Cet été, c’est à
Valmorel que j’ai déposé mes valises et mes roues. Nous avions décidé Zouzou et
moi de passer une semaine au Club Med avec nos copains les Boulons. Obo n’a pas
tardé, une fois la décision prise, à nous trouver quelques possibilités de vélo
route, se rappelant de la première sortie sur goudron que j’avais faite avec
lui il y a deux ans lors de nos vacances à Peisey : le Col du Petit Saint
Bernard. Parmi ces possibilités, la plus évidente à proximité de Valmo, c’est
le Col de la Madeleine.
Le Col de la
Madeleine, c’est 25 km d’ascension, à 6.2%. Le pourcentage moyen est un peu
faussé par une légère descente au kilomètre 10, parce qu’on est quand même plus
souvent autour de 7 % que de 6. Ca grimpe longtemps, fort, avec surtout 3 gros
segments qui gratouillent fort en tout début, puis au 16ème, et enfin au 21ème
kilomètre.
Le sommet est
fièrement affiché à 2000m mais en vrai il fait 1993m. C’est sûr qu’on ne va pas
chipoter pour 7 m, mais quand même, on sent la frustration de pas être parmi
les mythiques >2000.
Comparé au Petit
Saint Bernard, on a globalement le même nombre de km, mais un pourcentage plus
fort. Pour le Petit Saint Bernard, on était rarement au-dessus des 7%,. Or, les
7%, Obo me les avait décrit alors comme une sorte de mur entre « je
gère » et « bin je gère aussi, mais faut quand même appuyer un
poil ». Cette fois j’ai découvert un autre mur, autour de 10, qui te fait
passer à « j’appuie comme un malade et j’avance pas ».
![]() |
Le profil de ce col de légende |
Moi, ce genre de
défi, ça me plait. Cette idée en tête, plus les visionnages nocturne d’un Giro
particulièrement passionnant m’ont finalement enfin décidé à m’acheter un vélo
route. Bon, vous me connaissez, l’achat n’a pas été compulsif. Ça faisait déjà
un moment que ça me trottait à l’esprit. En fait, à chaque tour de France
d’habitude, je me dis « c’est quand même cool ! ». Mais m’y
prenant plus tôt avec le Giro, j’étais déjà chaud boulotte.
Une fois que j’ai
décidé que cette année était la bonne, ça a pris bien 2-3 mois avant de
vraiment acquérir l’engin. Mais bon, c’est une autre histoire. Tout cela pour
dire que j’ai eu l’occasion un peu avant le jour J de m’entrainer en peu, en
faisant 4-5 sorties sur le bitume tant chéri par notre branche routarde. Et
chaque fois que j’affrontais une côte, j’étais à l’affût du moindre signe
pouvant me rassurer sur ma capacité à monter la Madeleine. Du coup, je prenais
chaque côte en essayant de descendre d’un pignon si possible, et au retour à la
maison, c’était étude sur Strava du pourcentage pour comparer avec les fameux 3
segments terribles de la Madeleine. J’en ai trouvé quelques-unes de côtes qui
pouvaient me donner un aperçu de la grosse muraille des 10% (la délicieuse cote
d’Ottange), mais sur 1km, 1km et demi, jamais plus. Donc ça passait, mais
j’avais toujours la question : « Est-ce que ça va passer sur 25
bornes ? ».
Je me suis
également préparé une petit antisèche à coller sur le cadre, avec les
différents pourcentages, mais plus précis que le profil au kilomètre. En gros,
à chaque changement radical de pourcentage, je vois à quelle distance ça a
lieu. Dans les faits ce sera un enfer à suivre car j’ai oublié de réinitialiser
mon compteur en début d’ascension, et je passerai mon temps à faire du calcul
mental pour identifier à peu près où j’en suis. Néanmoins, ça m’a donné des
indications sur les difficultés en cours d’ascension, et ça aide à se motiver
quand on se dit « plus que 1 kilomètre et demi à 9.5% !!! »...
euh... enfin presque ;op.
Quand le grand
jour est arrivé, nous avions un programme bien précis. Obo avait calculé sur
base de notre temps effectué sur le Petit Saint Bernard, ainsi que de
scientifiques calculs, la puissance moyenne à dégager lors de l’ascension afin
de réaliser une performance similaire. En gros, si je dégageais la même
puissance qu’il y a deux ans, nous devrions mettre à peu près (un peu plus en
fait) de 2h30 pour l’ascension. Dans sa grande perspicacité, il avait donc
commencé à me chauffer en m’expliquant que si on faisait moins que 2h30, ça
voudrait dire que j’aurais progressé. Le coquin !
Nous avons donc
calculé sur ces bases l’heure à laquelle il fallait qu’on parte le matin afin
de se donner toutes les chances de rentrer à temps pour l’apéro et le repas
avant d’enchainer sur un petite rando pédestre en montagne avec nos
épousailles.
Évidemment, tout
ne s’est pas passé comme prévu côté planning. Entre le temps pris pour
déjeuner, le léger allégement obligatoire pour la gars mézigue avant de partir,
l’accrochage des vélos sur la bagnole, Obo qui ne retrouve plus le garmin qu’il
avait rangé dans sa chaussure, le fait qu’il faille régler le parking à la
réception avant de le quitter, le trajet jusqu’au super U où on laissera la
voiture... on a directement démarré notre roulage avec 1 h de retard. Ce n’est
qu’anecdotique, mais je me dis en démarrant qu’il est possible qu’à un certain
moment on ait des velléités d’accélérer pour essayer de rentrer un poil plus
tôt, et ce genre de velléités, ça casse les pattes.
On monte enfin
sur nos vélos aux alentours de 10h. Obo nous a garés à environ 5 km du début de
l’ascension, l’idée étant de mouliner un peu pour chauffer les papattes avant
de se lancer dans le col. Arrivés à la borne indiquant le lancement de
l’ascension (arrivée dans 25 km), je suis contraint de m’arrêter pour faire un
dernier pipi de la peur. Mon objectif étant de tout gravir sans m’arrêter, ce
serait dommage de devoir stopper pour des raisons physiologiques (et je n’ai
pas l’abnégation de Yohan Diniz). Obo en profite pour photographier la dite
borne, et nous nous élançons enfin à l’assaut de la Madeleine !!!
Comme indiqué : 25km qui démarrent à 8% |
Comme je
l’expliquais plus haut, dès le début, ça monte fort. Mais l’excitation,
l’adrénaline, l’envie d’en découdre font que je me lance assez vite. Obo,
fixant son capteur de puissance (oui, il a ce genre d’appareil à présent) me
dit « oh oh ! 240 Watt !!! » (prononcez cela avec la voix
d’Obo, où plutôt avec mon imitation de la voix d’Obo : c’est plus marrant
et ça l’agace ;op). Sachant que pour aller à mon rythme « Saint
Bernard », obo est censé dégager 140 Watt, ça laisse entendre un léger
surrégime de ma part.
De mon côté, mes
deux meilleurs indicateurs, à part mon ressenti, sont mes pulsations cardiaques
et mon nombre de rotations par minute (Obo m’a fait acheter ce petit accessoire
qui s’avère bien pratique). L’idéal pour moi est de rester autour de 150
pulsations cardiaques par minute (c’est ce que j’avais fait au Petit Saint
Bernard) quand c’est possible, et d’avoisiner 80 rotations par minute (pareil,
quand c’est possible). Le nombre de rotations par minutes de 80 est, selon Obo,
l’idéal pour optimiser le rendement en utilisant de façon bien proportionnée la
vélocité et la puissance. Bon, dans les faits je tourne naturellement plus
autour de 75, mais dans l’idée on n’en est pas loin.
Bref, dans ce
premier kilomètre, j’envoie les watts, mon coeur ne s’emballe pas, et je me dis
« oh putain ça va l’faire ». Franchement, ça a beau être autour des
10% à plusieurs moments, ça passe plutôt bien. Certes, je suis déjà sur le plus
petit développement, je me sens costaud. Sérieux, je ne sais pas si c’est
l’euphorie du départ, ma préparation sérieuse, le vélo plus efficace que celui
de loc, un grand moment de forme, mais à ce moment-là, je me dis que je m’étais
peut-être inquiété pour rien et que je suis dans une bonne forme et puis c’est
tout.
On croise la
borne indiquant « plus que 24 km ». Un petit virage, et hop ça repart
plus raide. Il faut appuyer. Ca y est, l’euphorie est déjà légèrement retombée
pour faire place à la dure réalité : 10%, c’est dur. Et le tout va être
long. Je suis déjà obligé de faire une petite danseuse pour relancer car je
sens que ça mouline déjà moins fluide. Dix minutes avant, je me disais que ça
allait finalement être plus facile que prévu, et là je me rends compte que ça
va quand même être costaud, et que ce n’est pas un combat gagné d’avance. C’est
même une longue bataille engagée entre le soleil, la montagne, la pente, mon
poids, la gravité, le vent, l’accélération de Coriollis (ouais, parfaitement,
il va falloir compenser vers l’ouest), et bien d’autres, tous réunis dans le
même camp et moi seul dans le camp d’en face. Le doute m’assaille, mais je ne
me laisse pas abattre. J’suis un putain de guerrier ou pas ?
Surtout, bien s'hydrater |
On finit le
premier des 3 segments les plus raides. C’est passé sans trop de douleur, et je
me sens encore assez frais. Yeah ! À partir de là on a 2 km à 7%, qui me
semblent finalement moins raides qu’attendu, puis en enchaine sur du 5%, où
clairement j’ai l’impression de mouliner tranquille. Bon, soyons clairs, je ne
suis pas en train de faire une ascension à gros rythme façon équipier de la Sky
qui veut durcir la course. Mais je me dois de ménager ma monture, enfin en
l’occurrence c’est plutôt l’inverse. Je dois me ménager moi, ma monture s’en
tamponne complétement du D+.
Dans cette
première partie, on est sous les arbres, donc le soleil ne nous perturbe pas,
mais on sent qu’il est là, là-haut, prêt à nous écraser la tronche dès qu’on
sera à découvert. On ne s’en effraie pas pour le moment (de toute façon j’aime
bien rouler sous le cagnard), on est plutôt occupés à essayer de faire des
photos. Obo étant complétement à l’aise dans ce qui est pour lui un
sous-rythme, il en prend à peu près quand il veut. Mais pour moi en prendre
avec lui dessus, il faut que j’arrive à combiner les passages à moins de 7% où
il y a un léger dégagement entre les arbres afin de choper un peu de paysage.
J’en aurai réussi quelques-unes.
Le mec en ballade |
Durant cette
première moitié, on se fait passer par un groupe de coureurs en tout début,
puis un peu plus tard par un gars tout seul, habillé aux couleurs de la FDJ. Vu
son rythme, c’est pas un vrai, mais il va quand même sensiblement plus vite que
moi. Obo aimerait qu’il ne nous décroche pas trop pour qu’on puisse le
rattraper sur la fin, et je lui promets que s’il est en visuel sur le dernier
km je sprinterai comme un malade pour le choper, mais pour le moment je ne peux
pas prendre le risque de me mettre dans le rouge pour le maintenir à vue. On le
verra longtemps devant nous, ayant moins d’une boucle d’avance, puis une, puis
deux.
À part ces gars-là,
et à moins que ma mémoire ne soit très sélective, tous les autres cyclistes
rencontrés, c’est nous qui les dépassions. Ça ne veut pas dire qu’on allait
vite, les « vrais » partant sans doute plus tôt, mais on était
sûrement pas non plus trop trop lents ;op. Oh ça suffit
maintenant !!! Ok, on avançait pas très vite, mais quand même, on était à
l’aise au-delà des 10 km/h !
On a croisé
quelques phénomènes. Des mecs chargés de pleins de sacoches, grimpant sur des
vélos de tourismes, galérant comme pas permis sous le soleil de plomb. Je dis
respect, faut vraiment être motivé.
Mais revenons à
notre ascension. Après le passage à 5, on enchaine sur une partie à moins de
2%, avec même un bout de descente. Je me réjouis alors de monter la chaine sur
le grand plateau. Ouah !!! J’utilise le 50 dents dans la
Madeleine !!! Bonhooooooomme !!!!
On atteint
finalement très rapidement la mi-parcours en termes de kilomètres. Obo, lui,
préfère considérer le parcours d’un point de vue dénivelé, et là on est juste à
1 tiers. Je préfère continuer à regarder en kilomètres.
Un joli selphy devant un joli paysage |
L’ascension
reprend sérieusement à ce moment-là. La pente se raidit d’un coup à 7%, et
graduellement nous ajoute du pourcentage pour nous amener sur le deuxième
segment à plus de 10 (sur le profil ça montre 9.5, car sur les 3 kilomètres
très raides, il y a quelques atténuations, mais franchement il y a beaucoup de
passages très raides). Jusqu’à ce segment, j’arrive à conserver ma rotation et
mon rythme cardiaque dans les zones désirées, tout en discutant avec Obo. Par
contre, quand on rentre dans le dur, je suis bien forcé de fermer mon clapet et
de me concentrer sur mon pédalage. Obo en profite pour appeler Momo et lui
faire un compte-rendu de notre évolution jusqu’ici. J’ai bien envie de
l’insulter, et me rend compte avec plaisir que même si c’est dur, j’ai quand
même assez de force pour le faire.
Je tape un peu
dans les réserves durant ce passage, mais finalement je me sens plutôt pas mal
quand on en sort. À ce moment-là, la confiance est à son max. On a parcouru les
trois quarts du trajet, on a passé deux des segments les plus durs, et je me
sens plutôt bien. On reprend notre discussion avec Obo. Le paysage a bien
changé. Les arbres ont laissé place aux pâturages et champs de cailloux, la
vallée est loin en bas, et le soleil cogne tout ce qu’il peut. On en profite
pour prendre d’autres photos. Obo essaie de me choper avec le Mont Blanc
derrière, mais j’arrive systématiquement à le masquer avec ma grosse gueule ou
mon gros cul. Il finit par en obtenir une belle. De mon côté j’ai réussi à le
capturer dans une position particulièrement cocasse, mais il supprimera ce
magnifique cliché avant que je ne puisse le laisser ici pour la postérité.
Svelte et élégant |
Trapu... mais élégant aussi, non mais ! (et avec Mt Blanc) |
Petit à petit, on
se rapproche du sommet, et il ne reste déjà que 5 km quand on aperçoit au loin
le Col. Pour y accéder, on aperçoit les derniers lacets, et M. FDJ qui est déjà
en train de les emprunter. On entame ce fameux dernier segment bien raide et
celui-ci est particulièrement méchant de par sa topologie : on est perpendiculaire
aux derniers lacets qui semblent serpenter de façon bien raide, sur une longue
route qui semble ne pas monter mais qui est au-delà des 10%. Devant nous, une
demoiselle en VTC (équipé avec des roues de route) peine, mais on ne la
rattrape que très doucement. C’est vraiment le passage le plus dur pour moi. Il
fait très chaud, je sue à grosse gouttes, je dois appuyer très fort sur les
pédales avec mes jambes qui commencent à brûler bien fort, et je dois en même
temps chasser les taons qui ont décidé que c’était le bon moment pour
m’attaquer. Imaginez-vous dans une côte bien raide en train de vous mettre des
claques pour chasser ces maudits suceurs de sang, tout est essayant de
maintenir le vélo droit et en mouvement (vers l’avant de préférence).
Il est content !!! et moi je tire un peu la langue... |
On finit par
déposer la vétéciste. Ça fait du bien, car sa lenteur renforçait mon sentiment
de ne pas avancer. On entre enfin dans les derniers lacets, et ça aussi c’est
bon pour le moral. On se voit plus avancer quand on enchaine les virages. Je
suis surpris par le nombre de coureurs qu’on croise arrêtés sur le bord de la
route. Il ne reste quasi plus rien, mais ils sont obligés de s’arrêter. Ok,
tout le monde n’est pas aussi barré que moi à vouloir forcément tout grimper
sans pause, et certains n’ont pas forcément la condition pour le faire, mais
d’une certaine manière, ça réconforte. Le truc que je suis en train de faire
n’est pas anodin. C’est sûr qu’Obo n’est pas le modèle idéal pour se comparer.
Il est tellement facile que ça donne l’impression d’être une limace séchant sur
le bitume.
On arrive à la
borne du dernier kilomètre. Celui-ci est moins raide, enfin sur le papier, car
il n’est quand même pas à faire en roue libre. Obo propose qu’on se lâche pour
celui-ci. Je me dis qu’après tout, il est inutile d’en garder trop sous la
pédale à présent, et je lâche les chevaux avec lui. On arrive au sommet du Col
à fond les ballons, dépassant au passage un petit monsieur faisant partie d’une
équipe de cyclistes atteints de maladies cardio-vasculaire. Quelle fierté !
J’ai dépassé un cardiaque...
On l’a
fait ! On est en haut de la Madeleine. Je suis content, mais finalement
pas aussi euphorique que pour le Petit Saint Bernard. Je crois que je suis
moins surpris. J’avais fait le Petit Saint Bernard sur un coup de tête, me
décidant la veille. Là, j’avais préparé. Et puis en fait j’avais déjà conclu
que c’était bon un peu plus tôt. Mais bon, je suis super content quand même,
hein !
On doit attendre
un peu devant le petit monument des photos souvenirs car des motards se sont
aimablement garé là (merci les gars, on sent le respect entre deux roues) et
des gens qui sont montés en bagnole sont en train de se prendre en photo, tout
en s’auto-congratulant d’avoir réussi à la gravir aussi vite. Bon, c’est pas
méchant, mais ils prennent des plombes, et les cyclistes qui attendent
voudraient pouvoir redescendre. C’est fou le nombre de gens qui montent là en
bagnole (notamment en Porche d’ailleurs).
Supreme Victory !!! |
On finit par
prendre nos photos souvenirs, ainsi qu’à photographier un autre cycliste qui
nous a fait bien rire à rager sur les gens qui bloquent l’accès... ce qu’il
fera pour nous par après en mettant des plombes à se barrer.
Une fois les
photos prises, on enfile nos K-way et on se lance dans la descente !
Enfin, Obo se lance et moi je fais ce que je peux pour le suivre. Il faudra à
plusieurs reprises qu’il m’attende. Et oui, on a beau être pas dégueu en
descente de VTT, en route c’est une autre histoire. Déjà la position fait super
mal (entre les omoplates), mes freins sont un peu trop loin de mes petits
doigts (faut que je fasse régler) du coup j’ai des fourmis, et puis il y a une
technique à prendre. Au bout d’un moment je suis un peu mieux, mais il faut
quand même qu’Obo m’attende régulièrement.
La descente dure
une bonne demi-heure. Et pourtant on va très très vite. Je matérialise alors à
quel point c’est long. Quand on est dedans on montée, on se concentre sur son
effort, on profite du paysage quand c’est moins raide, on papote. Mais là, en
solo (car en descente tu papotes pas), à fond la caisse, enchainant les
virages, ça me semble super long (surtout que j’ai mal au dos). Mais genre
super long ! Et moi j’ai monté tout ça ! Et l’euphorie que je n’ai
pas eue en haut me vient maintenant. J’ai grimpé un col Hors Catégorie. Et
j’suis même pas totalement mort !
Une fois en bas,
on engloutit les 5 km qui nous séparent de la voiture. Enfin, Obo les engloutit
et moi je lui suce la roue. On essaie de maintenir l’espoir de choper le repas,
mais ce sera trop tard. À cause de l’heure perdue avant de partir. Pas parce
qu’on a trainé, ça non, car le temps d’ascension a bien été inférieur aux 2h30
préconisées par Obo. Apparemment le moi-même d’aujourd’hui a surpassé le
moi-même du passé, faisant à un rythme similaire un truc plus difficile. Et ça
c’est la classe !
Heureusement, nos
femmes nous ont préparé des assiettes froides, et la rando de l’après-midi sera
remplacée par jeux de société et pina colada. Pas mal non plus comme programme.
Voilà un nouveau
défi relevé. Trois jours plus tard, on repartira en route avec Obo pour un truc
un peu moins mythique, mais pas mal quand même : la montée de Valmorel.
Encore du Hors Catégorie, plus court mais plus raide : 15 km à 7% de
moyenne. Mes jambes se rappelleront de la Madeleine et feront un peu mal, mais
mon rythme cardiaque moyen perdra 10 pulsations par minutes. Du progrès ou de
la fatigue ? Quoiqu’il en soit, ça passera, sans excès, mais sans
encombre. De bon augure pour le vrai défi qu’un petit gamin de 10 ans s’était
lancé il y a presque 30 ans : un jour, je grimperai l’Alpe d’Huez !
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