mardi 25 juillet 2017

L'Epopée (jour 1 - part 1) : le Grand Départ




Nous sommes réveillés à 7h30 « en douceur » par mon père « jouant » de la guitare en braillant ou soufflant dans son kazoo. Rien de bien choquant pour les habitués de la maison. On s’étire, se regarde pour voir qui est le plus défoncé suite aux excès de la veille, et on descend pour le petit déj.
On est tous un peu dans le pâté mais l’excitation du Grand Départ nous fait sortir de notre torpeur. Le petit déj est pris presque tous ensemble car déjà ça s’agite un peu. Certains s’habillent, d’autres préparent des affaires, tous se battent pour accéder aux toilettes. 
Le petit dej

Mon grand frère David débarque pendant ce joyeux bordel accompagné de Théo et Tom, mes neveux. Tous trois vont se joindre à nous pour le début de l’étape, ainsi que mon petit frère resté dormir sur place, et bien sûr mon père qui servira de guide à ceux qui contourneront les terrils plutôt que de les gravir.
Nous passons enfin à l’étape de charger les sacs sur les vélos. Benji se moque de nous car il s’est acheté un système méga pratique où tu n’as juste qu’à faire clic-clac et l’affaire est dans le sac. Nous on se bagarre un peu avec nos sangles pour bien sécuriser le tout et c’est vrai que ça prend un peu de temps. Mais au moins on est sûrs que ça tient bien, surtout le sac de Francky dont le surnom de la semaine sera le saucisson (ou salami) tellement au fur et à mesure du temps il se fera ficeler de plus en plus fort et adoptera un format de charcuterie emmaillotée du plus bel effet.
On charge le matos

Michel et Eléonore, qui ont dormi dans un gîte à proximité, nous rejoignent pile poil une fois les sacs accrochés. Il ne nous reste plus qu’à faire la photo du groupe avant d’y aller.
Une belle bande de Chacal

Nous sommes donc 11 à prendre le Grand Départ :
·         Les 5 « totalistes » (entendez par là ceux qui feront les 7 jours de l’Épopée), à savoir Francky, Faby, David, Benji et moi
·         6 qui font le début de l’étape départ : Michel et les Fabbri (Fausto le daron, David et Matthieu les frangins, Théo et Tom les neveux)
En ce début d’étape, nous passons par des chemins qui ont marqué mon enfance. Avec mon pote Gizmo, on passait tout le temps par là quand on faisait un tour à vélo. On chemine donc tour à tour par : 

  • le cavin, qui nous amène au célèbre Moulin de Bruille, qui est en fait un vestige d’un fort militaire où on célébrait jadis le 43ème RI.
  • l’ancienne maison de ma grand-mère où je m’arrêtais systématiquement dans le passé
  • la maison des parents de Gizmo 
  • le Marmouze, petite rue où un gros chien nous coursait tout le temps 
  • la cote du Coucou, qui me semblait si terrible durant mon enfance 
  • le lapin mort, chemin nommé ainsi car un jour Francis le roi de la saucisse en 106 y a vu... bin un lapin mort 
  •  l’étoile de Cernay, carrefour forestier entre pas moins de 6 directions et autour duquel on fera 3 tours (juste pour rigoler)

On entre enfin sur une zone pavée (logique dans le pays de Paris-Roubaix) nommée la drêve de la princesse. Elle est d'ailleurs réputée pour être la soeur jumelle de la célèbre tranchée d’Arenberg. Bon, pour nous qui sommes en VTT, cela ne présente pas de difficulté particulière... sauf pour Benji. On n’a pas fait 10 mètres que son super sac clic-clac hyper pratique s’offre un vol plané, arrachant au passage une des lanières le retenant sur le porte bagage. On ne peut s’empêcher de se moquer un peu, même si on ne souhaite assurément pas une galère au niveau des bagages à Benji. Pendant que Benji bricole vite fait, mon père et mon frère Matthieu sortent des flasques de goutte qu'ils proposent à la troupe. Dans celle du père c'est rhum, dans celle du frangin c'est mirabelle. Chacun peut donc choisir son poison. Une fois le remontant avalé et le porte-bagage renforcé, on est reparti.
Premier arrêt technique

Bricolage du porte-bagage tip-top la classe

La première difficulté du jour nous attend un peu plus loin : le Grand Terril. Dans le secteur où on est (Sabatier, dans la forêt domaniale de Raismes), il y a 3 points intéressants pour le vététiste. Le Grand Terril (qui doit avoir un nom mais je ne le connais pas), le Petit Terril (nommé Petit Mortier), et le Plateau. J’ai décidé de faire passer notre parcours sur les 3 car tous ont leur intérêt, et j’ai vraiment envie de montrer à mes copains que dans le Nord, on n’avait pas de montagne, mais mon grand-père mineur et ses collègues nous en ont fabriqué des sympas.
On commence donc pas le Grand Terril, non sans constater qu’un panneau interdit l’accès aux vélos. Mon grand frère indique astucieusement que c’est interdit aux vélos sans personne dessus, ce qui n’était pas notre cas, et donc ça allait. Au pied de l’ascension, j’explique à mes camarades qu’il ne faut pas se fier à la hauteur du terril, et qu’il fallait se méfier de son caractère escarpé. Le grip (adhérence au sol) n’est pas facile quand c’est sec comme actuellement, et les lacets (car ce terril monte en lacets) sont de plus en plus raides. Je lance d’ailleurs le défi à mes amis d’arriver à aller jusqu’au sommet sans poser pied au sol. Je n’ai personnellement réussi pour la première fois que récemment, et avec le sac sur le vélo et le sol très sec, la raideur du tout dernier coup de cul me semble trop forte.
Seuls les totalistes s’élancent sur ce défi. Les autres contournent la difficulté et nous attendent en bas au niveau des sauts pour voir si on essaie de faire des figures ou si on est raisonnables.
Je prends la tête de la troupe et entame l’ascension. Ce Terril je le connais par cœur. Je repense à Johan, avec qui on faisait la course dans cette montée, avec la règle que le vainqueur est le premier en haut, à condition de ne pas poser pied au sol. Avec mon vélo de l’époque, ce n’était pas évident, et ce malgré ma jeunesse. Je repense au petit Olivier qui gravissait ce terril en s’imaginant dans l’Alpe D’Huez, ou à ce jeune Olivier qui le montait seul afin de trouver refuge en son sommet les jours de chagrin d’amour.
Les lacets s’enchainent et je sens que j’ai les bonnes jambes pour l’Épopée. Les uns après les autres, mes compagnons décrochent et à l’issue du dernier virage tous sont à pied. L’erreur est vite arrivée sur ces chemins érodés par les ravinements. Une roue mal placée, et c’est le pied au sol assuré. Et repartir sur ces pentes est très difficile. Comme je disais, je connais ces lacets et leurs pièges par cœur. Du coup je me présente au pied du dernier raidard sur le vélo. J’essaie, j’avoue sans trop de conviction, et doit me résoudre à poser pied à mi-hauteur. Je finis en poussant le vélo.
Je retrouve en haut du Terril deux gars un peu surpris de voir débarquer un type avec un vélo chargé comme ça et je leur explique notre Épopée pendant que les autres nous rejoignent. Les gars sont impressionnés de notre défi. On en profite pour leur demander de nous faire une photo de groupe (à venir quand Dave m'aurait filé ses clichés).
Tout in haut de ch'terril

Francky, roi du selfie

La descente est prévue pour passer hors chemin officielle, par un chemin un peu enduro tracé par quelques passionnés sur les dix dernières années. J’y passe dès que j’en ai l’occasion mais je connais moins bien que la montée. Francky descend du côté « normal » car je le préviens de ce qui nous attend. Je me lance pour ouvrir la piste. Il y a quelques petits sauts sur ce chemin, mais je ne veux pas prendre de risque avec les bagages : je ne les prends pas vraiment. Par contre, je m’éclate dans les virages relevés et j’ai vite fait de perdre les copains. Arrivé en bas, à la zone où nous attendent les autres, je ne m’engage pas sur les fameux sauts. J’en avais repéré un ou deux de mon niveau, mais à nouveau, avec le sac, je ne préfère pas. Les fralés qui viennent ici régulièrement et qui ont conçu ce bike park sauvage ont vraiment créé des tremplins de fous. J’adorerais me lancer dessus, mais franchement je n’ai pas le niveau et par ailleurs mon vélo n’est pas taillé pour.
Je rejoins la meute et me retourne pour attendre les copains qui n’arrivent pas. Je m’inquiète un peu, mais très vite je vois débarquer David puis Faby, et enfin Benji. J’essaie de leur indiquer le chemin à suivre mais trop tard, David se trompe. Il se présente sur un saut, pas trop haut, mais avec 0 vitesse. Je ne comprends ce qu’il fait et apparemment lui non plus. En fait il pensait que ce n’était qu’une bosse qu’il allait enrouler. Il s’en rend compte trop tard et pique du nez directement. C’est la gamelle, gueule par-dessus le guidon. Il se relève assez vite et nous rassure : tout va bien. Il s’en sort apparemment avec une belle bosse à la jambe. Au final, au fur et à mesure de la journée, il sentira une douleur dans la côte et son verdict au lendemain est sans appel : au mieux fêlée, plus probablement un peu cassée. Cependant elle n’est pas trop mal placée et ne le gênera, selon ses dires, pas trop pour pédaler. Elle sera plus embêtante quand il rigolera, ce qui ne manquera pas d'arriver de nombreuses fois.
Parallèlement à cela, j’apprends que les autres ne m’ont pas suivi car Benji avait encore perdu son sac (qu’on accrochera plus fermement à coups de rilsans) et Francky nous rejoignant par l’autre côté casse sa chaine en grimpant, en bourrin, un petit raidard. Je le gronde quand je m’aperçois de l’état dégueu de la dite chaine. C’est Faby et Dave qui se collent à la réparation, non sans enfiler une paire de ses petits gants de chirurgien. Ça évite de se salir les mains, c’est malin. C’est malin, certes, mais la quantité embarquée ne sera pas suffisante pour toute l'Epopée. Il en aura pour à peine deux jours (ça vous laisse augurer une suite alléchante, n’est-ce pas ?).
 
Pour le moment, ça reste drôle
Benji profite de cette halte pour revoir son accrochage de sacoches (vous avais-je dis à quel point c’était pratique le clic-clac-fini ?;op) à base de rilsan.
Une fois les machines réparées et qu’on s’est assuré que le Dave est à peu près OK, on redémarre, direction le petit terril. On passe pour cela sous le chevalet, occasion pour mon père de raconter quelques histoires sur la mine (sous les blagues et sarcasmes appuyés de ses fils qui connaissent les blagues par cœur).
Pour arriver au petit terril, il y a un petit raidard d’un mètre cinquante de hauteur. Il faut prendre un peu de vitesse pour la passer sans encombre. Mon neveu Tom décide de s’y frotter, malheureusement trop lentement. Presqu’arrivé au somment, il repart en arrière et se casse la binette. Il retiendra courageusement ses larmes et sera soigné par David utilisant la trousse de secours de Dodo pour l’occasion.
Les motivés partent donc à l’attaque du petit Terril. À peine démarré, nous croisons un groupe de marcheurs nordiques et je suis interpelé par le premier de cordée. Je m’arrête et lui demande « Qui qu’t’es tizaut’ ? J’t’arconno nin ! ». (Traduction : "Qui es-tu ? Je ne te reconais pas"). Il s’agissait de Dimitri, un jeune que j’ai eu au centre aéré. C’est marrant de le croiser là et ça me donnera l’occasion de raconter plus tard aux copains la fameuse histoire du pari à 1kg de M&M’s (Dimitri faisait partie des pauvres parieurs perdants). On n’échange que 2-3 mots car son groupe veut finir la descente. On continue la montée à rythme tranquille jusqu’à ce qu’un type en VTT croisé plus tôt nous dépasse. Je décide de lui prendre la roue, car on ne me dépasse pas impunément sur mes terres ;op Je finis donc la montée pas à bloc, mais à rythme appuyé. Arrivé en haut, j’attends les suivants et ne me rends compte qu’à ce moment-là que Michel et Théo nous ont accompagnés dans cette montée. Ça me fait bien plaisir de les voir là. Je suis surpris notamment de voir mon neveu aussi à l’aise dans ce genre d’ascension (Michel ne me surprend plus, il est toujours plein de ressources insoupçonnées). Pour la descente, par contre, je lui conseille d'aller avec Michel et Francky par le chemin de la montée. La descente qu’on va prendre n’est pas très compliquée mais peut être piégeuse (mon petit frère peut en témoigner).
On se retrouve tous au point de départ et on redémarre direction le Plateau. Arrivé proche de son pied, Benji nous arrête tous. Cette fois c’est une crevaison. Décidemment, elle démarre bien cette Épopée. Dire qu’au Périple on n’a eu que 3 crevaisons en tout, le record de problèmes mécanique va vite être battu.
On s’arrête donc pour laisse Benjou réparer sa roue, et pour boire à nouveau quelques coups aux flasques de mes frères et père.
Réparation au milieu des camions de pompiers

Nous remontons enfin sur nos machines pour aller affronter le plateau. Cette fois, c’est le Totalistes plus Théo qui y vont. On se donne rendez-vous avec les autres en bas de la descente habituelle.
La montée du Plateau n’est pas très longue et tout le monde la fait à bon train. Je suis ravi de constater que Théo arrive, malgré son peu d’expérience, assez bien à suivre le rythme de la troupe. Une fois en haut, on s’amuse sur les petits toboggans qui parsèment le tour du Plateau, pour le plus grand plaisir de tous. Ce n'est pas très compliqué, mais c'est hyper fun à faire et on a une très jolie vue.
La relève est assurée

Après avoir bien joué sur le tour du plateau, on s'engage dans le chemin de la descente. Je préviens bien les troupes qu’à un moment donné c’est assez raide. C’est même plus raide que dans mon souvenir et c’est assez chaud même pour les expérimentés. Une fois en bas, les autres ne nous attendent pas. J’ai dû me gourer de descente... Bon, c’est pas grave, ça doit être juste un peu plus loin... sauf que c’était juste un peu plus loin de l’autre côté. On va donc se chercher un peu pendant 10 minutes mais très vite le groupe se reforme.
On repart à travers bois et Michel nous régale d’une superbe cascade, effectuant un vol plané au-dessus du guidon quasiment à l’arrêt. Il a bloqué sa route sur on ne sait quoi, mais suffisamment fort pour lancer ce magnifique soleil. Heureusement, il ne s’est pas fait mal du tout.
Quelques réminiscences des pluies précédentes jonchent notre parcours. De grosses flaques occupent le chemin. La plupart d’entre nous esquivera en passant entre les arbres, les plus bourrins (mon petit frère pour évidemment) iront tout droit à travers tout, créant de jolies gerbes d’eau façon Hollywood chewing-gum.
On se dirige vers le dernier truc rigolo de la première partie d’étape, une espèce de petit monticule dont on descend à toute blinde et tout droit en faisant de beaux nuages de poussière. Seuls Dave et moi iront faire les foufous la dedans, Benji et Fab préférant prudemment prendre la petite descente. L’un n’a pas confiance en son vélo, l’autre est encore échaudé par sa chute absalonesque et sa côte cassée.
On approche de la fin de l’étape pour les non-Totalistes, et il est peut-être temps. David, mon grand frère, est super motivé mais a son genou qui le fait souffrir énormément. Il faut dire qu’il a fait un épanchement de synovie quelques jours avant et son genou avait la taille double. Mais il a tenu quand même à venir. Matthieu, mon petit frère, a quant à lui réussi la performance incroyable de ne pas tomber une seule fois, et il aimerait bien que ça reste ainsi. Enfin, Tom semble complétement lessivé. Seul Théo nous donne l'impression de pouvoir continuer encore, ainsi que Michel mais il préfère largement l'idée d'aller prendre l'apéro. Une fois arrivés à Fresnes, Gollum (mon père) décide donc de guider le reste de la troupe par un raccourci. On espère que cette fois il n’y aura pas d’araignée géante sur leur route. On s’embrasse donc, nous prenons quelques photos, et nos chemins se séparent. Pour la première fois, les Totalistes se retrouvent seuls.
Les Chacals Fabbri

Les Totalistes et Michel

3 commentaires:

Unknown a dit…

La suite!!!!! la suite!!!!!la suite!!!!!

Unknown a dit…

Pour en revenir à la première soirée, ce fût un véritable bain de jouvence que de recevoir cette bande de d'jeun's ( enfin vieux d'jeun's).
Nous étions ravis et nous classons cette rencontre dans le top "fifty" (bin ouais quoi !!!on peut faire mieux!!!!)
Blague à part nous nous souviendrons toujours des deux week-end passés avec vous tous à l'occasion de l'épopée.
Bises à tous ceux que nous avons rencontrés et merci de votre gentillesse à tous.

Francky et Céline a dit…

Le top fifty, c'est déja bien.
Merci encore pour votre accueil et votre gentillesse.
Une première journée avec découverte du bassin minier et de la mécanique.