert |
Benji et Francky
filent direct se coucher, et comme dit précédemment, avec Dave et Fab, on fait
des paris sur les combats à la téloche.
On finit par
éteindre pour dormir, avec le sentiment d’avoir bien fait de calmer le jeu
aujourd’hui. L’étape était bien plus facile que prévue, mais ce n’était quand
même pas du tout cuit. Plus de 1000m de D+ et 70km, même sur bitume, ce n’est
pas forcément du pur cadeau. Mais comparé aux jours précédents, ça nous a
semblé bien plus facile. Et surtout on a enfin eu un peu de répit côté galères.
Espérons que cela continue par la suite !
2 commentaires:
je vous l'ai dit les gars que ça allait le faire!!!
Allez, plus que deux étapes!
Et pour les éclopés n'oubliez pas
"un car qui ouène ......i ouène longtemps!!!"
Vous avez bien fait d'opter pour une étape plus roulante. Je pense que j'aurais apprécié également. ;-)
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